KTB U-553



Patrouille du 07 au 22 Octobre 1941 : PG 30590a, NHB, reel 1179, pp. 77-8
16 Octobre 1941
Heure
Détails
Événements
21h53
 
Transmission sortante : Convoi à 21h15, carreau AL 1192, bien échelonné. Sur tribord deux destroyers et une corvette (1).
22h26
 
Transmission sortante : Chassé par destroyer immédiatement après le dernier rapport. Convoi disparu dans la pluie. Visibilité maintenant à un demi-nautique. Nous adoptons une route générale au 30°. La position de convoi donnée se rapporte au groupe principal.
La tombée de la nuit est accompagnée de rafales lourdes et persistantes. Nous virons lorsqu'un destroyer apparaît à 1500 mètres devant nous; nous restons invisibles. Pluie persistante, nuit absolument noire. Nous nous dirigeons vers le convoi avec les deux moteurs à vitesse lente, route au 340°. Équipage au poste de combat.
Vers 23h30, la visibilité s'améliore légèrement, à 500 mètres d'abord, puis de 1000 mètres.
23h30
 
Ombre sur bâbord à 150 mètres qui s'avère être un destroyer. Passe devant notre proue. Je suis maintenant dans le milieu du groupe de tête. Convoi en route au 90°, vitesse 5 nœuds, nous entrons parmi le convoi avec nos deux moteurs à vitesse très lente. Nous faisons le point de la situation : au moins dix pétroliers entre 6000 et 9000 GRT. Nous passons à l'attaque sur le côté bâbord du convoi (2). Plus loin sur bâbord, il y a plusieurs petites corvettes.
24h00
Carreau AL 1962
Vent de Sud-Ouest force 4
Ciel couvert avec pluie
Mer force 5
Visibilité variable entre 100 mètres et deux nautiques
Houle moyenne de Sud-Ouest
 




Thurmann
17 Octobre 1941
00h00-00h07
 
Nous tirons à loisir avec les Tubes I, II et IV l'un après l'autre, chacun vise un différent pétrolier. Inclinaison 90°, vitesse de la cible 5 nœuds, distance entre 500 et 700 mètres. Aucun succès. Cela en dépit du changement d'angle de tir à chaque fois. Il est possible que les torpilles soient passées dessous. Réglage de la profondeur de 3 à 2 mètres. Nous faisons feu avec le Tube III sur un quatrième pétrolier, un coup au but au milieu du bateau, une gigantesque nappe de flammes typique d'un coup au but sur un pétrolier (3). Nous virons sec de manière à placer le navire entre nous et le destroyer. Ce dernier, qui a un canon bitube clairement identifiable monté sur sa plage avant, vire vers nous à une distance de 400 mètres (4). Alerte ! Nous stabilisons à T=35 m, puis allons à T=90 m; travail remarquable du L.I. effectué rapidement mais en douceur (5). Trois charges de profondeur tombent au point où nous avons plongé mais elles explosent bien au-dessus de nous (6). La seule conséquence est que nous avons des problèmes en chassant l'air des ballasts de plongée rapide après la remontée en surface. Le destroyer esquive les cargos ; aucune poursuite à l'Asdic. Nous attendons encore vingt minutes avant de faire surface, en nous assurant que nous le faisons plus au Sud.
01h00
 
Transmission sortante : Convoi carreau AL 1965, 90°, 5 nœuds, au moins dix moyens ou grands pétroliers. Deux destroyers de Classe "Trible" [sic] (7). Remarque signaux de balise.
01h40
 
Signaux de balise réguliers transmis.
02h05
 
Transmission sortante : Carreau AL 1966, pétrolier de 6000 GRT envoyé par le fond. Contraint de plonger par destroyer, charges de profondeur, aucun dommage.
Le convoi est maintenant à 1500 mètres par bâbord et très échelonné. Semble avoir été assemblés en groupes individuels qui gardent une grande distance entre eux. Cette impression se renforce pendant la nuit. Des obus éclairants sont tirés sur l'arrière. Nous chargeons les deux dernières anguilles, mais ce n'est pas une tâche facile étant donné l'état de la mer (8). Les hommes l'effectuant superbement. Un pétrolier est en flamme sur bâbord. Un autre U-Boot passe devant notre proue de tribord à bâbord juste à deux ou trois longueurs de nous, silhouette Nazie typique. La visibilité s'améliore.
 
 
04h33
 
Transmission sortante : Carreau AL 0146, convoi échelonné en 5 ou 6 groupes de 6 à 10 bâtiments chacun séparés de plusieurs milliers de mètres.
Sur bâbord une énorme flamme, un autre pétrolier brûle. Quelques obus éclairants sont tirés sur l'avant et sur l'arrière. Je décide de rattraper le groupe de tête dès que le rechargement sera terminé.


1) Les sources alliées ne font pas état des dispositions de l'escorte cette nuit-là. Cela n'est pas surprenant étant donné le chaos qui régnait à la fois face à l'attaque soutenue des U-Boote et en raison du grand nombre d'escortes qui se sont jointes au convoi. L'observation de Thurmann selon laquelle le SC 48 était 'bien étiré' est reprise dans sa référence à un 'groupe de tête' dans le message transmis à 22h26, répété à 02h05 le 17 et dans un autre message envoyé au B.d.U. à 04h33. Ce dernier décrit le convoi comme 'divisé en 5-6 groupes de 6-10 navires, les groupes étant séparés les uns des autres par une distance de plusieurs milliers de mètres'. Le SC 48 était en effet divisé en cinq rangées de 8 à 11 navires, mais ce qui est curieux dans ces observations répétées, c'est que les sources alliées ne font aucune référence à une quelconque perte de formation, alors que le Kptlt Gunther Krech à bord de l'U-558 rapporte que le convoi était 'échelonné... [avec] plusieurs navires à vapeur... plus en avant dans une formation lâche'. Tout cela suggère que la première rangée du convoi s'est déplacée bien avant les autres.
2) Aucun des navires marchands perdus cette nuit-là ne semble avoir navigué sur le côté bâbord de l'une des cinq rangées du convoi. Il est donc possible que Thurmann fasse en fait référence au côté tribord : il avait pénétré dans le convoi par l'avant et naviguait dans la direction opposée, ce qui signifie que les navires mentionnés se trouvaient sur son côté bâbord.
3) Cette explosion pourrait provenir du H.M.S. Gladiolus. La première perte de pétrolier de la nuit n'a pas eu lieu avant que le S.S. W. C. Teagle ne soit touché par l'U-558 à 01h31 heure allemande, presque 90 minutes après cette attaque. Dans son rapport de torpillage, Thurmann déclare que la détonation de la torpille a été 'entendue' dans le bateau et que la nappe de flammes a été aperçue, bien que le rapport de torpillage indique clairement qu'il n'a pas vu le navire en question.
4) D'après son message de 01h00, Thurmann pensait que l'escorte comprenait deux destroyers de classe "Tribal" (qui étaient armés de canons de 4,7 pouces à double affût). Ce n'était pas le cas, et aucune escorte présente avec le convoi à ce moment-là n'était équipée de supports doubles.
5) Par 'T = 35' et 'T = 90 m', Thurmann semble enregistrer des plongées de 175 mètres (575 pieds) et 230 mètres (755 pieds) respectivement.
6) On ne sait pas exactement qui, parmi les escortes, larguait des charges de profondeur à ce moment-là, mais lorsqu'elle a été témoin d'une attaque sur le convoi à 22h05, heure du convoi (00h05, heure des sous-marins), la corvette H.M.C. Baddeck a tiré des fusées éclairantes vers le Nord-Est et le Sud-Sud-Est tout en effectuant un balayage RDF 'devant le convoi à environ 2 000 mètres entre la huitième colonne et la proue bâbord'.
7) Aucun destroyer de classe "Tribal" n'était présent sur ce convoi.
8) 'Eels' (allemand = Aale) était l'argot des sous-marins pour désigner les torpilles.
⇒ Passage du KTB qui n'a aucune incidence sur le récit

Libre traduction par l'auteur du site des pages 130 et 131 de l'ouvrage "U-Boat Attack Logs" de Daniel Morgan & Bruce Taylor chez Seaforth Publishing.

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