H.M.S. "Picotee"
H.M.S. "Picotee"
- Le H.M.S. "Picotee" est construit chez
Harland & Wolff à Belfast en Mars 1940, lancé
en Juillet et achevé le 05 Septembre de la même
année. Après effectué ses essais au H.M.S.
"Western Isles", il est affecté au 4th Group of Western
Approaches Command à Greenock, et rejoint son premier
convoi, l'OB 218, à la fin du mois de Septembre. Le
"Picotee" se retrouve rapidement en action, effectuant sans
succès une attaque aux charges de profondeur contre
l'U-32 après que ce dernier ait
coulé le S.S. "Empire Ocelot" au Sud-Ouest de Rockall le
28 Septembre. Le service d'escorte, principalement sur le trajet
Islande-Royaume-Uni, se poursuit jusqu'en Avril 1941, date
à laquelle le navire passe aux mains de l'arsenal pour
être réparé et remis en état, avant de
reprendre le combat en Juin. Le 07 Août, il quitte Greenock
pour rejoindre le convoi ON 4.
- Le 03 Août, l'U-568 quitte
Trondheim pour effectuer sa première patrouille
opérationnelle et se positionne finalement à cheval
sur les routes des convois au Sud de l'Islande. Dans la
soirée du 03 Août, la patience du Kptlt Joachim Preuss est
récompensée par l'apparition de la partie du convoi
lent ON 4 en direction de l'Islande, faiblement escorté
par le chalutier anti-sous-marin "Ayrshire" à bâbord
et le H.M.S. "Picotee" (officier supérieur de l'escorte)
à tribord. Juste avant 02h00 GMT, le "Picotee" semble
avoir établi un contact avec un sous-marin, probablement
l'U-568 lui-même. L'"Ayrshire" note qu'il se replie sur le
côté tribord du convoi, suivi peu après par
le bruit de l'explosion de charges de profondeur. C'est la
dernière fois que l'"Ayrshire" voit le "Picotee", et
même un soupçon croissant de désastre
n'incite pas l'"Ayrshire" à faire un effort pour
découvrir ce qui a pu lui arriver.
- Comme personne n'a survécu à la perte du H.M.S.
"Picotee", le récit du Kptlt Preuss reste la principale
source sur sa disparition. Les seuls témoins alliés
dignes d'intérêt sont l'officier W/T et le second
officier du cargo danois S.S. "Delaware", qui ont
déclaré avoir vu ce qu'ils ont
interprété comme un panache de fumée
accompagné d'un sifflement (semblable à de la
vapeur qui s'échappe) émanant du "Picotee" vers
02h00. Lorsque la fumée s'est dissipée, ils ont
perçu le profil 'indubitable' de l'étrave de la
corvette sortant de l'eau à 45°, suivi d'une
série de bruits sourds correspondant à des
détonations de charges de profondeur.
- Le fait qu'aucun membre de l'équipage du "Picotee" n'ait
jamais été sauvé peut être dû
à une liste de négligence, de confusion et
d'incompétence qui s'ensuivit, et qui s'étendait
non seulement aux éléments du convoi et à
son escorte restante, mais aussi au commandement naval
britannique à Reykjavik.
- Une grande partie de la confusion initiale était
compréhensible. Plusieurs navires ont enregistré
des bruits de charges de profondeur entre 02h00 et 02h15, les
attribuant à une attaque du "Picotee" plutôt qu'aux
explosions que Preuss a enregistrées lors de son naufrage.
Bien que le capitaine du navire amiral du convoi, le "Discovery
II", ait vu un 'éclair rouge et de la fumée noire
et blanche', il a affirmé avoir vu le "Picotee"
apparemment intact quelques minutes plus tard, avant que sa vue
ne soit masquée par d'autres navires de la colonne. Pour
leur part, les officiers du "Delaware" ont supposé que le
cargo yougoslave S.S. "Tsrat", qui passait directement devant le
lieu du naufrage, tenterait de sauver les survivants. Toutefois,
le "Tsrat" a affirmé par la suite n'avoir rien vu, bien
que les témoignages de son équipage aient
été jugés 'peu fiables' à cet
égard. Le S.S. "Akershus", quant à lui, a vu de la
fumée à l'arrière de la position
supposée du "Picotee" et, à 02h00, a affirmé
avoir aperçu un sous-marin, tirant immédiatement
les fusées notées dans le journal de Preuss. La
seule autre action entreprise à l'égard du
"Picotee" cette nuit-là est celle du commodore du convoi
à bord du "Discovery II", le capitaine G. N. Jones RNR,
qui, à 04h15, signale à l'"Ayrshire" 'Avez-vous vu
une corvette ? Le lieutenant L. J. A. Gradwell RNVR lui
répond 'La corvette peut se débrouiller toute
seule', une réponse qui résume parfaitement le
destin du "Picotee". Bien que les communications radio des deux
escortes aient été enregistrées comme
'fonctionnant parfaitement' jusqu'à ce moment-là,
l'"Ayrshire" n'a pas tenté de savoir ce qui était
arrivé à l'officier supérieur de l'escorte
au cours des vingt-quatre heures suivantes et Gradwell a par la
suite indiqué qu'il pensait que le "Picotee"
s'était retiré pour chasser les U-Boote.
- Cependant, l'inaction de l'"Ayrshire" n'était qu'une
partie du fiasco, car la disparition du "Picotee" n'a pas
été reconnue pendant quatre jours. En arrivant
à Reykjavik à 06h00 le 13 Août, les preuves
cruciales fournies par les marchands qui auraient pu expliquer la
disparition de "Picotee" du convoi n'ont pas été
portées à l'attention des autorités 'pour
diverses raisons'. L'observation de l'officier W/T du "Delaware",
le seul navire allié à avoir été
témoin de la perte du "Picotee", n'a pas été
transmise à l'officier supérieur islandais, le
Rear-Admiral F. H. G. Dalrymple-Hamilton, par la police de
sécurité militaire, et l'échange de signaux
entre le capitaine Jones et le lieutenant Gradwell n'a pas
été mentionné dans le compte rendu de l'un
ou l'autre officier à Dalrymple-Hamilton. Le dernier
chapitre de ce lamentable épisode a été le
déclenchement d'une recherche aérienne le 16 (plus
de quatre-vingt-seize heures après le naufrage)
après que le Western Approaches Command ait demandé
des informations sur la raison pour laquelle le "Picotee" ne
répondait pas aux messages. Les recherches ont abouti
à la découverte d'un radeau et d'un canot vides aux
premières heures du 17. On ne saura jamais s'ils
appartenaient au "Picotee".
Libre traduction par l'auteur du site des pages 109, 110 et 111
de l'ouvrage "U-Boat Attack Logs" de Daniel Morgan & Bruce
Taylor chez Seaforth Publishing.
Sources : le Net