KTB U-578



Patrouille du 03 Février au 25 Mars 1942 : PG 30613, NHB, reel 11124, pp. 660-1
28 Février
Heure
Détails
Événements
08h00
Carreau CA 5456
 
08h10
 
Un navire à vapeur très éclairé s'approche à l'avant bâbord et fait route vers le Nord. Un navire suédois, probablement le Gullmaren ? (1). Je me tiens bien à l'écart.
Cap à 180°.
09h00
 
Un navire occulté en vue à l'avant tribord qui suit un cap plus ou moins réciproque au notre. Nous nous tournons vers une voie parallèle.
10h29
 
Aux postes de combat. J'avance pour effectuer une attaque de surface. Nous avons une position favorable avec pour toile de fond un horizon sombre à l'Est. La lune est largement obscurcie par des nuages légers une heure avant son coucher. La lumière est bonne mais un peu floue. Tubes I, III et V prêts à tirer.
Je me forme progressivement l'impression d'une silhouette de croiseur typique (2). L'inclinaison reste trop fine pour que l'on puisse en distinguer les détails.
10h50
 
Je change de cap au 230° pour attaquer avec deux torpilles, à une profondeur de 3 mètres selon l'évaluation de la cible. J'ai avancé l'attaque parce qu'il fera jour dans deux heures et que je veux me retirer en temps voulu dans des eaux plus profondes. Nous sommes maintenant très proches à la suite d'une légère surestimation de l'inclinaison de l'ennemi.
Il est maintenant essentiel que je maintienne la courbe de poursuite à une vitesse très lente. Mais elle joue en notre faveur. Il est remarquable que l'ennemi ne nous ait pas repérés malgré notre position favorable.
10h57
Carreau CA 5458
Vent de Nord-Ouest force 3
Mer force 3
Presque couvert
La lune apparaît occasionnellement entre les nuages
Visibilité assez bonne
Pas tout à fait clair


Sombre une fois que la lune s'est couchée
Bonne visibilité
Gerbe de deux torpilles sur la trajectoire d'attaque 240° (3). Après le tir, j'ordonne aux deux moteurs d'avancer à la vitesse maximale et à bâbord toute. Des doutes surgissent avant le tir et une fois que les torpilles sont en marche pour savoir s'il s'agit vraiment d'un croiseur. La lumière plutôt floue qui nous entoure rend difficile l'identification des détails, de sorte que ceux-ci ne peuvent être compris qu'à mesure que l'inclinaison s'élargit. L'officier torpilleur croit sans aucun doute qu'il s'agit d'un destroyer, en particulier les cheminées, bien que ce soit également une caractéristique de la classe "Concord" (4). On peut clairement distinguer quatre cheminées. Le Brückenmaat est convaincu que c'est un croiseur d'après sa silhouette, sa taille et ses canons (5). Mon impression de la silhouette et des dimensions d'un croiseur reste inchangée, bien que je n'aie pas pu me concentrer sur les détails dans les dernières minutes en raison de considérations de manœuvre.
Après un temps de fonctionnement de 34 secondes, un coup au but est porté à peu près au milieu du navire. Une puissante explosion suit immédiatement, un épais nuage de fumée noire et huileuse nous accompagne, nous aspergeant de suie grasse.
Il est immédiatement suivi d'un second coup au but juste à la poupe qui déclenche à son tour une série de neuf explosions très puissantes. Il s'agit vraisemblablement de charges de profondeur ou de mines, qui ont un effet puissant sur notre bateau et qui provoquent un certain nombre de pannes électriques. Nous sommes contraints de nous retirer à travers un nuage de fumée. Dès que celui-ci s'est dissipé, nous voyons de petits morceaux d'épave qui brûlent encore. Nous nous retirons, cap à 120°, à ¾ de vitesse puis à mi-vitesse.
Les doutes persistent. Il est évident que nous aurions aimé couler un croiseur et le fait que la torpille ait fonctionné avec des réglages de profondeur de 3 mètres semble le confirmer. D'après notre Weyher [Sic], les destroyers à cheminées ont un tirant d'eau maximum de 2,8 mètres (6). D'autre part, la portée et l'angle de déploiement suggèrent un destroyer. La course des torpilles a été chronométrée à 57/100, c'est pourquoi j'ai d'abord indiqué 57sec. de temps de fonctionnement (7). Cela équivaut à une portée de près de 900 mètres, ce qui a renforcé mon point de vue initial.
Cependant, le temps de fonctionnement n'était en fait que de 34 secondes. - soit environ 500 mètres - ce qui compte finalement plus que n'importe quel simple rêve (8).
12h00
Carreau CA 5494
Distance parcourue dans la journée : surface 85 nautiques, en plongée 24 nautiques.
12h36
 
Deux détonations lointaines.
13h05
 
L'aube se lève. Nous plongeons pour continuer en plongée.


1) Un cargo de 3397 GRT.
2) La confusion est due à la similitude des proportions et de la disposition entre les croiseurs de la classe "Omaha" (7 050 tonnes, 556 pieds) et les destroyers de la classe "Wickes" (1 090 tonnes, 314 pieds). Bien que de tailles très différentes, chaque classe partageait la même caractéristique, à savoir quatre cheminées disposées par paires. Voir l'entrée pour 10h57 et les notes 4, 6 et 8 pour plus d'informations à ce sujet.
3) La gerbe de torpilles a été tirée par le premier officier de garde de l'U-578, le Lt.z.S. Raimund Tiesler.
4) L'U.S.S. "Concord" était une unité des croiseurs légers de la classe Omaha (voir n. 2). L'officier torpilleur était le Lt.z.S. Tiesler.
5) Le Brückenmaat était le plus haut gradé du quart à la passerelle, composé de quatre personnes.
6) Rehwinkel fait référence au manuel de reconnaissance des navires de guerre 'Weyer' dont tous les U-Boote étaient équipés. Il ne tient peut-être pas compte du fait que le "Jacob Jones" était à pleine charge et que ses réservoirs étaient pleins à ras bord lors de son départ de New York l'après-midi précédent.
7) "57/ 100" désigne 57% d'une minute (c'est-à-dire 34 secondes), ce que Rehwinkel a initialement interprété à tort comme étant 57 secondes.
8) En d'autres termes, Rehwinkel et son chef de quart à la passerelle pensaient voir un plus gros navire plus loin, mais le temps de parcours beaucoup plus court de 34 secondes a confirmé l'affirmation du Lt.z.S. Tiesler selon laquelle la cible était en fait un destroyer à plus courte portée. Comme cela a été prouvé.

Libre traduction par l'auteur du site des pages de l'ouvrage "U-Boat Attack Logs" de Daniel Morgan & Bruce Taylor chez Seaforth Publishing.

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