M-99


Le M-172 de la même série que le M-99
Le M-172 de la même série que le M-99


- Voenno-Morskoi Flot.

- En 1933, l'Union soviétique se lance dans le programme de construction de sous-marins le plus ambitieux de l'entre-deux-guerres. En Juin 1941, la marine soviétique est en possession de la plus grande flotte de sous-marins du monde, composée de plus de 200 unités réparties en douze classes construites pour la plupart à partir de 1930. Outre les sous-marins de grande et moyenne taille, les travaux ont commencé en 1932 sur une classe de petits bateaux côtiers à la portée limitée (1 600 nautiques) et à l'armement torpilleur extrêmement modeste (deux tubes d'étrave et deux torpilles). Désigné sous le nom de classe Malyutka ('M') (maly signifiant 'petit' en russe), le prototype initial du Type-VI fut étendu au Type XII à partir de 1934. Une unité de cette dernière classe est le M-99, construit au chantier naval n° 196 de Leningrad (Sudomekh), lancé en Avril 1940 et affecté à la Krasnoznammenny Baltiiskii Flot (Flotte balte à bannière rouge - KBF) en Juillet de la même année. Sa période de préparation est écourtée par l'arrivée de l'hiver et le gel annuel du golfe de Finlande. Au début des hostilités avec l'Allemagne en Juin 1941, le M-99 fait partie de la 8ème division de la 2ème brigade de sous-marins de la KBF opérant depuis la base soviétique de Hanko (suédois : Hangö) dans le Sud de la Finlande, bien que le manque d'installations de réparation sur place signifie qu'il passe probablement au moins un mois à Tallinn pour se préparer aux opérations en mer. Le M-99 appareille de Tallinn pour sa première patrouille le 21 Juin sous les ordres du nouveau Starshii leitenant (lieutenant supérieur) B. M. Popov, et revient le soir suivant avec le début de l'opération "Barbarossa". Dans la nuit du 24 Juin, le M-99 est affecté à une position entre les îles d'Utö (Finlande) et de Hiiumaa (Estonie) à l'embouchure du golfe de Finlande ('position n° 7), ce qui le place parmi les premières unités navales soviétiques à entamer les hostilités contre l'Allemagne.

- Au début de la Grande Guerre patriotique - terme encore utilisé par les Russes pour désigner le conflit avec l'Allemagne qui a débuté le 22 Juin 1941 - l'Union soviétique jouit d'un énorme avantage numérique sur ses adversaires en matière de sous-marins. En outre, l'annexion des États baltes et la cession de Hanko et de l'isthme de Carélie, dans le Sud de la Finlande, en 1940, confèrent à la marine soviétique une position stratégique renforcée sur le théâtre balte. Pourtant, cela ne se traduit nullement par une supériorité initiale. Outre le fait que les Russes ne déploient qu'un tiers de leur force sous-marine dans la Baltique (qui n'est qu'un des quatre théâtres d'opérations sous-marines), la soudaineté de l'attaque allemande fait qu'un grand nombre de bateaux soviétiques sont inaptes à la guerre. Le golfe de Finlande vient tout juste de devenir entièrement navigable après le dégel du printemps et l'ordre de passer au premier état de préparation opérationnelle n'est transmis à la KBF par l'Admiral V. I. Kuznetsov, Narodny Kommissar (commissaire national) et chef d'état-major de la marine soviétique, que peu avant minuit le 21 Juin - la veille de l'attaque allemande. Ainsi, certains navires ne sont même pas en état de naviguer et un certain nombre d'équipages n'ont pas encore terminé leur formation de base. C'est notamment le cas des sous-marins de taille moyenne et de grande taille des 1ère et 2ème brigades, laissant ainsi les petits Malyutka supporter le poids des opérations initiales.
- La majorité des U-Boote étant affectée aux opérations dans l'Atlantique et le gros de la flotte de surface allemande affrontant la Royal Navy, le haut commandement naval allemand dispose de relativement peu de ressources pour mener une campagne navale dans l'Ostsee - la Baltique. La principale stratégie employée pour empêcher les incursions des navires de surface et des sous-marins est donc celle de l'endiguement, qui commence par la pose de vastes champs de mines aux points stratégiques clés. Ceux-ci comprennent les trois champs de Wartburg qui s'étendent de Klaipèda (Ger. : Memel) en Lettonie à l'île suédoise d'Öland, ainsi que les champs de Weimar, Erfurt, Eisenach, Coburg et Gotha qui bloquent les entrées des ports lettons de Liepāja (Ger. : Libau) et Ventspils (Ger. : Windau), le détroit d'Irbe et les détroits de Soela et de Moon respectivement. Comme pour les champs de Corbetha et d'Apolda posés plus à l'Ouest, cette opération est réalisée sans éveiller les soupçons de la KBF, bien que de nombreux navires de surface soviétiques aient enregistrés à la vue de tous pendant le déroulement des opérations.
- Cinq des petits bateaux côtiers de type IID sont tout ce que le B.d.U. peut rassembler pour patrouiller les eaux autour de ces champs de mines. Les U-140 et U-144 sont déployés au large de Liepāja et de Ventspils, l'U-142 est positionné au Sud de Gotland, l'U-145 à l'Ouest des îles de la Baltique et l'U-149 du Kptlt Horst Höltring à l'Ouest du champ de mines Apolda. L'U-144 porte le premier coup du conflit sous-marin en coulant le M-78 alors que celui-ci appareille de Liepāja quarante-huit heures seulement après le début de la guerre, bien que la perte de l'U-144 le 10 Août n'ait laissé au B.d.U. qu'un bref message pour enregistrer l'exploit. Trois jours après le naufrage du M-78 et à 250 nautiques au Nord, l'U-149 aperçoit une petite ombre à l'embouchure du golfe de Finlande peu après 01h00 le 27 Juin. Le Kptlt Höltring l'identifie rapidement comme étant un sous-marin soviétique de classe 'M', mais plusieurs heures s'écoulent avant que l'U-149 ne soit en mesure de mettre fin à la brève carrière du M-99 dans la nuit blanche d'un été nordique.

- Comme le montre clairement le journal de guerre de Höltring, le M-99 a connu une fin soudaine et catastrophique après une attaque à bout portant. Dans son rapport sur la torpille, Höltring développe le journal de bord en notant un 'impact massif et puissant sur la cible, un sous-marin réduit en miettes. Un haut nuage d'explosion brunâtre dans lequel on peut voir de grandes taches sombres, vraisemblablement des morceaux de l'épave. Naufrage immédiat, légère réverbération ressentie dans le bateau'. La marine soviétique n'avait aucune connaissance de ce qui était arrivé au M-99, le dernier contact étant une observation au large du Cap Ristna (la pointe la plus à l'Ouest de l'île de Hiiurnaa) le 25. On craint le pire après qu'une succession de messages radio soit restée sans réponse et qu'il n'ait pas réussi à se rendre à un rendez-vous à cinq nautiques à l'Est du Cap Ristna le 03 Juillet. Le M-103, qui patrouillait dans un secteur adjacent au M-99, a signalé une importante explosion dans la région le 28, au moins un jour après l'attaque de l'U-149. L'état-major de la 2ème Brigade pense que le M-99 a été victime d'une mine, mais les détails de l'après-guerre sur le déminage allemand et le journal de guerre de Höltring laissent peu de doutes sur son sort réel.
- On doit supposer que St. 1-t Popov et son équipage de dix-neuf hommes sont morts instantanément dans l'énorme explosion décrite par Höltring.



Libre traduction par l'auteur du site des pages 102, 103 et 104 de l'ouvrage "U-Boat Attack Logs" de Daniel Morgan & Bruce Taylor chez Seaforth Publishing.
Sources : le Net


gauche milieu

Homepage