Neger/Marder



Neger
Neger


Silhouette du Neger
Silhouette du Neger


- Les submersibles allemands sont parmi les conceptions les plus impraticables et les plus meurtrières (pour leurs opérateurs) de tous ceux produits par les belligérants pendant la Seconde Guerre mondiale. Malgré le fait que, en tant que derniers venus dans ce domaine, Eckenforde près de Kiel. Mohr joue un rôle considérable dans le développement de l'engin, notamment en effectuant une grande partie des tests, si bien que le nom donné à l'engin, Neger (Nègre) est un jeu de mots avec son propre nom (Mohr est le mot allemand pour Maure). L'arme est extrêmement simple et consiste en une torpille G7e qui est équipée d'un petit cockpit recouvert d'un dôme en plexiglas dans lequel l'opérateur peut s'asseoir.

- L'engin est propulsé par un moteur électrique similaire à celui utilisé dans les torpilles conventionnelles. Il pèse environ 5 tonnes et a une portée de 30 nautiques à 3 nœuds. Il est armé d'une seule torpille G7e qui est suspendue en dessous.


Déplacement
2,70 tonnes avec l'armement
Dimensions
7,60 x 0,5 mètre(s)
Propulsion
1 x moteur électrique de 12 cv
Vitesse
4 nœuds
Autonomie
48 nautiques à 3 nœuds
Armement
1 x torpille électrique G7e
Équipage
1

- L'engin ne peut pas plonger mais possède simplement une flottabilité positive suffisante pour supporter la torpille. Une version plus grande du Neger appelée Marder est construite. Ce dernier est équipé d'un ballast et peut plonger jusqu'à une profondeur de 25 m pendant de très courtes périodes.

- L'opérateur est équipé de commandes rudimentaires, d'une boussole de poignet, d'un appareil respiratoire autonome Draeger et d'un dispositif de visée rudimentaire constitué d'une échelle graduée inscrite sur le dôme en plexiglas et d'une pointe de visée sur le "nez" de l'appareil, un peu comme le guidon d'un fusil. Une poignée dans le cockpit permet de déclencher la torpille qui démarre et file à une profondeur prédéfinie. L'un des inconvénients de l'appareil est que, parfois, la torpille démarre mais ne parvient pas à se déclencher, emportant l'unité supérieure et l'opérateur dans l'oubli.

- En théorie, et surtout aux yeux des planificateurs à terre, la vision d'un essaim de Marder écrasant une flotte d'invasion est séduisante. En réalité, la position est très différente. L'opérateur est trop bas pour voir correctement et le dôme en plexiglas est facilement obscurci par le pétrole ou d'autres écumes dans l'eau, ce qui le rend aveugle. S'il ouvre le couvercle en plexiglas pour avoir une meilleure vue, il risque de submerger l'embarcation. Le taux de pertes de 60 à 80% des équipages Neger/Marder lors des opérations est le résultat direct de ces défauts de conception. Environ 200 Neger et 300 Marder sont livrés. Parmi les Neger, environ 120 sont perdus au combat - le nombre de Marder perdus n'est pas clair.

Opérations Neger/Marder

- Les Negers/Marders ne sont pas déployés mais lancés contre les flottes d'invasion anglo-américaines au large d'Anzio et des plages de Normandie. En théorie, ces zones opérationnelles offrent une multitude de cibles sous la forme de navires de guerre et de transports alliés ancrés au large des plages, mais dans la pratique, les opérations sont tout simplement désastreuses. Les défauts de la conception deviennent évidents lorsqu'il est découvert qu'en raison de la faible pente des plages d'Anzio, les opérateurs de Negers doivent enrôler 500 soldats réticents pour creuser des rampes de lancement. Leur seule opération à Anzio a lieu dans la nuit du 20 au 21 Avril 1944, lorsque vingt-quatre Negers sont envoyés contre la flotte d'invasion. Treize reviennent sans avoir pu trouver de cible tandis qu'au moins quatre sont coulés par les escorteurs. Un Neger s'échoue sur la plage, l'opérateur étant mort dans le cockpit, ce qui fournit un exemple de cette nouvelle arme à étudier pour les Alliés. Les cinq autres engins disparaissent tout simplement et sont probablement perdus dans des accidents. Aucun navire allié n'a été coulé ou endommagé, ce qui est de mauvais augure pour l'avenir.

- La Normandie est la prochaine cible des Marder. Leurs opérations sont ici encore plus limitées par leur environnement qu'à Anzio. En raison de la supériorité aérienne écrasante des Alliés, les Marder doivent être lancés de nuit et ont ensuite besoin de la marée descendante pour atteindre leurs cibles. Ils attaquent leurs cibles et, avec un peu de chance, reviennent sur terre avec la marée montante. Ces contraintes limitent effectivement les opérations des Marder à seulement trois ou quatre nuits par mois.

- Malgré le fait qu'un Neger est capturé intact à Anzio, l'apparition de son demi-frère au large de la Normandie dans la nuit du 05 au 06 Juillet 1944 est quelque peu surprenante. Les Alliés ont déjà adopté un plan de défense du mouillage d'invasion. En raison des restrictions imposées aux mouvements des navires et des sous-marins allemands par leurs propres champs de mines et par l'écrasante supériorité aérienne alliée, une défense statique est adoptée. Elle réduit le risque de collision et réduisit au minimum l'usure des coques et des machines des navires. Les patrouilles en mer sous le commandement du Captain A F Pugsley de la Royal Navy consistent en une ligne de dragueurs de mines ancrés à 5 encablures les uns des autres, à 6 nautiques du rivage et parallèlement à celui-ci. Les dragueurs de mines sont soutenus par deux ou trois divisions de MTB et par un certain nombre de destroyers.

- La défense contre les attaques lancées depuis la mer ne pose pas vraiment de problème. La véritable menace provient des attaques lancées depuis la terre, et en particulier depuis la partie est de la zone d'assaut. Les mouillages américains dans la partie Ouest de la zone d'assaut sont peu menacés après l'occupation rapide par les Américains de la côte est de la presqu'île du Cotentin. En revanche, dans la partie est, les Allemands tiennent toujours le terrain à l'est de l'Orne en force ainsi que le port du Havre et c'est de cette zone que vient la principale menace. La défense des mouillages de l'Est exige des mesures vigoureuses et il est décidé de renforcer les patrouilles statiques actuelles par la formation du Support Squadron Eastern Flank (Escadron de soutien du flanc) est sous le commandement du Commander K A Sellar RN. Le Squadron est composé de la vieille canonnière chinoise H.M.S. Locust comme bâtiment principal et de soixante et onze autres bâtiments, principalement des LCG, des LCF, des LCS et des vedettes motorisées, avec un total de 240 officiers et 3 000 hommes.

- Une double ligne de patrouille est établie sur environ 6 nautiques au Nord de Ouistreham et de là sur 2 nautiques en direction du Nord-Ouest jusqu'à ce qu'elle entre dans la zone où opèrent les patrouilles de défense maritime. La première ligne est constituée des péniches de débarquement, ancrées à 3 ½ encablures l'une de l'autre. La deuxième ligne est constituée d'une vedette à moteur pour deux péniches de la ligne statique. Si la situation est calme, les ML se contentent de s'arrimer à l'une des péniches de débarquement. Lorsqu'une alerte est déclenchée, ils larguent les amarres et patrouillaient la zone entre les deux péniches dont ils sont responsables. Ce système est connu sous le nom de Trout Line. Le déploiement nocturne de la Trout Line est une question de timing extrêmement précis. Si la ligne est déployée trop tôt, les navires sont bombardés depuis la côte. Le retrait du matin doit être effectué juste avant les premières lueurs du jour pour la même raison. La Trout Line est déployée pour la première fois le 28 Juin et à partir de cette date jusqu'à la nuit du 05 Juillet, elle connait une existence tranquille.

- La première observation d'un Marder est survenue quelque peu comme une surprise. L'expérience du ML.151 peut être considérée comme typique de celle des navires de l'escadron de soutien ce matin-là. Le ML.151 est amarré à l'arrière du LCF.21 dans la ligne de défense statique lorsque, peu après 03h00, son attention est attirée par un mégaphone sur un objet se déplaçant sur le quart tribord de la péniche de débarquement. Le ML.151 fait marche arrière mais à 03h07 du matin une torpille passe sous lui et se dirige vers le LCG(L).681. Le ML essaye alors d'éperonner mais est forcé de faire demi-tour à cause des tirs du LCF.21 et du LCG(M).681. À 03h15, l'ennemi plonge et le ML.151 bombarde la zone avec des charges de sabordage de 5 livres avant de procéder à larguer des charges similaires sur une zone beaucoup plus vaste à l'Est de la Trout Line. Cet engagement donne le ton à de nombreux autres cette nuit-là et tôt le lendemain matin. Les Britanniques ne sont pas du tout sûrs de ce sur quoi ils tirent et ce n'est que le matin, lorsque les résultats de la nuit peuvent être rassemblés et les prisonniers interrogés, qu'ils peuvent comprendre ce qui s'est passé. Treize des armes sont détruites et un certain nombre de leurs opérateurs faits prisonniers. Cependant, du côté du débit, il y a la perte des dragueurs de mines H.M.S. Magic et Cato.

- D'autres sorties de Marder sont lancées les 08 et 09 Juillet, les 02 et 03 Août, les 15 et 16 Août et le 17 Août. Les opérations sont extrêmement infructueuses : en échange de la perte de 99 Marder, les pertes infligées aux Britanniques se montent à un destroyer, trois dragueurs de mines, un chalutier, deux navires marchands et un certain nombre de péniches de débarquement, dans une zone remplie de transports et de navires de guerre. L'absence de succès significatif reflète l'inadéquation du Marder comme arme d'attaque. L'embarcation est peut-être techniquement fiable, mais l'opérateur unique est désespérément surchargé de travail. Il doit diriger son embarcation, se faufiler à travers une défense vigilante et agressive, puis sélectionner une cible tout en étant assis dans une position extrêmement inconfortable et en ne pouvant voir qu'à quelques centimètres au-dessus de l'eau, dont la surface est souillée par du pétrole et d'autres détritus. La plupart des opérateurs Marder tirent probablement sur la première ombre qui se pointe devant eux. Ils n'ont plus jamais été utilisés en opération.

Histoire.
Vestiges.



Glossaire
Source : Midget Submarines of the Second World War.

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