KTB U-432



Patrouille du 11 Octobre au 02 Novembre 1941 : PG 30486, NHB, reel 11108, pp. 3-4
17 Octobre
Heure
Détails
Événements
00h00
Ouest de l'Irlande
Carreau AL 1991
Vent d'Ouest-Sud-Ouest force 4
Mer force 3-4
Temps couvert
996 mb
+11°C [52°F]
 
00h10
 
Obus éclairants et détonations dans l'ensemble de l'horizon Nord du Ouest-Nord-Est à l'Est-Nord-Est (1). Bien sûr nous modifions notre route pour intercepter ce que nous présumons être le groupe le plus à l'Est.
01h30
 
Dans l'Est, détonation d'une torpille sur un pétrolier (2). Panache de fumée visible dans le ciel pendant une longue période. Nous modifions notre route en conséquence.
02h10
 
Ombre du convoi en vue.
02h30
 
Un retardataire derrière le convoi est torpillé par un autre bateau alors que nous sommes sur le point de lancer une attaque contre lui (3). Nous contournons les deux destroyers de bâbord et nous allons nous positionner entre le premier destroyer (un américain de Type quatre-cheminées) et le convoi proprement dit (4). Ce convoi est constitué d'une dizaine de colonnes, chacune de quatre à cinq bâtiments. La distance entre les différentes colonnes ne semble pas être très logique.
Route générale vers l'Est.
03h32
 
Nous faisons route vers l'avant du convoi pour l'attaquer, pénétrant les deux colonnes de milieu.
03h43
 
Torpille tirée du Tube I sur le vapeur dans la colonne suivante plus au Sud. 6000 tonnes.
Inclinaison 90°, vitesse de l'ennemi 7 nœuds, distance 2000 mètres, profondeur 3 mètres (5).
03h44
 
Double salve des Tubes III et II sur un second vapeur dans la colonne immédiatement située dans mon Sud. Inclinaison 90°, vitesse de l'ennemi 7 nœuds, distance 400 mètres. 6-7000 tonnes.
03h46
 
Torpille tirée du Tube V sur le troisième et quatrième bâtiment de la colonne immédiatement située au Nord. Comme la distance pour le tir initial est trop proche après les tirs des tubes d'étrave, je me retire légèrement vers le Sud. 7000 tonnes, cinq cales, quatre mâts de charge. Inclinaison 90°, vitesse de l'ennemi 7 nœuds, distance 8000 mètres, profondeur 3 mètres.
 
6000 tonnes
Le premier bateau à vapeur visé est touché après 2min 30sec. Coule à l'arrière en premier après quelques minutes.
Raté de la double salve. Compte tenu de la très courte distance (env. 500 mètres), l'angle de gyro programmé n'a pas probablement pu prendre effet ainsi l'inclination entrée était d'environ 30° trop grande.
 
7000 tonnes
Le tir du Tube arrière atteint son but au milieu du bateau après 1min 20sec. Le vapeur se casse en deux et coule immédiatement.
 
5000 tonnes ??
25sec après notre première torpille frappe (ou 2min 55sec après que cette torpille a été tirée), il y a une détonation contre un vapeur dans la colonne au-delà de celle que nous avons d'abord attaquée. J'ai considéré initialement que c'était un coup au but obtenu par un autre bateau parce que ma double salve a manqué incontestablement la cible visée. Donc aucune observation de plus faite et aucune mention de cela dans ma transmission W/T signalant nos succès. Mais l'évaluation ultérieure des données des torpilles nous mène à conclure qu'une des anguilles de notre double salve a probablement continué et à frappé cet autre navire 'accidentellement' (6). Si c'est réellement notre coup ou celui d'un autre bateau il devrait être assez facile de l'établir au retour à la base (7). Après notre coup par le Tube arrière nous avançons à travers les colonnes avant d'aligner un pétrolier à l'arrière d'une colonne centrale dont la grande taille (12000 tonnes) attire notre attention.
04h00
Pétrolier de 12000 tonnes (8)
Torpille tirée du Tube IV. Inclinaison 90°, vitesse de l'ennemi 7 nœuds, distance 600 mètres, profondeur 3 mètres.
Après un temps de fonctionnement de 41sec, un coup au but sur l'arrière de la chambre des machines. Le pétrolier brûle pendant un court moment jusqu'à ce qu'il s'enfonce par l'arrière jusqu'au bastingage.
Plus torpille aux tubes.
Nous nous arrêtons près du pétrolier (qui est toujours à flot) et rechargeons le Tube II malgré les difficultés considérables provoquées par la forte houle.
04h48
 
Coup-de-grâce, tiré du Tube II (profondeur réglée à 4 mètres), durée 31 sec, un coup au milieu du navire sous le pont. Alors un énorme rideau de flammes et un feu de courte durée à bord. Le pétrolier chavire et coule immédiatement à part la proue qui reste debout en position verticale 20 mètres au-dessus de la surface. Cela semble inutile d'utiliser une autre torpille sur cette épave, mais également avec cette mer nous ne pouvons pas utiliser le canon efficacement donc nous quittons la scène et nous nous lançons à la poursuite du convoi encore une fois.
05h30
 
Alors qu'enveloppé dans un banc très sombre de nuages nous nous trouvons subitement directement en présence d'un destroyer arrêté qui guette évidemment les U-Boote avec ses hydrophones. Il me poursuit à grande vitesse. Aucune chance de s'en débarrasser donc je sonne l'alerte pour une plongée d'urgence avec l'ennemi juste à 250-300 mètres (9). Nous plongeons aussi profondément que nous pouvons. À T = 45 [m] alors que les premières charges de profondeur arrivent (10). Elles provoquent des dégâts considérables : barres de plongée, gouvernail et moteurs électriques tous sont hors de combat, et toutes les jauges de profondeur dans le central fonctionnent mal. Les problèmes sont traités rapidement et efficacement, mais pas avant que le bateau ne soit allé très profond avec une forte assiette négative. Nous chassons aux ballasts et battons en arrière jusqu'à T = 70 [m] (11). Nous nous enfuyons à la vitesse silencieuse. Les charges de profondeur deviennent graduellement plus faibles.
07h30
 
Alors que le bateau arrive à 20 mètres et s'apprête à faire surface nous rencontrons de nouveau de très lourdes réverbérations acoustiques dues à des charges de profondeur (12). Nous avons évidemment été localisés par le groupe de chasse. Cela est dû à notre marche à grande vitesse et à cause de la mise en route de la pompe de cale avant de faire surface ou (comme il le deviendra apparent plus tard) à cause d'une nappe de gasoil révélatrice. Heureusement j'arrive à 70 mètres et réussis ensuite progressivement à échapper à mes poursuivants. Des nouvelles attaques aux charges de profondeur sont entendues toute la matinée mais elles sont toutes à longue distance.
13h00
 
Surface.
 
 
18 Octobre
01h30
 
Transmission sortante au B.d.U. : Dans le carreau AL 2755. 3 bâtiments coulés d'un convoi pour 25000 GRT, y compris un pétrolier de 12 000. Poursuite prolongée avec des charges de profondeur. Junkers hors de combat (13). Compresseurs électriques en partie fonctionnels, accouplement ligne d'arbre bâbord en utilisation limitée. 2 fuites dans les soutes extérieures de gasoil. Toujours 6 E-torpilles (14). En chasse à 11 nœuds.


1) Cohérent avec l'attaque de Thurmann à 00h07 (peut-être sur le Gladiolus ; voir 'U-553 : pro et contra') et la réponse du H.M.C.S. Baddecks avec des obus éclairants ; voir l'entrée de 00h00-00h07 dans l'extrait de journal de l'U-553 et note n°6.
2) Cela correspond à l'attaque réussie de Krech sur le pétrolier S.S. W. C. Teagle ; voir les entrées 01h31 et 01h35 dans l'extrait du journal de bord de l'U-558.
3) Peut être assimilé à l'attaque réussie de Krech sur le cargo S.S. Rym bien que Schultze enregistre cet incident six semaines plus tard ; voir les entrées 01h49 et 02h14 dans l'extrait du journal de bord de l'U-558.
4) Ce dernier destroyer devait vraisemblablement être le H.M.C.S. Columbia ou le H.M.S. Broadwater, deux anciens flushdeckers de l'US Navy.
5) L'identité de ce navire et de ceux qui ont été visés par les attaques ultérieures de Schultze contre les navires 03h44 et 03h46 n'est pas claire.
6) Le terme 'Eels' (allemand = Aale) désigne les torpilles dans l'argot des sous-marins.
7) Comme Schultze l'observe, son rapport W/T au B.d.U. à 01h30 le 18 ne fait aucune référence à cette déduction ex post facto, et il n'est pas précisé quand cette 'évaluation ultérieure' a eu lieu. On peut supposer que le réexamen par Schultze de ses propres données et angles de tir, ainsi que l'absence de toute attaque signalée par un autre bateau au cours des deux jours suivants, l'ont conforté dans sa décision de présenter une demande de suivi.
8) Le pétrolier norvégien S.S. Barfonn, 9 739 GRT, 14 800 tonnes de port en lourd.
9) Les sources alliées n'indiquent pas clairement quelle escorte était responsable de ces attaques.
10) Par 'T = 45 [m]', Schultze semble enregistrer un plongeon de 185 mètres (605 pieds).
11) Possiblement 210 mètres (690 pieds) ; voir note n° 10 ci-dessus.
12) Lancées par le H.M.S. Broadwater. Les charges de profondeur plus tard ont probablement été larguées par le H.M.S. Abelia.
13) Le terme 'Junkers' fait référence aux compresseurs d'air du bateau.
14) Krech fait ici référence à la torpille G7e.
⇒Passage du KTB qui n'a aucune incidence sur le récit.

Libre traduction par l'auteur du site des pages 133, 134 et 135 de l'ouvrage "U-Boat Attack Logs" de Daniel Morgan & Bruce Taylor chez Seaforth Publishing.

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