KTB U-652



Patrouille du 18 au 31 Mars 1942 : PG 30682, NHB, reel 1133, pp. 597-8
20 Mars
Heure
Détails
Événements
06h20-07h53
Carreau CO 9138
Plongée d'alarme due à un avion.
10h00
Carreau CO 6795
Mer lisse comme un miroir avec une brise montante pendant l'attaque
Deux panaches de fumée en vue sur le travers tribord, puis six mâts apparaissent, naviguant en ligne de front et assez loin les uns des autres. Je suis obligé de plonger immédiatement car leur approche est rapide et je suis juste devant eux. À travers le périscope, je les identifie comme un groupe de reconnaissance pur et simple, avec deux destroyers modernes qui avancent au centre, flanqués d'escortes de classe "V & W" de chaque côté, ainsi que autres types plus petits (1) Ils semblent réduire quelque peu la vitesse avant d'atteindre ma position.
10h57
Carreau CO 6795
Une gerbe de quatre torpilles tirée sur un destroyer de classe "Jervis" (j'arrive à me placer entre les deux de taille moyenne) avec deux affûts de canon, une seule cheminée et la lettre Fritz avec des chiffres peints sur les côtés de son étrave (voir Wehyer [sic]) (2).
Données de tir : profondeur de la torpille 1 mètre, portée 1000 mètres, vitesse de l'ennemi 12 nœuds (3), inclinaison 90°, angle de tir 280°. Nous entendons un coup au but (confirmé par l'observation de l'avion (4)) après un temps de fonctionnement de 107sec. (l600 mètres). Il est suivi de la poursuite sonore habituelle. Les premières charges de profondeur ne sont pas très bien ciblées, mais par la suite nous sommes dépassés plusieurs fois avec une bonne précision, mais sans dommage. Notre profondeur varie entre 150 mètres et 170 mètres.
Au total, 79 charges de profondeur sont larguées en six heures. Au début, il semble y avoir trois escortes agissant à l'unisson, puis deux. Au début, il est donc inutile d'entreprendre des manœuvres d'évasion depuis notre position profonde - l'une de ces escortes s'est toujours limitée à la détection sonore et aurait immédiatement détecté tout mouvement de notre part. Les escortes sont positionnées à 240°, 120° et 20° par rapport au bateau, puis deux seulement positionnés sur des côtés exactement opposés à environ 10° et 200°. J'ai également réussi à laisser ces deux-là en arrière une fois que la troisième escorte semble s'être éloignée. Ce qui est nouveau pour nous, c'est les bruits sourds et graveleux - mentionnés dans le Manuel du commandant mais rayés à nouveau - qui sont assez prononcés, comme le son des impulsions d'une sorte d'élément d'échosondeur (pas d'intervalles fixes) (5). Les hélices de l'ennemi sont extrêmement puissantes dans de bonnes conditions d'hydrophone, à tel point que celles d'une seule escorte prennent souvent toute l'ampleur, empêchant d'entendre celles des autres escortes (bien que ces deux dernières soient en cours de route). Une observation qui nous paraît particulière : les bruits d'une hélice, entendus à fort volume, sont restés fixes pendant plusieurs minutes à un cap relatif de 200° donnant l'impression d'un appareil de sondage au-dessus de nous que nous tournons nous-mêmes en rond. Mais s'il s'agit du bruit d'une hélice, il se serait atténué à mesure que l'ennemi s'éloignait au même relèvement, ou se serait affaibli d'un côté lorsque l'ennemi nous aurait dépassés. Mais c'était comme si le bruit s'était éteint tout d'un coup.
17h00
 
La poursuite à l'échosondeur est apparemment abandonnée. Le bateau n'a subi aucun dommage et a bien résisté tant que nous sommes restés en profondeur. Une petite quantité d'eau a pénétré, mais elle a été évacuée par la pompe de cale principale chaque fois qu'un ensemble de charges de profondeur a été largué. Le gyroscope n'a pas été éteint. L'ennemi suit une trajectoire de repli général vers le Nord.
12h00 (6)
 
Distance parcourue dans la journée : 234 nautiques en surface, 18 nautique en plongée = 252 nautiques.
19h29
 
Surface.
Annexe au journal de guerre de l'U-652 : PG 30682, NHB, reel 1133, p. 603
20 Mars
20h31
 
1931/20/559 : Carreau [CO] 6795 à 10h54 attaqua un groupe d'escorte de six unités s'approchant par l'Est (1). Le tir sur le destroyer de classe "Jervis" (identifié par Fritz(2) et les supports de canons jumeaux) est clairement entendu. 79 charges de profondeur en six heures. Bateau en bon état. Recul temporaire. Signal 541 manquant.

Fraatz


1) L'escorte était en fait composée de sept destroyers d'escorte de classe "Hunt" (Type II). Du point de vue du périscope de Fraatz (de bâbord à tribord), il s'agit des H.M.S. "Dulverton", "Hurworth", "Southwold", "Eridge", "Heythrop", "Avon Vale" et "Beaufort".
2) L'identification par Fraatz du numéro d'étrave de sa cible commençant par un "F" (Fritz dans les communications radio allemandes) est intéressante car aucun des destroyers présents ne portait cette lettre. On peut supposer que dans le feu de l'action, Fraatz a mal interprété le numéro d'étrave du "Heythrop" - L85 - comme commençant par "F", ce qui est compréhensible étant donné que les deux premiers éléments étaient "L8", facilement confondus visuellement avec un "F" puisque la cible était observée à un angle assez aigu. L'identification supplémentaire du navire en question comme étant un destroyer de classe "J" suggère qu'après avoir consulté le manuel de reconnaissance des navires de Weyer, il a supposé qu'il s'agissait du H.M.S. "Jupiter", numéro d'étrave F85 (le "Jupiter" avait été perdu sur une mine japonaise au large de Java trois semaines auparavant). En tout état de cause, ces détails confirmeraient que le "Heythrop" était bien la cible initiale de Fraatz.
3) Le rapport du Lt Cdr Stafford indique clairement que le "Heythrop" faisait en fait 14 nœuds, ce qui explique sans aucun doute à la fois la sous-estimation de Fraatz de la portée et le fait qu'il n'a marqué qu'un seul coup au but.
4) Le "Heythrop" et ses escortes ont été attaqués par deux bombardiers S.M.79 italiens cinq heures après l'attaque de l'U-652.
5) Fraatz décrit l'Asdic qui était bien connu des Allemands à ce stade de la guerre. Il en est question en détail dans l'édition de 1942 du Handbuch für U-Boot-Kommandanten auquel Fraatz fait référence.
6) La rupture de la séquence chronologique reflète ici l'original.

Libre traduction par l'auteur du site des pages 217 et 218 de l'ouvrage "U-Boat Attack Logs" de Daniel Morgan & Bruce Taylor chez Seaforth Publishing.

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