Attaque du H.M.S. "Martin" par l'U-431



Attaque du H.M.S. Martin par l'U-431
L'attaque du U-431 sur le H.M.S. "Martin", le 10 Novembre 1942.
Les trajectoires des torpilles sont représentées à partir de leurs points de calcul trigonométrique
au 'Zentrale' plutôt qu'à partir du point de lancement dans les tubes d'étrave.
Comme l'U-Boot est étroitement aligné avec la ligne de tir, seul un ajustement minimal de la parallaxe est nécessaire.


- L'attaque

Pour comprendre comment ces données s'assemblent, considérons l'attaque de l'U-431 (Kptlt Wilhelm Dommes) sur le H.M.S. "Martin" en Méditerranée occidentale dans la nuit du 10 Novembre 1942. Le rapport de torpille de Dommess fournit les données clés entrées dans le Vorhaltrechner :

- l'inclinaison relative de la cible (y, gamma) : rouge 80° ('rouge' signifie que la cible montre son côté bâbord).
- la distance de la cible (E/'Emil' - Entfernung) : 40 hectomètres (= 4.000 mètres) (1).
- le relèvement de la cible (ω, omega) : 27,2° (non indiqué sur le graphique ci-dessus).
- vitesse de la cible ( v g       ) : 15 nœuds.
- vitesse de la torpille ( v t       ) : 30 nœuds (c'est-à-dire le G7a réglé pour sa course maximale de 12500 mètres).
- angle de dispersion (ψ, psi) : 1,8°.

- Parmi les principales données nécessaires à ce calcul, le relèvement de la cible et la vitesse de la torpille étaient des données connues qui pouvaient être déterminées avec une grande précision, tandis que la vitesse de la cible et l'inclinaison relative devaient être évaluées au mieux par le commandant (ou l'officier torpilleur). L'agrégation de toutes ces données permet au Vorhaltrechner de calculer un angle de visée des torpilles (β, beta) de 29,4°, ce qui donne un angle d'intersection (α, alpha) de 70,6°. À 03h54, heure allemande, l'U-431 tire une gerbe de quatre torpilles G7a qui atteignent trois fois le "Martin" à une distance de 3100 mètres. L'illustration trigonométrique de l'attaque est fournie ci-dessus.
- Bien que la distance n'ait joué aucun rôle dans le calcul trigonométrique puisque l'angle de visée restait inchangé tant que la cible maintenait à la fois sa route et sa vitesse, une valeur pour la distance était néanmoins entrée dans le Vorhaltrechner. Il y avait trois raisons à cela. Premièrement, la portée au point d'intersection était un calcul important en soi en raison de l'étendue limitée d'un tir de torpilles; à l'évidence, aucun tir ne pouvait être tiré si le point d'intersection était calculé comme étant au-delà de la portée de la torpille. Deuxièmement, le Vorhaltrechner avait besoin d'informations sur la distance pour calculer l'angle de dispersion des torpilles tirées en gerbe. Troisièmement et le plus important, l'ordinateur devait effectuer le réglage de parallaxe nécessaire étant donné que le triangle trigonométrique de l'attaque n'était pas 'pur'. Tout comme le positionnement des tourelles de canon le long de la coque d'un navire donnait à chacun une perspective légèrement différente de la cible par rapport au navire qui tire, il en va de même pour les torpilles tirées de la proue ou de la poupe, à une distance dans les bateaux de type VII d'environ 27 mètres (89 pieds) et 32 mètres (105 pieds) respectivement de leurs points trigonométriques dans le central (Operationszentrale, ou simplement Zentrale) et la passerelle (baignoire) où se trouvaient l'UZO et les périscopes. De plus, les torpilles étaient souvent tirées non alignées avec la proue ou la poupe du navire, mais réglées pour tourner jusqu'à 90 degrés de la proue du bateau (donnant un angle latéral - Seitenwinkel - ou un relèvement relatif de la cible par rapport à la ligne de route ω de l'U-Boot, omega), tandis que les torpilles pouvaient également être tirées en virant. Dans de telles situations, la torpille couvrirait les premiers 9,5 mètres en ligne droite avant d'assumer un mouvement circulaire d'un rayon de 95 mètres qui l'amènerait progressivement sur une trajectoire rectiligne vers la cible. Dans de tels cas, la portée a pris une importance supplémentaire puisque le Vorhaltrechner avait besoin de ces données afin de calculer l'ajustement de parallaxe (δ, delta) et l'angle de tir subséquent (ρ, rho). Cela explique pourquoi les commandants de U-Boot ont été exhortés 'à toujours tirer à l'angle minimum afin d'éviter les ratés résultant de fausses valeurs de convergence', car une fois que les trajectoires théorique et réelle convergeaient à la portée entrée, ils divergeraient alors à chaque mètre supplémentaire. C'est aussi la raison pour laquelle le problème de la convergence était plus important sur des plages plus courtes.



1) La durée de fonctionnement fournie dans le rapport sur les torpilles indique que l'U-431 a surestimé la portée d'environ 1000 mètres. Outre la précision impressionnante des calculs de Dommes, cela expliquerait pourquoi tant de torpilles ont frappé, la gerbe n'ayant pas été suffisamment éloignée pour se déployer au-delà de la longueur de la coque de Martin.

Glossaire.

Libre traduction par l'auteur du site des pages xxiv et xxv de l'ouvrage "U-Boat Attack Logs" de Daniel Morgan & Bruce Taylor chez Seaforth Publishing.
Source : le Net.


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