KTB U-431



Patrouille du 07 au 22 Novembre 1942 : PG 30485, NHB, reel 1107, pp. 608-9
10 Novembre Méditerranée occidentale
Heure
Détails
Événements
02h43
Carreau CH 9247 en bas à droite
Plusieurs ombres apparaissent au relèvement 30° vrai. Un groupe composé de sept navires de guerre se dirigeant vers l'Ouest à vitesse moyenne. Il semble y avoir quatre destroyers et trois croiseurs. J'adopte d'abord une route parallèle, puis je m'efforce de me rapprocher (moteur électrique bâbord à la vitesse ¾ diesel tribord à demi-vitesse, ma vitesse maximale étant de 10 nœuds) (1). Bien que nous devions présenter une silhouette assez imposante pour l'escadre de navires de guerre, compte tenu de la forte phosphorescence de la mer, nous passons inaperçus. J'estime que la vitesse de l'escadre dépasse la mienne d'environ 5 nœuds.
03h52
 
Je me retourne pour tirer.
03h54
 
Une gerbe a été tirée sur la plus grande unité stationnée sur le quart bâbord de l'escadre (2). Au moment même du tir, la proue d'un destroyer plus éloigné émerge de derrière celle d'un croiseur (3). Profondeur 2 mètres, vitesse de l'ennemi 15 nœuds, inclinaison rouge [c'est-à-dire bâbord] 80° (4). La progression de la gerbe peut être facilement suivie grâce à la phosphorescence de la mer. Cela fonctionne bien. On entend des coups au but après 3min 25sec, soit 3100 mètres (5). Le croiseur est projeté dans les airs dans un immense brasier. Un nuage de fumée et de flammes en forme de champignon d'une taille stupéfiante s'élève dans le ciel.
Je me dirige vers l'Est et ensuite derrière l'escadre vers le Nord-Est. Comme nous nous retirons sur ce Nord-Est, à droite du grand nuage de fumée et de flammes provenant de l'explosion du navire, un autre grand nuage de champignons de plusieurs centaines de mètres de haut apparaît, à la base duquel une ombre est visible, parfois accompagnée d'une série d'ombres. Ce phénomène s'est produit à 500-1000 mètres au Nord-Ouest de l'endroit où le navire a coulé.
Comme plusieurs destroyers sont en train de s'approcher, je me retire encore plus, ce qui signifie que je n'observe aucun développement ultérieur. Beaucoup de trafic morse échangé entre les différents navires du groupe mais pas de contre-attaque.
Je suppose que le premier navire que nous avons touché était un croiseur de la classe "Leander". Je pense avoir vu que la cheminée assez large (un peu comme celle du "Leipzig") était plus haute que le pont (6). La deuxième unité que nous avons touchée était probablement un destroyer.
04h00
Carreau CH 9247 bord droit
Vent de Nord-Est force 2-3
Presque couvert
Mer force 2
1029 mb
Mer phosphorescente
 
04h30
 
Alors que nous nous éloignons, le bateau est soudainement secoué par une puissante explosion sous-marine. Le quart à la passerelle ne voit aucun phénomène visuel qui pourrait l'expliquer. Vraisemblablement, les charges de profondeur du destroyer que nous avons touché se sont déclenchées alors qu'il coulait. L'escadre de navires de guerre est maintenant hors de vue, vu pour la dernière fois au cap 285 ° vrai.
05h04
 
Transmission W/T sortante 0354/10/567: Carreau CH 9247. Gerbe tirée sur un groupe de navires de guerre légers. Parcours 300 °, 15 nœuds. Trois détonations, une unité a explosé, une autre dégageant d'importants nuages de fumée (7).


1) Dommes avait déjà signalé des problèmes d'embrayage avec le moteur diesel de bâbord et fut obligé d'utiliser le moteur électrique à la place. Cela a non seulement réduit la vitesse maximale de l'U-431 mais a également limité sa capacité à plonger.
2) On ne sait pas quel navire était visé ici.
3) H.M.S. Martin.
4) Le survivant le plus gradé du H.M.S. Martin, le Lt Kavanagh, se souvient d'une vitesse de 16 nœuds, mais voir note n°5.
5) Trois impacts sur une série de quatre tirés par le I.WO de l'U-431, le Lt.z.S. Friedrich Weidner. Ce résultat remarquable à une telle distance démontre la l'exactitude des calculs de Weidner et de Dommes concernant les variables clés que sont l'inclinaison et la vitesse (80 degrés et 15 nœuds respectivement). En effet, leur évaluation de la vitesse du Martin a pu être plus précise que les 16 nœuds évoqués par le Lt Kavanagh lui-même. Avec une telle précision, la sous-estimation de la portée de près de 1 000 mètres a en fait joué en faveur de l'U-431, puisque la gerbe a atteint Martin bien avant qu'elle ne se soit dispersée comme prévu au point d'intersection calculé, permettant ainsi à trois torpilles d'être lancées d'atteindre la cible.
6) L'absence de détails sur la composition de l'escorte ne permet pas de savoir à quel croiseur Dommes fait référence ici; aucun n'a été torpillé à ce stade. Les seuls croiseurs à une seule cheminée de la Royal Navy appartenaient à la classe "Leander" de 7 200 tonnes mais aucun n'était présent à cette occasion. Le croiseur léger Leipzig, avec une cheminée tronquée similaire à celui des "Leanders", et déplacé 6619 tonnes.
7) Dommes a observé plus tard que l'ennemi suivait un cap plus au Sud que celui indiqué dans cette entrée, et en effet le Lt Kavanagh a enregistré que le Martin gouvernait à 270° à ce moment-là.

Libre traduction par l'auteur du site des pages 286 et 287 de l'ouvrage "U-Boat Attack Logs" de Daniel Morgan & Bruce Taylor chez Seaforth Publishing.

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