La marine Soviétique (Voenno-Morskoi
Flot)
- L'aube de la puissance maritime russe se
situe au milieu du XVIIe siècle, mais ce n'est qu'avec le
règne personnel de Pierre le Grand (1694-1725) et la
poursuite des ambitions russes en mer Noire et en Baltique qu'une
marine de guerre a vu le jour. En Juillet 1696, une importante
force de navires russes construite sur le Voronezh participe
à la prise de la forteresse turque d'Azov sur la mer Noire
et le 10 Octobre de cette année-là marque la
fondation de la marine impériale russe. Pierre
s'intéresse ensuite à la Baltique et le
déclenchement de la Grande Guerre du Nord avec la
Suède (1700-21) entraîne la création de
plusieurs chantiers navals et d'une base de la flotte dans la
ville qu'il a fondée pour mener à bien cette
entreprise : Saint-Pétersbourg. Pour tous ces
développements, Pierre et ses successeurs se sont
fortement appuyés sur des spécialistes, des
commandants et des hommes étrangers, jusqu'à ce que
l'expertise locale passe au premier plan au XIXe siècle.
Bien qu'elle soit devenue une puissance navale dominante dans la
Baltique et la mer Noire, la première marine russe n'a
connu qu'un succès limité au combat et ce n'est
qu'en 1770 qu'elle a remporté sa première grande
victoire lorsqu'une flotte commandée par le Rear-Admiral
John Elphinstone (détaché de la Royal Navy) a
vaincu les Turcs au large de Çeşme, dans la mer
Égée. Bien que la marine russe ait joué un
rôle dans les guerres de la Révolution
française et qu'elle ait infligé, avec les
Britanniques et les Français, une nouvelle défaite
écrasante aux Turcs à Navarino en 1827, la
négligence dont elle a fait preuve par la suite l'a
empêchée de relever le défi de la guerre de
Crimée (1853-6), au cours de laquelle la flotte de la mer
Noire n'a eu d'autre choix que de se saborder. De cette ignominie
est née une nouvelle marine incorporant de nombreuses
avancées technologiques de l'époque, mais
entravée par un entraînement insuffisant, une
planification inadéquate et l'inefficacité de
l'industrie russe. Avec la guerre russo-japonaise de 1904-1905,
la marine russe fait son baptême du feu contre une
puissance navale de premier ordre en haute mer. Une série
de revers militaires en Extrême-Orient culmine avec la
destruction de la flotte de la Baltique à Tsushima, dans
la mer du Japon, les 27 et 28 Mai 1905, après un voyage
cauchemardesque autour du cap de Bonne-Espérance. En Juin,
le dernier prestige de la marine se dissout avec la mutinerie du
cuirassé Knyaz Potemkin Tavrichesky de la Flotte de
la mer Noire, immortalisée plus tard par le film muet de
Sergei Eisenstein.
- Bien que des efforts aient été faits pour se
remettre de ces désastres, la Russie est entrée
dans la Première Guerre mondiale avec la marine la plus
faible des grandes puissances et a fait relativement peu
d'impression dans la guerre sur mer. La révolution
d'Octobre 1917 a permis à la flotte (mais pas à son
personnel) de passer aux mains des Soviétiques sous le nom
de Flotte rouge des ouvriers et des paysans, mais sa force a
encore été réduite par l'action des
Alliés en faveur de la cause blanche pendant la guerre
civile (1917-23). Au milieu des années 1920, les
perspectives de la marine soviétique étaient
sombres, en particulier à la lumière de la
mutinerie antisoviétique de Cronstadt de 1921. Cependant,
l'augmentation de la capacité industrielle et l'engagement
dans la révolution internationale ont apporté une
nouvelle perspective et une succession d'initiatives a conduit le
deuxième programme quinquennal de 1933 à autoriser
la construction de plus de 550 navires, dont 355 sous-marins.
Entre-temps, une flotte du Pacifique a été
créée en 1932 et une flotte du Nord l'année
suivante. Comme pour la plupart des autres marines dont la
reconstruction a commencé dans les années 1930, la
nouvelle Flotte rouge n'était que partiellement construite
au moment du déclenchement des hostilités, mais les
bases étaient jetées pour une contribution
significative à la guerre à venir.
Glossaire
Libre traduction par l'auteur du site des pages 101 et 102 de
l'ouvrage "U-Boat Attack Logs" de Daniel Morgan & Bruce
Taylor chez Seaforth Publishing.