KTB U-755



Patrouille du 04 Août au 06 Octobre 1942 : PG 30880, NHB, reel 1138, pp. 383-4
09 Septembre
Heure
Détails
Événements
12h00
Carreau AJ 9728
Vent de Nord-Ouest de force 5
Mer force 2
Nuages 8/10
1018 mb
+ 11,5°C [53°]
Distance parcourue dans la journée : 138 nautiques en surface, 0 nautique en plongée.
12h36-13h20
 
Plongée d'essai.
14h25
 
Le quart à la passerelle signale la pointe d'un mât émergeant d'un grain au relèvement de 50° vrai. Le temps que j'atteigne le pont, les mâts sont déjà bien visibles à l'horizon. Il n'est plus possible d'avancer en surface. Je décide donc d'attaquer immédiatement et de donner l'alerte. Au début, nous ne pouvons rien voir après avoir plongé à cause de la houle de l'Atlantique. L'opérateur de l'hydrophone continue à signaler qu'il entend des bruits d'hélice au relèvement du navire de 180°. Il entend également des impulsions de type Asdic qui ressemblent apparemment à des gouttes d'eau tombant sur une plaque chauffante. Je fais donc un cap de 50° et à 14h54 je rétablis le contact visuel, inclinaison 0°. L'approche du navire dans mon sillage et le fait que l'inclinaison de 0° reste constante m'amène à conclure qu'il nous a captés par hydrophone en surface et qu'il tente maintenant d'obtenir un repère sous-marin. Je me retire au 140° pour prendre de la distance par rapport à son travers, puis je change de cap pour suivre une route parallèle de 230°. Il est extrêmement difficile de maintenir le bateau stable dans la forte houle et ce n'est que plus tard que je peux distinguer les caractéristiques du navire. C'est un cargo à vapeur avec des ponts de passagers. Sur son gaillard d'avant il a deux canons de 10,5 cm (1). À l'avant du pont, à bâbord et à tribord, se trouve une sorte de plate-forme de projecteurs sur laquelle sont montés des canons anti-aériens. Je n'arrive pas à déterminer le nombre de canons à l'arrière. Quand il coule plus tard, je vois alors qu'il a deux autres canons de 10,5 cm à l'arrière (1). Le navire a une peinture de camouflage (mimétisme). Il est clair pour moi que nous sommes face à un navire auxiliaire de la marine qui est vraisemblablement positionné ici pour remplir les rôles combinés de croiseur marchand armé, de chasseur de U-Boot et de navire d'observation météorologique (2).
15h10
 
À 15h10, je passe à un cap d'attaque de 320° - les impulsions de l'Asdic se sont arrêtées - et à 15h16, nous tirons une gerbe de trois torpilles à une distance de 800mètres.
15h16
Carreau AJ 9727
Vent de Nord-Ouest de force 3
Houle de gravité moyenne
Nuages 5/10
1020 mb
+ 12°C [54°F]
Le bateau plonge complètement sous la surface une fois que nous avons tiré notre gerbe. Après 50 secondes, nous entendons deux contacts et deux détonations (3). Au moment où le périscope réapparaît, on ne voit plus que la poupe du bateau à vapeur. Le bateau plonge alors à nouveau sous la surface. À ce moment-là, deux puissantes détonations se produisent à 30 secondes d'intervalle. La première est probablement l'explosion d'une chaudière, après quoi on entend le bruit des cloisons qui s'effondrent. La deuxième détonation est celle de ses charges de profondeur armées. Cela a quelques répercussions mineures pour nous dans le bateau. Lorsque l'assiette est rétablie, il n'y a plus rien à voir du paquebot, ni aucune trace de lui.
15h55
 
À 15h55, je fais surface et je m'approche de la scène du naufrage. Il n'y a pas grand chose qui flotte. Trois hommes ont cherché refuge dans un canot pneumatique. Certains membres de l'équipage luttent pour leur vie dans l'eau. Il n'y a pratiquement aucune épave à laquelle s'accrocher.
16h00
Carreau AJ 9727
Vent de Nord-Ouest de force 3
Mer force 2-3
Nuages 5/10
1020 mb
+12°C [54°F]
 
16h27
 
À 16h27, je remonte le bateau et recommence à faire des balayages de patrouille.
20h00
Carreau AJ 9728
Vent de Nord-Ouest de force 4
Mer force 3
Nuages 8/10
1021 mb
+12°C [54°F]
 
21h04
 
À 21h04, notre bateau est de nouveau sur les lieux du naufrage. Il y a maintenant une gigantesque nappe de pétrole qui s'étend sur plusieurs kilomètres. Après de nombreuses recherches, je tombe sur deux canots pneumatiques attachés ensemble, contenant huit survivants. Deux hommes blancs seulement, les autres étant des nègres ou des métis. Ils portent tous le même type de combinaisons avec des gilets de sauvetage intégrés. Pour se couvrir la tête, ils portent une sorte de casque de voiture (4). Les uniformes montrent clairement qu'il s'agit d'hommes d'équipage (5). Nous procédons à une tentative d'interrogatoire assez désespérée - ils essaient tous de répondre en même temps et se renvoient la balle - qui m'apprend seulement qu'il s'agissait d'un navire américain qui semble s'être appelé "Muskogee", "Mukilted" ou quelque chose comme ça. À la question sur le tonnage, les réponses allaient de 7000 à 3000 GRT. J'aurais estimé 3000 GRT (6).
22h04
 
À 22h04 je me remets en position.
24h00
Carreau AJ 9489
Vent d'Ouest-Nord-Ouest de force 2-3
Mer force 2Nuages 3/10
1024 mb
+11°C[52°F]
Göing


1) D'après les sources disponibles, l'armement du Muskeget se limitait à un canon de 4 et 3 pouces et à quatre canons antiaériens de 20mm. La disposition exacte de l'armement les plus importantes n'est pas claire, mais Göing a raison d'identifier deux de ces derniers canons montés sur la structure du pont.
2) Seule la dernière de ces hypothèses est correcte.
3) La durée de fonctionnement équivaut à une portée au point d'intersection d'environ 750 mètres.
4) La description de leur couvre-chef suggère que ces hommes faisaient peut-être partie d'une équipe de canonniers.
5) Göing utilise ici le mot Soldaten, littéralement "soldats" mais en argot de la Kriegsmarine pour ses hommes d'équipage.
6) Le Muskeget était en fait de 1827 GRT.

Libre traduction par l'auteur du site des pages 236 et 264 de l'ouvrage "U-Boat Attack Logs" de Daniel Morgan & Bruce Taylor chez Seaforth Publishing.

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