HrMs (ex MS) "Colombia"


Le Colombia (© BfZ)
Le "Colombia" (© BfZ)


Type
Paquebot
Chantiers de Construction
P. Smit Jr de Rotterdam
Mise sur cale
1930
Lancement
24 Mai 1930
Mise en service
26 Octobre 1930
Réquisition
Royal Netherlands Navy le 08 Novembre 1940
Caractéristiques techniques
Longueur : 139,29 mètres
Largeur : 18,66 mètres
Tirant d'eau : 8,07 mètres
Déplacement : 6648 tonnes
Déplacement maxi : 10782 tonnes
Propulsion
Deux moteurs diesel Werkspoor à 8 cylindres à 4 temps, 8000 ch
Vitesse maxi
12 nœuds (max : 15,5 nœuds)
Armement
4 x de 7,6cm
8 x 20mm A.A.
6 x 12,7mm A.A.
4 x 7,9mm A.A.
Équipage
273 hommes
Commandant
Ktz. J.L.K. Hoeke KM
Victimes/Survivants
8/312+

- Commandé par la KoninkJijke Nederlandsche Stoomboot Maatschappij (Royal Netherlands Steamship Co.), le paquebot "Colombia" est construit chez P. Smit Jr à Rotterdam, lancé en 1929 et terminé en 1930. Le "Colombia" passe sa carrière de temps de paix à naviguer sur les routes de la compagnie entre le Nord-Ouest de l'Europe et les Caraïbes, et c'est aux Antilles qu'il est réquisitionné par la Royal Netherlands Navy le 08 Novembre 1940. Ramené en Grande-Bretagne et destiné à être transformé en navire de dépôt pour sous-marins, les travaux sont effectués par la Caledon Shipbuilding & Engineering Co. de Dundee entre Mars et Septembre 1941, le "Colombia" étant mis en service dans la marine néerlandaise le 20 Mai de la même année. Le 05 Janvier 1942, il quitte Dundee pour rejoindre le convoi WS l5 à destination de l'Extrême-Orient et atteint Colombo le 04 Mars, alors que la résistance alliée s'effondre face à l'offensive japonaise. Affecté à la British Eastern Fleet, il reste à Ceylan jusqu'à ce qu'il reçoive l'ordre de rejoindre Bombay en Mai, après avoir été relevé par un autre paquebot converti, le HrMs "Plancius". En Août, le "Colombia" est transféré à East London, dans la province du Cap, pour fournir des installations de soutien et d'entretien aux sous-marins néerlandais en route vers et depuis l'Extrême-Orient. Cependant, en Février 1943, un voyage de routine à Simon's Town pour ce qui était sans aucun doute une période de temps en cale sèche était destiné à ne jamais être achevé.

- À l'aube du 27 Février 1943, le HrMs "Colombia" appareille d'East London pour se rendre en cale sèche à Simon's Town, au Cap de Bonne-Espérance. En raison d'une grave pénurie de navires d'escorte alors que pas moins de sept convois sont en mer, le "Colombia" n'a pour compagnie que la corvette "Genista", bien qu'une couverture aérienne de la RAF soit prévue tout au long de la journée jusqu'à Port Elizabeth, où le "Colombia" doit jeter l'ancre pour la nuit. Ce n'est pas le cas. À l'approche de midi le 27, quatre heures seulement après avoir franchi le brise-lames d'East London, le "Colombia" et son escorte zigzaguent à la vitesse maximale du "Colombia" (assistée par le courant) de 12½ nœuds à une dizaine de milles au large. Cette route est le résultat d'un compromis entre les autorités navales britanniques d'East London, qui préfèrent que le navire navigue à cinq milles de la côte, et le Kapitein ter zee John Hoeke du "Colombia", qui veut rester à au moins vingt milles de la côte. Bien que les conditions aient été décrites plus tard par Hoeke comme 'très favorables à l'observation, l'atmosphère étant très claire et la mer calme', ni les avions, ni l'escorte, ni les vingt-cinq vigies du "Colombia" ne repèrent le périscope de l'U-516 du Korvettenkapitän Gerhard Wiebe, dont la deuxième patrouille l'a amené au sud des routes commerciales du Cap, où les navires alliés ont jusqu'alors emprunté une route prolongée mais relativement sûre vers l'océan Indien et le Moyen-Orient. Faisant partie du groupe "Seehund" ('chien de mer') entre Port Elizabeth et East London, l'U-516 repère le "Colombia" à 10h00, heure des Alliés, et le suit pendant l'heure et demie suivante. L'incapacité du "Genista" et du "Colombia" à capter l'effet des hydrophones a conduit les Alliés à conclure que l'attaque a été menée à longue distance. Les trois torpilles lancées par Wiebe le sont à une bonne distance de 1 500 mètres, mais on peut se demander si les conditions étaient favorables à la détection par hydrophone sur des navires navigant à douze nœuds.
- Extrait du KTB de l'U-516.





- Seule une des trois torpilles de Wiebe touche le "Colombia", bien qu'une autre soit vue passer à trois ou quatre mètres à l'arrière immédiatement après la détonation. Le coup tombe sur le côté tribord, juste à l'avant du pont, détruisant la cloison séparant les cales n°1 et 2 et laissant peu de chance d'évaluer les dégâts et encore moins de les contrer. Comme le Ktz. Hoeke raconte à la commission d'enquête (Board of Enquiry) un mois plus tard : 'Le navire s'est rempli... et lorsque la cale n°2 s'est remplie, tout le navire était ouvert à la mer par le haut des cloisons qui ne s'étendaient que jusqu'au pont principal'. Étant donné la forte gîte sur tribord, Hoeke ordonne l'arrêt des deux moteurs et passe le mot d'abandon du navire, envoyant l'officier de quart en bas pour s'assurer que le quart machine s'y conforme. L'ordre est également donné de faire descendre les canots de sauvetage du "Colombia" et c'est pendant cette opération que la gîte se stabilise et que le navire commence à s'enfoncer par l'avant jusqu'à ce que le pont soit pratiquement inondé. Douze minutes après l'attaque, le navire se tient verticalement dans l'eau, la poupe haute, le gouvernail et les hélices à environ 90 pieds hors de l'eau'. Une minute plus tard, le "Colombia" a disparu. Le "Genista" passe deux heures à tourner autour de la position du naufrage pour tenter d'obtenir un contact Asdic sur l'auteur de l'attaque. Un contact est établi à 13h11 (11h11, heure allemande), mais comme le raconte Wiebe dans son journal de bord, le "Genista" passe derrière l'U-516 sans l'attaquer. Pendant ce temps, l'escorte de la RAF, à 15 nautiques de distance au moment de l'attaque, ne voit rien d'autre qu'un banc de marsouins.
- Une commission d'enquête (Board of Enquiry) exhaustive reconnaît que la lutte contre les avaries était impossible dans les circonstances et a estimé qu''aucune mesure n'était possible pour empêcher la perte du navire après les avaries subies'. Elle s'est également donné beaucoup de mal pour étudier la route de compromis suivie par le "Colombia" et le "Genista" vers Port Elizabeth, concluant finalement qu'elle était justifiable dans les circonstances. Les conclusions de la Commission à cet égard étaient fondées sur l'insistance du Ktz. Heeke, qui a insisté pour que la route soit au moins à vingt nautiques de la côte, et sur le fait qu'il avait passé quinze ans dans les sous-marins. Après avoir examiné les conclusions avant de les soumettre à l'Amirauté, le Commander-in-Chief South Atlantic, le Vice-Admiral W. E. C. Tait, estime que le rejet par Heeke de la route côtière était une erreur, notant que les navires naviguant indépendamment entre East London et Port Elizabeth avaient toujours été dirigés de cette façon et qu''aucun navire ainsi dirigé n'avait encore été attaqué, ni ne l'a été depuis'. Quoi qu'il en soit, le journal de bord de l'U-516 montre clairement que Wiebe a attaqué du côté de la terre après avoir clairement navigué le long de la côte - suffisamment près, en effet, pour avoir assisté à un exercice d'extinction des feux à East London la nuit précédente et pour avoir calculé sa position depuis Great Fish Point ce matin-là. L'intuition de Heeke selon laquelle tout U-Boot serait susceptible de rester près de la côte était donc plus exacte que la critique ex post facto de Tail. D'ailleurs, les questions posées par la Commission sur ce sujet ont manifestement exaspéré l'officier d'état-major (opérations) du Vice-Admiral Tait, le Cdr. L. P. Skipwith RN. Répondant à l'une des questions de la Commission, Skipworth a déclaré qu''il était évident qu'il n'aurait pas pu naviguer via le pôle Sud de l'Est de Londres à Port Elizabeth - il devait donc passer par la côte'. La Commission a réservé ses propos les plus virulents à l'encontre de cet officier, dont 'les manières. ... en répondant aux questions était des plus offensantes et discourtoises'. Ailleurs dans son rapport, Tait reconnaît le manque de respect dont a fait preuve le Cdr. Skipwith, mais ajoute qu''il faut préciser, pour être juste, qu'il s'est présenté malade avec une forte température peu après son examen par le conseil. Il n'a pas encore repris son service ; je m'occuperai de lui lorsqu'il le fera'.

- Bien qu'aucun membre de l'équipage du "Colombia" n'ait été tué dans la détonation, un relevé effectué après le naufrage a révélé que huit hommes manquaient sous le pont. On suppose qu'ils ont été tués dans l'explosion ou l'inondation qui a immédiatement suivi. Les autres se sont enfuis dans neuf canots de sauvetage sans perte, avec le Ktz. Hoeke, qui voulait être le dernier à abandonner le navire, a attendu que le pont soit inondé avant de sauter. Ils ont été ramenés à bord du "Genista" deux heures après le naufrage, à l'exception d'une baleinière contenant cinquante-six hommes qui ont été récupérés par une vedette de sauvetage de la RAF. Les survivants sont de retour à East London le soir même, treize heures à peine après le départ.



Libre traduction par l'auteur du site des pages 323, 324 et 325 de l'ouvrage "U-Boat Attack Logs" de Daniel Morgan & Bruce Taylor chez Seaforth Publishing.
Sources : le Net


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