H.M.S. "Itchen" (K 227)


H.M.S. Ballindery
H.M.S. Ballindery de Classe "River" comme le H.M.S. "Itchen"


Type
Chantiers de Construction
Fleming & Ferguson Ltd., Paisley
Mise sur cale
14 Juillet 1941
Lancement
29 Juillet 1942
Mise en service
28 Décembre 1942
Caractéristiques techniques
Longueur : 86,26 mètres - 91,82 mètres longueur hors-tout
Largeur : 11,13 mètres
Tirant d'eau : 2,74 mètres - 3,96 mètres en pleine charge
Déplacement : 1390 tonnes
Déplacement maxi : 1860 tonnes
Propulsion
2 × chaudières à 3 tambours Admiralty
2 hélices
Triple expansion verticale alternative, 5500ch (4100kW)
Vitesse maxi
20 nœuds
Autonomie
7200 nautiques à 12 nœuds avec 450 tonnes de gasoil
Armement
2 × canons QF 4 pouces (102 mm) Mk.XIX, supports simples CP Mk.XXIII
Jusqu'à 10 × QF 20 mm Canons Oerlikon AA sur supports doubles Mk.V et supports simples Mk.III
1 × Hedgehog 24 spigot A/S avec jusqu'à 150 charges de profondeur
Équipage
107 hommes
Commandant
Lt Cdr C. E. Bridgeman D.S.O. RNR
Victimes/Survivants
148 et 80 et 2/2 et 1

- Le H.M.S. "Itchen" fait partie du premier groupe de frégates de classe River commandées pour la Royal Navy en Février 1941. Il est mis sur cale au chantier de Fleming & Ferguson à Paisley sur la Clyde en Juillet de cette année-là, lancé en Juillet 1942 et achevé en décembre de la même année. Après avoir été à Tobermory et effectué un bref carénage sur la Clyde, l'"Itchen" rejoint le Canadian 1st Escort Group (EG-C1) en tant que Senior Officer's ship sur le parcours Newfie-Derry (Newfoundland-Londonderry) en Mars 1943, l'un des quinze navires britanniques placés sous le contrôle de la RCN pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est resté dans cette force jusqu'à son transfert au Canadian 9th Support Group (SG-9) à Londonderry en Août. Il 'goûte' à l'action pour la première fois le 19 Septembre, lorsque l'"Itchen" et sa 'couvée' reçoivent l'ordre d'aider le convoi combiné ON 202/0NS 18 au Sud de l'Islande. Quatre jours plus tard, il n'est plus là.

- La réouverture des hostilités par la U-Boot-Waffe en Septembre 1943 et l'attaque du groupe "Leuthen" sur le convoi combiné ON 202/0NS 18 sont signalés dans les entrées pour le H.M.C.S. "St Croix" et le H.M.S. "Polyanthus".
- Le matin du 21 Septembre 1943, l'"Itchen" et la corvette "Narcissus" rejoignent le convoi combiné ON202/0 S18 et son escorte épuisée après que le premier eut sauvé quatre-vingt-un survivants du destroyer "St Croix" et deux de la corvette "Polyanthus". L'apparition d'une épaisse couche de brouillard à midi donne un répit bienvenu au convoi, car de nombreux sous-marins du groupe "Leuthen" ont perdu le contact et l'escorte s'avère à la hauteur des quelques attaques effectuées ce soir-là. Aux premières heures du 22 l'U-229 (O.L. Robert SCHETELIG) est repéré sur le radar centimétrique du H.M.S. "Keppel", puis traqué et coulé par des tirs de canon, des éperonnages et des charges de profondeur à 05h42, heure des Alliés. Cependant, le brouillard se lève cet après-midi-là et un crescendo de rapports HF/DF annonce le retour du 'wolfpack'. À la tombée de la nuit, les escortes qui précèdent le convoi commencent à poursuivre les contacts. Peu avant minuit, l'"Itchen" et la corvette canadienne "Morden" obtiennent tous deux un contact sur l'U-666 (K.L. Herbert ENGEL) qui manœuvre devant et se rapproche d'un convoi. Il ne s'agit toutefois pas d'un inconvénient tactique, puisque la nouvelle torpille acoustique Zaunkönig T5 offre aux sous-marins une option viable pour une attaque en bout de ligne, ce dont ils ne bénéficiaient pas auparavant. En conséquence, aux alentours de minuit, Engel lâche une T5 à chaque extrémité de son bateau dans l'espoir d'envoyer deux "boîtes de conserve" en un seul engagement. Il manque le "Morden" (bien qu'un naufrage ait été revendiqué sur la base de données acoustiques) mais l'"Itchen" est touché alors qu'il vient de rattraper l'U-666 avec son projecteur et deux tirs bien ciblés sur le massif.
- Extrait du KTB de l'U-666.



- D'après d'autres sources la position est : 53°30'N 39°45'O -


- Comme l'"Itchen" coule presque immédiatement dans l'obscurité totale et avec seulement une poignée de survivants, il n'est pas surprenant qu'il y ait peu de documents sur sa fin parmi les sources alliées. L'événement noté par Engel à 02h02 (00h02, heure des Alliés) est décrit par ses compagnons d'escorte comme une "terrible explosion", un "éclair aveuglant", et par le steamer américain "James Smith" comme une "violente explosion" suivie immédiatement de "terribles flammes et de fumée". La détonation, qui lui a apparemment brisé la quille entre le pont et la cheminée, a été produite, selon certains observateurs, par ses charges de profondeur et, selon d'autres, par sa soute à munitions. Il est fort probable qu'il s'agisse des deux. Le seul témoignage de survivant connu est celui du soutier William Fisher qui avait été secouru après la perte du H.M.C.S. "St Croix" deux jours plus tôt. Fisher se rappelle avoir été projeté à trente pieds (≈ 9,10 mètres) contre la cloison d'un des supports de canon. Quelques secondes plus tard, il s'est levé en titubant et a trouvé le bateau en train de gîter alors que l'eau grondait dans sa coque et a rapidement plongé par-dessus bord, l'"Itchen" étant alors en train de se faire déchirer par une autre explosion. Le temps que Fisher regagne la surface, ses hélices avaient disparu. Il a estimé que l''Itchen' a coulé en quarante secondes environ". Le fait que des boîtes de nourriture et de l'argent aient été trouvées sur le pont de l'U-666 à environ mille mètres de là et que des éclats et des débris aient atteint le "Morden" (plus loin encore) donne une bonne impression de la force de l'explosion qui l'a détruite. En l'absence de témoignages de survivants, la commission d'enquête sur la perte du navire, qui s'est réunie à St John's deux semaines plus tard, n'a pu faire que confirmer l'identité du navire concerné.
- Dans une analyse rédigée après la bataille pour le convoi combiné ON 202/0NS 18 et diffusée en partie par la suite, le Grossadmiral Dönitz a exprimé sa satisfaction devant les réalisations du groupe "Leuthen" et la nouvelle technologie déployée, tout en dissertant sur le naufrage de pas moins de douze escortes et neuf bâtiments marchands. En ce qui concerne la technologie, il a bien sûr fait référence principalement à la torpille acoustique T5 (Zaunkönig). Un rapport sur la même action rédigé par l'Admiralty of Anti-Submarine Warfare Division par rapport à ce qu'a dit Dönitz a fait remarquer que c'était "intéressant à noter" puisque le chiffre réel était de quatre escortes (trois ont coulé et la frégate "Lagan" a été déclarée totalement perdue) et six commerçants. Comme les Alliés s'en sont vite rendu compte, les commandants des U-Boote, dont Engel (U-666) et Bahr (U-305), ont eu tendance à affirmer que les U-Boote avaient coulé en se basant sur des données acoustiques trompeuses. L'analyse effectuée après la guerre par le professeur Jürgen Rohwer révèle que le taux de frappe réel du T5 contre les escortes ne dépassait guère 16%. Cela est dû à la fois à un mécanisme trop sensible qui fait souvent exploser la charge dans le sillage de la victime visée et à l'introduction rapide des dispositifs de production de bruit British Foxer, US FXR et Canadian CAT qui se sont avérés efficaces pour attirer la torpille T5 loin des hélices de leurs cibles potentielles. Le recul montre que la bataille technologique a basculé irrévocablement en faveur des Alliés, mais la perte de quatre escortes et de plus de 400 marins en soixante-douze heures, après des mois durant lesquels aucun n'avait été coulé dans l'Atlantique Nord, a raconté aux hommes du convoi une toute autre histoire.

- La fin de l'"Itchen" est si violente qu'une majorité des personnes à bord (environ 230 hommes) ont dû mourir immédiatement. Fisher se souvient avoir vu des hommes sauter par-dessus bord, mais note que la plupart se sont rapidement noyés. Les quelques hommes qui ont pu s'échapper de l'épave se sont retrouvés devant une colonne de marchands dont le passage présentait un danger mortel sans aucune perspective de sauvetage, plusieurs étant écrasés ou aspirés dans le tourbillon des hélices. Le soutier Fisher se souvient que "le ressac des navires nous lave d'avant en arrière; on s'étouffe et il y a beaucoup de pétrole et de petites des planches qui nous giflent". Le premier à passer est le S.S. "James Smith" qui est témoin de l'événement et observe les hommes de chaque côté en passant. Dans un moment d'excitation, "un marin marchand leur crie [aux survivants] "Êtes-vous des Américains ?" : "La réponse à cette question plutôt inutile est un silence complet, conduisant l'enseigne W. M. Partlow USN à signaler son soupçon qu'il s'agit d'Allemands d'un sous-marin qui est pris dans le faisceau d'un projecteur et ensuite qui fait l'objet de tirs, mais comme ni l'U-666 ni aucun autre n'a été perdu dans cette rencontre, les hommes sont incontestablement des survivants de l''Itchen'. Néanmoins, le lâché des bouées de sauvetage par le "James Smith" s'est avéré crucial pour Fisher qui en atteint une peu après le passage du convoi. Lui et deux autres sont sauvés trois heures plus tard par le cargo polonais "Wisła" qui enfreint toutes les règles en s'arrêtant pour le faire. Une recherche par la corvette HMC "Sackville" et les avions de la RAF le lendemain ne donnent que des débris de bateaux et des radeaux vides.
- Seuls trois hommes survivent au naufrage du H.M.S. "ltchen". De son propre équipage de 148 hommes, seuls deux sont sauvés, mais le nombre de morts est considérablement augmenté par le fait que l'"Itchen" avait à son bord quatre-vingt-un survivants du "St Croix" et le seul survivant du "Polyanthus", le soutier William Fisher du "St Croix" étant le seul de ce groupe à avoir survécu une seconde fois. Peut-être en raison du fait qu'un seul homme (le sous-lieutenant F.J. Young RNVR) ait survécu au naufrage du "Polyanthus" le 20, de nombreuses sources secondaires ont enregistré et continuent d'enregistrer qu'un des survivants du naufrage de l'"Itchen" était également originaire du "Polyanthus". Ce n'est pas le cas.



Libre traduction par l'auteur du site des pages 346,347, 348 et 349 de l'ouvrage "U-Boat Attack Logs" de Daniel Morgan & Bruce Taylor chez Seaforth Publishing.
Sources : le Net


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