F.N.F.L. (ex H.M.S.) "Mimosa"
(K 11)
F.N.F.L. "Mimosa" (© IWM)
- La corvette "Mimosa" est construite chez
Charles Hill & Sons Ltd à Bristol en Avril 1940 et
lancée en Janvier de l'année suivante.
Commandée à l'origine pour la Royal Navy, elle est
devenue, le 03 Mai 1941, la première corvette à
être mise en service dans la FNFL. Bien que son nom soit
parfois donné comme "Mimose" (peut-être parce que sa
sister-ship "Alyssum" a été rebaptisée
"Alysse"), il n'y a aucune preuve dans
la documentation française ou britannique qu'il ait jamais
été autre chose que "Mimosa". Le mois de Juin est
consacré à l'entraînement à
l'école anti-sous-marine de Tobermory et à des
réparations sur la Clyde avant que le navire ne soit
affecté au 20th Canadian Escort Group (EG-C20) de la
Newfoundland Escort Force en Juillet. Le "Mimosa" et ses
compagnons vont recevoir un terrible baptême du feu,
plusieurs de leurs premiers convois étant malmenés
par des attaques concentrées de U-Boote et l'un des leurs,
le H.M.S. "Gladiolus", succombant en
défendant le SC 48 en Octobre 1941. Le service d'escorte
se poursuit jusqu'au début du mois de Décembre,
lorsque le "Mimosa" hisse le drapeau du commandant en chef de la
marine française libre, le Vice-Amiral Émile-Henri
Muselier, et se joint à ses sister-ships "Aconit" et "Alysse" et au croiseur sous-marin
"Surcouf" pour la prise de
Saint-Pierre-et-Miquelon, au large de Terre-Neuve, la veille de
Noël. Cela a pour effet d'amener un certain nombre d'hommes
locaux dans l'équipage du "Mimosa". Après avoir
escorté le câblier "Lord Kelvin" lors d'une longue
inspection d'un câble sous-marin près de
Saint-Pierre, le "Mimosa" reprend finalement son service de
convoyage en Mars 1942. Le 03 Juin, il quitte Londonderry pour
rejoindre l'escorte du convoi ON 100 à destination de
Halifax.
- Le 04 Mai 1942, l'U-124 (Kptlt Johann Mohr) quitte Lorient pour faire
partie du groupe "Hecht" ('brochet'),
composé de six bateaux, destiné à des
opérations au large de la côte est des
États-Unis. Cependant, bénéficiant
d'excellents renseignements, le groupe fut rapidement
réaffecté à l'Atlantique Nord où,
tôt le 12 Mai, l'U-124 envoie par le fond quatre navires de
l'ON 92 à destination de Halifax. Le groupe "Hecht"
parcourt le milieu de l'Atlantique pendant un autre mois, mais le
mauvais temps et une puissante escorte de convois ne lui
permettent pas de faire grand-chose, jusqu'à ce que le
convoi ON 100 coupe la ligne de patrouille des U-Boote dans
l'après-midi du 08 Juin. À première vue, un
convoi limité à sept nœuds et défendu
par seulement cinq escortes doit être une proie
relativement facile pour une attaque concertée des
U-Boote. Cependant, l'escorte, qui comprend le destroyer canadien
"Assiniboine" (officier supérieur) et les corvettes
"Dianthus" et "Nasturtium" de la Royal Navy et l'"Aconit" et le
"Mimosa" de la FNFL, s'avère très difficile
à pénétrer, aidée en cela par le fait
que toutes, sauf le "Mimosa", sont équipées du
dernier radar Type-271. Tôt le 09, le commandant du
"Mimosa", le Capitaine de Frégate Roger Birot, se retire
dans sa cabine, pensant que la situation du convoi est
sûre. Il ne peut pas mieux tomber, car c'est à ce
moment-là que Mohr, n'ayant pas réussi à
percer l'écran, tourne son attention frustrée vers
la corvette qui se trouve à tribord du convoi.
- La torpille de l'U-124 a frappé le "Mimosa" sur le
côté bâbord, à l'arrière,
près de la salle des machines, à 01h22, heure des
Alliés, lui coupant la puissance et causé son
affaissement par la poupe. Ce que Mohr prit pour une explosion de
chaudière fut considéré par l'officier de
quart, l'aspirant R. Lamy, comme un deuxième impact, bien
qu'arrivant trente ou quarante secondes après le premier,
il devait en effet provenir du navire. Quoi qu'il en soit, cette
seconde explosion a fait remonter la proue du "Mimosa" à
un angle de trente ou trente-cinq degrés. Lamy a ensuite
rappelé la détonation d'une série de charges
de profondeur au moment où le "Mimosa" se dressait dans
l'eau, le navire sombrant dans les trois minutes qui ont
suivi.
- Le B.d.U. n'a pas tari d'éloges sur Mohr, dont le bilan
avec le groupe "Hecht" était le "Mimosa" et six navires
marchands, citant une fois de plus sa 'ténacité et
son habileté à maintenir le contact avec les
convois et à gagner des positions en avant de ceux-ci,
puis sa résolution à attaquer'. Vers la fin de la
croisière, Dönitz demande à Mohr si les
difficultés rencontrées par le groupe "Hecht" pour
s'approcher des escortes la nuit peuvent être
attribuées au fait que les Alliés ont
développé une forme viable de radar
embarqué. Mohr répond que c'est peu probable et
suggère que les cas de destroyers qui l'approchent sont en
grande partie une question de coïncidence. Comme il avait
tort !
- Sur la passerelle, l'aspirant Lamy a à peine le temps
d'enregistrer la première torpille et de commencer
à dégager les débris que la deuxième
explosion se produit. Après avoir vainement tenté
de faire sonner la sirène à vapeur, il s'attache
à envoyer un signal de détresse. L'ordre
donné aux autres hommes de quart de tirer deux
fusées est resté lettre morte car ils
étaient déjà en train d'abandonner le
navire. Lamy s'est alors dirigé vers le local de
navigation pour récupérer le pistolet Very, mais il
s'est retrouvé coincé à l'intérieur
lorsque la poupe du "Mimosa" s'est enfoncée. Ce n'est que
lorsque le local a été entièrement
submergée qu'il a réussi à se
libérer, remontant à la surface à temps pour
voir le "Mimosa" disparaître complètement. Une autre
charge explosive a explosé pendant que Lamy nageait loin
de l'épave, et il a fini par trouver un radeau vide. Bien
que trop faible pour y grimper, Lamy s'est accroché
pendant plus de deux heures, entendant parfois les bruits
d'autres hommes à proximité mais ne voyant
personne, jusqu'à ce qu'il soit rejoint vers 04h00 par le
maître-radio Bracher et le matelot gabier Guégan. A
eux deux, ils ont assez de force pour grimper sur le radeau.
À 05h30, ils entendent les cris de l'Officier en second,
le Lieutenant de Vaisseau A. Vissian sur un hydravion à
400 mètres de là. Vissian est hissé sur le
radeau à 06h00, l'hydravion étant remorqué
avec les corps de l'Enseigne de vaisseau de 2e classe Daniel Jean
Alionier et du Matelot 'Asdic' Hervé Jean Le Dizet.
- Comme pour le H.M.C.S. "Spikenard"
en Février, ni le convoi, ni son escorte, ni dans ce cas
le navire de sauvetage "Gothland", n'ont compris ce qui
était arrivé au "Mimosa" que bien plus tard. Le
"Dianthus", qui naviguait sur le quart bâbord du convoi, a
entendu une série de tirs de charges de profondeur
après 02h15 GMT. Il a signalé à
l'"Assiniboine" qu'un navire sur la hanche tribord avait
été vu en train de se servir d'une lampe Aldis vers
la tête du convoi mais a décidé de ne pas
quitter son poste pour enquêter sur un incident qui
n'était pas de son ressort. Le L.V. Jean Levasseur,
commandant de l'"Aconit", a enregistré une succession
d'explosions sous-marines, se rappelant
qu'il n'avait pas réalisé que le "Mimosa"
avait été torpillé. Aucune flamme n'avait
été aperçue et je pensais que le "Mimosa"
avait attaqué un contact avec un pattern de charges de
profondeur. La présence d'une lumière calcique
flottant sur l'eau a confirmé mon opinion. Lorsque j'ai
mis le cap sur l'avant 090 à 02h34, j'ai senti une forte
odeur de poudre à canon et d'huile, mais comme les navires
marchands avaient l'habitude de se débarrasser de l'huile
de leurs cales la nuit, je n'ai pas été surpris.
L'odeur de la poudre à canon peut être confondue
avec l'odeur des charges de profondeur.
- Levasseur a donc attribué le silence radio du "Mimosa"
au fait qu'il avait écarté la possibilité
que son contact soit un sous-marin, et un flot de messages radio
entre les escortes restantes cette nuit-là a seulement
réussi à établir qu'aucun navire marchand
n'avait été perdu. Comme pour le "Spikenard", ce
n'est qu'à l'aube que Levasseur se rendit compte de la
perte probable du "Mimosa", surpris de ne pas le voir dans la
lumière naissante. Il a immédiatement
signalé à l'"Assiniboine", exprimant à la
fois son inquiétude et sa volonté de faire
demi-tour pour chercher des survivants, mais c'est
l'"Assiniboine" qui l'a fait, apercevant le radeau contenant Lamy
et ses trois compagnons peu après 08h00. Ils furent les
seuls survivants d'un équipage qui comprenait six membres
de la Royal Navy - cinq officiers de communication et l'officier
de liaison, le sous-lieutenant R. E. J. Theobald RNVR. Il y eut
cinquante-neuf morts français, et la perte d'un officier
chevronné tel que Roger Birot fut une sévère
privation pour la FNFL. Les morts sont commémorés
sur le mémorial de la marine française libre
érigé sur Lyle Hill près de Greenock, en
Écosse.
Libre traduction par l'auteur du site des pages 244, 245 et 246
de l'ouvrage "U-Boat Attack Logs" de Daniel Morgan & Bruce
Taylor chez Seaforth Publishing.