KTB U-188



Patrouille du 04 Mars au 04 Mai 1943 : PG 30175, NHB, reel 1088, pp. 443-6
11 Avril
Heure
Détails
Événements
00h12
[Carreau] AJ 9391
Convoi au relèvement 16° vrai - portée 12 nautiques.
00h23
 
Signal court sortant transmis : Ennemi dans AJ 9364, cap 240°. Vitesse 8 nœuds. Lüdden.
00h25
 
À la tombée de la nuit, le contact visuel avec le convoi est perdu dans une bourrasque. Nous continuons à avancer à travers le mur de pluie.
00h55
[Carreau AJ 9383]
Lorsque le mur de pluie se lève soudainement, nous identifions une ombre après l'autre à des relèvements de 20°- 45° vrais. J'en déduis un zigzag vers le Sud.
01h17
 
Signal court émis : Ennemi en vue AJ 9383, l'ennemi change de cap, je pense vers le Sud. Lüdden.
Je suis maintenant directement entre le convoi et la lune. Je me retire de la trajectoire de la lune à toute vitesse et me positionne sur la proue tribord du convoi, inclinaison 0°- 5°.
01h23
 
Des fusées éclairantes de part et d'autre du bateau. On entend des détonations au même moment. Comme aucune fusée éclairante n'est tirée derrière nous, je reste en surface et me retire à toute vitesse sur une certaine distance.
La couverture nuageuse se dissipe. La lune ne brille plus que pendant de brèves périodes. Je décide donc de rester à l'avant tribord, de faire venir d'autres bateaux et d'attaquer lorsque les conditions de luminosité le permettront.
02h43
 
Signal court sortant transmis : Ennemi en Al 9386, cap au Sud, vitesse 7 nœuds. Lüdden.
Le clair de lune éclaire les horizons Ouest, Nord et Est et nous permet d'améliorer notre position de contact vis-à-vis du convoi et d'établir que la route du convoi est maintenant de 180°, vitesse 8 nœuds.
Le convoi avance en formation large. Nous ne pouvons pas distinguer les colonnes depuis notre position avancée.
Trois destroyers opèrent en avant du convoi (1). En approchant, nous en voyons deux autres à tribord et un autre à l'arrière (2).
03h47
 
Transmission du signal court sortant : Convoi Al 9631, cap 180°, vitesse 8 nœuds. Lüdden.
04h00
[Carreau AJ 9629]
 
05h14
 
Signal court sortant transmis : Convoi A 9637, cap 180°, vitesse 8 nœuds. Lüdden.
Une observation prolongée du destroyer tribord devant le convoi révèle qu'il zigzague à tribord, loin du convoi, à intervalles plus ou moins réguliers de 10 minutes (3).
05h20
 
Aux postes de combat - tous les tubes sont prêts.
05h24
 
J'y vais - la lune a disparu derrière un banc de nuages bas. L'horizon derrière moi est sombre et brumeux. Nous attendons le zigzag tribord de notre destroyer, procédant initialement à une vitesse de ⅗ sur un parcours parallèle de 250 °- 270 ° puis traversant vers le Nord après que le destroyer revienne en zigzag.
Un autre destroyer se trouve entre la première et la deuxième colonne et ne bouge pas de sa position (4). Après une brève manœuvre d'évitement, il se trouve derrière nous. Il n'y a rien à voir à l'avant - c'est là que Rahe a fait son barrage de charges de profondeur, les mettant sur leurs gardes (5). Je choisis donc plusieurs ombres de la dernière colonne pour ma cible avec une inclinaison d'environ 30° (6).
J'attaque : au moment où nous nous retournons pour lancer, nous voyons un autre destroyer qui suit exactement le même cap que le groupe que nous avons choisi (7). Nous restons devant lui et il nous dépasse rapidement. Une rapide et violente manœuvre de virage et nous passons à l'arrière.
Je tourne pour attaquer. Un spectacle glorieux : devant nous s'étend un mur de navires marchands qui se chevauchent. Au milieu, un gros pétrolier, à sa droite - encore visible dans son intégralité sous cette inclinaison - un vapeur, recouvrant sur sa gauche (mais détaché par la suite) un autre vapeur. À l'arrière, à une distance considérable, un autre vapeur. Sur le côté de notre groupe principal, nous discernons d'autres ombres.
Notre précédente manœuvre d'évitement pour contourner le destroyer signifie que l'inclinaison des cibles lorsque nous tournons pour attaquer est d'environ 50°, avec une portée de 2 500 à 3 000 mètres. Pour exploiter au maximum cette occasion exceptionnellement favorable, je me rapproche du groupe à demi-vitesse (avec une mer arrière). Aucune réaction de la part du le destroyer.
Le Second officier de quart signale un nouveau destroyer à 50° de notre proue bâbord : ce doit être le balayeur arrière, mais heureusement pour nous, son inclinaison est large, sa proue est à droite, sa portée est de 3 000 mètres (8). Je dois continuer à me rapprocher du groupe car la portée du pétrolier est encore de 2 000 mètres. Le second officier de quart garde le destroyer arrière en observation, le Brückenmaat le destroyer tribord (9).
05h49
[Carreau AJ 9661]
Vent de Sud-Sud-Ouest force 2
Mer force 2
¼ couvert
Bonne visibilité
Aurores boréales fortes
Torpilles multiples tirées des tubes I-IV. I = vapeur de droite, II et III = pétrolier, IV = vapeur de gauche. Coordonnées générales du tir :
Trajectoire du convoi 180°, vitesse 8 nœuds. Données des tirs individuels : I = relèvement 85° vrai, inclinaison 85°, visée 15,5°. II & III, relèvement non enregistré, inclinaison mise à jour automatiquement, portée 2 000 mètres (10). IV = relèvement 80°, inclinaison 80°, visée 15,5°. Temps de fonctionnement et portée réelle : I = 118 sec., portée 1 820 mètres, Il & III = temps de fonctionnement 94 sec., portée réelle 1 450 mètres, IV = temps de fonctionnement 131 sec., portée 2 030 mètres.
Nous faisons ensuite demi-tour pour une attaque de poupe. Après 94 sec. un coup (T3) sur le pétrolier dans sa section arrière (11). Un nuage de détonation en forme de champignon d'où s'élève dans le ciel une autre haute colonne d'explosion blanche. Le pétrolier se brise à l'arrière et coule la poupe en premier en 45 secondes. La deuxième torpille manque son coup. Le pétrolier remplit près de deux largeurs de verre, même à une distance de 1 500 mètres (selon le parcours de la torpille) - environ 8 000 GRT. Un mât à l'avant et au milieu du navire. Derrière son unique et mince cheminée, il avait (pour un pétrolier) une poupe relativement longue.
Un deuxième impact sur le navire marchand se chevauchant sur la droite, durée 118 secondes. Un autre nuage de détonation épais et sale en forme de champignon et une nappe de flammes à l'arrière du mât avant. En raison de notre violente manœuvre à bâbord, le vapeur a été caché peu après la détonation et son sort ultérieur n'a pu être observé. Lorsque nous nous sommes retirés plus tard, les flammes n'étaient plus visibles et je considère qu'un naufrage rapide est probable étant donné l'impact à l'avant. C'était un navire marchand de taille moyenne, estimé à 5 000 GRT. Il n'a pas été déclaré coulé dans la transmission W/T, mais seulement touché.
Un troisième impact après 131 sec. sur le navire marchand chevauchant sur la gauche qui se brise en deux au milieu du navire. (Je suppose le deuxième T3). La proue et la poupe se soulèvent brusquement et coulent ensemble après 90 secondes supplémentaires. Un estimé à 5 000 GRT.
05h52
 
Deux torpilles tirées des tubes V et VI sur le seul navire marchand à la traîne, les points de visée sont les mâts avant et principaux. Relèvement 83° vrai, inclinaison 83°, visée 15,5°, portée 2 000 mètres.
Temps de parcours 117 sec. = 1 800 mètres. Nos efforts laborieux en avant ont porté leurs fruits. Après 117 secondes, un coup à la hauteur du pont le pont, suivi peu après par un coup à l'arrière. Le vapeur descend par l'avant après le premier coup (T3). Le deuxième coup provoque un incendie à l'arrière. Le vapeur reste d'abord à flot pendant que nous nous retirons la poupe enflammée du navire sortant de l'eau.
05h59
 
... la poupe en feu se soulève soudain davantage et le navire marchand s'enfonce dans les profondeurs la proue en premier (12).
Puis un bruit de détonation et une éruption de vapeur blanche suggérant une explosion de chaudière (13). Ce qui est particulièrement frappant avec ce dernier navire, c'est la hauteur relativement égale de sa superstructure.
06h02
 
Comme il n'y a pas de contre-attaque et qu'on ne voit pas de destroyers, je change de cap parallèlement au convoi, je recharge les torpilles et je commence une nouvelle manœuvre d'avance. Je n'aurais jamais pu oser espérer que ma première attaque sur un convoi se déroulerait aussi facilement, sans fusée éclairante ni contre-attaque de l'escorte.
06h45
 
Observation d'une fusée éclairante au relèvement de 110° vrai - exactement là où se trouve le convoi.
06h51 (14)
 
Signal court sortant transmis : Convoi AJ 9664, cap 180°, vitesse 8 nœuds. Lüdden.


1) Lüdden décrit ici la corvette le H.M. "Asphodel" (proue bâbord), le destroyer H.M. "Highlander" (en tête du convoi) et la corvette H.M. "Abelia" (proue tribord).
2) Le "Beverley" par le travers de la première rangée, le "Clover" par le travers de la dernière rangée, l'"Anemone" à l'arrière.
3) Vraisemblablement la corvette H.M. "Abelia".
4) Cela correspondrait à la position du "Beverley". Bien que Lüdden emploie le mot Kolonne ('colonne'), il semble en fait se référer à la première et à la deuxième rangée du convoi.
5) Kptlt Heinz Rahe de l'U-257. Cette phrase fournit un exemple de la nature a posteriori de la composition du Kriegstagebuch des U-Boote, puisque le signal sur lequel l'information de Lüdden est basée était un signal d'alerte. L'information de Lüdden n'a pas été envoyée par Rahe avant 07h29 - deux heures plus tard.
6) Comme précédemment, bien que Lüdden utilise le mot Kolonne (colonne'), il semble en fait faire référence à la dernière rangée du convoi.
7) l semble s'agir de la corvette H.M. "Clover", positionnée sur le travers tribord de la dernière rangée.
8) La corvette H.M. "Anemone".
9) Vraisemblablement les corvettes H.M. "Anemone" et "Abelia" respectivement, bien que la précision du chronométrage de Lüdden soit moins certaine. Le Brückenmaat ('second de pont') était le plus haut gradé du quart de pont composé de quatre personnes.
10) Par 'mise à jour automatique de l'inclinaison', Lüdden fait référence au réglage Lage laufend (mode de mise à jour automatique) de l'ordinateur de données des torpilles.
11) C'est l'attaque qui, par sa description au moins, correspond le plus au naufrage du H.M.S. "Beverley". La T3 était la dernière version de la torpille standard G7e standard. Aucun pétrolier n'est enregistré comme ayant été coulé ou frappé à ce moment-là.
12) Les points de suspension au début de cette phrase reflètent l'original.
13) Cela pourrait bien correspondre à l'explosion sous-marine enregistrée par les survivants et les navires voisins après le naufrage du "Beverley".
14) Ajout manuscrit au crayon.

Libre traduction par l'auteur du site des pages 327, 328 et 329 de l'ouvrage "U-Boat Attack Logs" de Daniel Morgan & Bruce Taylor chez Seaforth Publishing.

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