H.M.S. "Hurst Castle"


H.M.S. Hurst Castle (© BfZ)
H.M.S. "Hurst Castle" (© BfZ)

- En 1942, l'apparition des frégates de classe "River" fournit enfin aux Britanniques et aux Canadiens une véritable escorte de convois dans l'Atlantique, mais aussi efficaces soient-elles, les "River" et la classe "Loch" qui les suivent sont encore trop grandes et trop complexes pour être construites par la plupart des petits chantiers navals qui se sont jusqu'alors spécialisés dans les corvettes de classe "Flower". Le résultat est la corvette de classe "Castle", peut-être la meilleure conception de petite escorte de la Seconde Guerre mondiale. La conception des "Castle" doit beaucoup aux leçons tirées de la classe "Flower", avec une habitabilité et une endurance améliorées, des coques plus longues, un gaillard d'avant s'étendant jusqu'à la superstructure arrière, un grand pont et un lourd mât à claire-voie pour transporter les capteurs et l'équipement qui mènent la bataille contre les U-Boote. Ajoutez à cela le mortier 'Squid', le dispositif anti-sous-marin le plus puissant de la guerre, et les "Castle" offrent un excellent équilibre entre navigabilité et capacité offensive, même s'ils ne peuvent atteindre plus de 16 nœuds et demi. Quelque quatre-vingt-seize exemplaires ont été commandés, mais le renversement décisif des forces allemandes dans la bataille de l'Atlantique en 1943 entraîne l'annulation des quarante-deux commandes canadiennes et le transfert à la RCN de douze unités construites en Grande-Bretagne. Au total, trente-neuf "Castle" sont mis en service avant la fin de la guerre, dont un dans la Royal Norwegian Navy.
- Commandé en Février 1943, le H.M.S. "Hurst" Castle est mis sur cale au chantier de Thornycroft à Woolston, Southampton en Août 1943, lancé en Février 1944 et achevé le 09 Juin de la même année. Après avoir affecté ses essais au large de la côte est de l'Écosse, le "Hurst Castle" est envoyé au H.M.S. "Western Isles", l'école de formation anti-sous-marine de Tobermory où il passe une grande partie du mois de Juillet. Basé sur Londonderry, le "Hurst Castle" rejoint son premier convoi, le KMS 59 à destination de Gibraltar, début Août. Il est de retour le 30, levant l'ancre pour la dernière fois ce même jour.

- Le 30 Août 1944, le H.M.S. "Hurst Castle" et son sister-ship "Oxford Castle" quittent Londonderry avec l'ordre de rejoindre la Force 33, un groupe de chasseurs patrouillant dans le canal Nord au large de la côte Nord-Est de l'Irlande. Le rendez-vous est atteint en début d'après-midi le 31. Le "Hurst Castle" est placé sous le commandement du "Pevensey Castle" et, avec le "Launceston Castle" et le H.M.S. "Ambuscade", affecté aux eaux situées au Nord de l'île Tory. À la suite d'une observation aérienne d'un U-Boot tôt le 01 Septembre, le quatuor reçoit l'ordre de se diriger vers l'Est jusqu'à la position de la balise larguée par l'avion. À 08h24 ce matin-là, le "Hurst Castle" suit un cap de quatre-vingts degrés à quatorze nœuds, le navire étant en position de croisière et les "Kenilworth Castle" et "Oxford Castle" étant en vue à dix nautiques à l'Est. Leur cible est l'U-482 du Kptlt Graf (Comte) von Matuschka qui, comme le révèle son entrée de 12h00, passe la plupart de son temps en plongée.
- Extrait du KTB de l'U-482.

- L'heure de l'explosion fut enregistrée par le "Hurst Castle" à 08h25, soit trois minutes après celle indiquée dans le journal de bord de von Matuschka. Frappant l'arrière du navire sur le côté bâbord, 'probablement dans le réservoir de carburant n° 14, la torpille acoustique T5 de l'U-482 'inonda immédiatement un certain nombre de zones, y compris le poste de pilotage, le réservoir de pointe arrière, le magasin et l'atelier du mécanicien, le magasin général principal et la salle des provisions'. Il a été établi plus tard que les cloisons arrière et avant de la salle des machines s'étaient effondrées, 'la première presque immédiatement' et la seconde en une minute environ. Se dirigeant vers bâbord, le "Hurst Castle" a commencé à s'enfoncer lentement par la poupe. Son commandant, le Lt H. G. Chesterman, n'a pas eu besoin de beaucoup de temps pour évaluer la situation : 'Au moment où la fumée s'est dissipée, il était évident que le navire coulait et j'ai donné l'ordre d'abandonner le navire'. Moins de six minutes après avoir été touché, le "Hurst Castle" coulait rapidement par la poupe, ses parties avant et arrière sortant verticalement de l'eau. Le récit de l'incident par Chesterman correspond parfaitement au journal de guerre de von Matuschka : la partie avant du navire 'est restée suspendue pendant quelques minutes avec environ 40 pieds (≈ 12,19 mètres) de proue au-dessus de l'eau ; probablement la poupe sur le fond ".
- De retour à Bergen, les revendications de von Matuschka concernant deux pétroliers, deux autres navires marchands et une corvette sont reconnues par le Konteradmiral Eberhard Godt, qui lui décerne immédiatement la Croix allemande en or pour une première croisière exceptionnelle. Une telle collection de fanions revendiqués à ce stade de la guerre a sans doute fait sourciller certains milieux, mais ils étaient en fait tout à fait corrects, sans compter que von Matuschka avait considérablement sous-estimé le tonnage.

- Les détails sur la façon dont les dix-sept morts ont été infligés sont peu nombreux, bien qu'un certain nombre d'entre eux aient dû périr sous les ponts et qu'au moins un matelot soit enregistré comme ayant été piégé dans le compartiment des cheminées. Cependant, le fait que le "Hurst Castle" ait conservé sa stabilité pendant quelques minutes après la détonation a permis une évacuation ordonnée et a assuré la survie d'une grande majorité de son équipage. Le télégraphiste (PO Telegraphist) Fred Kemp venait de descendre lorsque la torpille a frappé :
   Je venais juste d'aller aux toilettes quand nous avons été touchés. Une sacrée explosion dans l'obscurité totale, à l'exception de quelques lumières de secours. J'ai couru jusqu'au local W/T et j'ai dit aux gars de prendre leurs gilets de sauvetage. Je ne pensais pas qu'il tiendrait longtemps et je savais aussi qu'aucun d'entre eux ne savait nager. J'ai cherché ma pochette de tabac en soie huilée, mais je n'ai pas trouvé la foutue clé du coffre des B[ooks] C[onfidentiels]. Alors j'ai fait ce que j'aurais dû faire et j'ai fait fonctionner l'émetteur d'urgence.
Le temps de faire fonctionner le signal d'urgence, j'ai eu du mal à sortir du local et à monter sur le pont supérieur, car le navire n'était pas loin de couler tout droit sous l'eau.


- Mais tout n'a pas joué en faveur de l'équipage qui a suivi les ordres d'abandon du navire. En l'absence d'un système de mise à l'eau, le baleinier ne pouvait pas être tourné contre la gîte, et bien que le canot pneumatique ait été descendu avec succès, il a été rapidement inondé par le mauvais temps et inutilisable dans une mer déferlante. Les 102 survivants, dont la plupart étaient équipés de gilets de sauvetage gonflables, ont fini par se répartir entre six flotteurs Carley, mais un certain nombre d'hommes sont restés sans système de sauvetage et plus d'un aurait pu se noyer. Cependant, l'aide était à portée de main : Le H.M.S. "Ambuscade", 'brillamment manœuvré, était très vite sur place et a commencé à recueillir les survivants'. Chesterman mentionne en particulier le PO Jordan de l'"Ambuscade" qui 'a plongé à plusieurs reprises dans la mer pour sauver les hommes épuisés'. Sa mission de sauvetage terminée et à présent à court de carburant, l'"Ambuscade" a fait demi-tour vers Lough Foyle où les survivants du "Hurst Castle" ont débarqué en début d'après-midi.





Libre traduction par l'auteur du site des pages 417 et 419 de l'ouvrage "U-Boat Attack Logs" de Daniel Morgan & Bruce Taylor chez Seaforth Publishing.
Sources : le Net

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