H.M.S. "Salopian" (ex M.S. "Shropshire")


H.M.S. Salopian © Bruce Taylor collection
H.M.S. Salopian (© Bruce Taylor collection)


Type
Paquebot
Chantiers de Construction
Fairfield Shipbuilding and Engineering Company, Limited à Govan, Glasgow (Écosse)
Lancement sous le nom de "Shropshire"
10 Juin 1926
Terminé
Octobre 1926
Réquisition
25 Août 1939
Caractéristiques techniques
Longueur : 153,01 mètres
Largeur : 18,36 mètres
Tirant d'eau : 9,06 mètres
Déplacement : 10192 tonnes
Déplacement maxi : 10549 tonnes
Propulsion
2 x 8cyl. 23SCSA Moteurs diesel Sulzer
double arbre
2 x hélice
Vitesse maxi
15,5 nœuds
Armement
6 x canon de 6in Mk VII
2 x canon A.A. de 3"
4 x mitrailleuse A.A. de .303"
Commandant
Capt Sir John Alleyne, Bart, D.S.O. D.S.C. RN
Victimes/Survivants
3/278

- Mis en chantier pour la Bibby Line dans le chantier de Fairfield à Govan sur la Clyde, le paquebot "Shropshire" est lancé en Juin 1926 et achevé en Octobre de la même année. Sa carrière en temps de paix est consacrée au transport de passagers et de marchandises sur le service de la compagnie entre Liverpool et Rangoon. Le "Shropshire" est réquisitionné par la Royal Navy le 25 Août 1939 et pris en main pour être réaménagé en croiseur marchand armé à Birkenhead. Il est renommé "Salopian" pour éviter toute confusion avec le croiseur de County-class du même nom. Dépouillé d'une cheminée, de deux de ses quatre mâts et de tout son équipement de cabine, le "Salopian" appareille le 29 Septembre à Scapa Flow avec sept autres croiseurs marchands armés pour rejoindre la Northern Patrol dans la brèche des îles Féroé-Islande.
- Constitué dans une large mesure par des réservistes, son capitaine, sir John Alleyne, déjà récipiendaire du D.S.C., a eu le D.S.O. en tant que navigateur du "Vindictive" à Zeebrugge en 1918. Toujours pas complètement préparé, le 17 Octobre, il rejoint l’exode général des Orcades qui a suivi le naufrage du "Royal Oak" trois jours plus tôt, étant affecté à la Freetown Escort Force en Novembre. Par la suite, il entre en collision avec le cargo finlandais "Saimaa", un accident qui le garde à quai jusqu’au 20 Janvier 1940, il en profite pour effectuer des modifications à son pont avant et installe une cargaison flottante.
- Le "Salopian" passe le reste de sa carrière à alterner des missions de patrouille et d'escorte de convois dans l'Atlantique, servant avec la Northern Patrol entre Février et Août 1940 et la Western Patrol entre Novembre 1940 et Février 1941. La période intermédiaire a probablement été occupée par un réaménagement. En Mars 1941, il est transféré de Freetown à la Bermuda and Halifax Force avant de prendre sa dernière affectation au sein de la North Atlantic Escort en Mai.

- Le 01 Mai 1941, l'U-98 (K.L. Robert GYSAE) appareille du St-Nazaire pour des opérations dans l'Atlantique Nord, rejoignant trois autres bateaux dans une ligne de patrouille au Sud-Est du Groenland le 11. L'après-midi suivant, le H.M.S. "Salopian" remet le convoi SC 30 à une escorte de destroyers au seuil de la zone de danger supposée pour les U-Boote au Sud-Ouest de l'Islande et se met en route pour Halifax lorsqu'il est aperçu par l'U-98 au début du 13. Peu de journaux de guerre des U-Boote fournissent un traitement plus détaillé d'une attaque que le Kptlt Robert Gysae sur le "Salopian", mais des questions demeurent. L'observation prolongée par Gysae des canonniers du "Salopian" répondant à sa première torpille - si prolongée en fait qu'elle a mis son bateau en danger - n'est pas la moins détaillée ni la moins curieuse. Le fait qu'aucune réponse de ce type n'ait été enregistrée dans les sources britanniques de l'époque rend son récit d'autant plus mystérieux.
- Extrait du KTB de l'U-98.





- Les quatre premières torpilles de Gysae sont clairement passées inaperçues par les vigies du "Salopian" et ce n'est que lors de la troisième attaque de l'U-98 que l'officier de quart aperçoit un objet suspect sur le travers tribord. Le poste de combat est sonné et la barre est mise à gauche toute pour présenter une cible plus petite. Cependant, cette mesure est arrivée trop tard et les deux torpilles Gysae frappent le "Salopian" sur tribord à 03h30, heure britannique. C'est la première d'entre elles qui inflige des dommages critiques, faisant tomber les antennes sans fil et brisant les conduites de vapeur, ce qui a provoqué l'arrêt des moteurs. Malgré les dégâts importants constatés par Gysae, la deuxième torpille, qui explose sous le gaillard d'avant, n'a qu'un effet marginal en comparaison. L'action préventive de la part de l'ingénieur principal, Temp. Le Lt Cdr (E) Bill Nisbet RN R empêche le navire d'être plongé dans l'obscurité une fois que les générateurs ne donnent plus de leur énergie, mais la troisième de Gysae et la quatrième submerge la pompe de cale de secours et scelle le destin du "Salopian". Après le second tir, le Capt. Alleyne ne voit qu'une seule solution : mettre tous ses hommes dans des canots de sauvetage, à l'exception des officiers clés, des équipes de contrôle des dégâts et des hommes de l'armement des canons, dans l'espoir que le sous-marin tente de l'achever par des tirs. Bien que Gysae soit assez téméraire pour laisser l'U-98 subir des dommages par éclats d'obus tout en observant son travail de près (même si cette bordée ne trouve aucune mention dans les sources primaires du côté des Alliés, et est citée comme s'étant produite entre la deuxième et la troisième torpille dans les sources secondaires), il n'est jamais probable de s'attaquer aux canons du "Salopian" dans une action de surface. Au lieu de cela, il alterne entre les côtés bâbord et tribord de sa victime jusqu'à ce que ses torpilles aient l'effet désiré. Après quatre ratés et quatre coups (six coups au compte d'Alleyne), le "Salopian" finalement succombe à l'U-98, avec sa neuvième torpille. Il y a peu à ajouter au récit de Gysae. Le "Salopian" a sa quille brisée, les deux extrémités disparaissant en l'espace d'une minute à 06h45 Heure britannique, plus de trois heures après le premier coup.
Après des efforts infructueux pour aider le "Bismarck" en détresse alors qu'il luttait pour échapper à la vengeance de la Royal Navy pour la perte du H.M.S. "Hood", Gysae retourne à St-Nazaire pour l'accueil d'un héros pour l'exploit peu commun de couler un navire de guerre ennemi de plus de 10000 tonnes. Au nom de Dönitz, le Konteradmiral Eberhard Godt fait l'éloge d'une "patrouille excellente et exécutée avec sang-froid". Il note que "le Commandant doit son beau succès à sa conduite décisive, tenace et réfléchie. Il faut saluer son observation du naufrage du navire". On ne sait pas si Godt choisit d'ignorer le fait que le penchant de Gysae pour l'observation l'avait amené, lui et son bateau, dangereusement près du désastre.

- La première salve de l'U-98 tue le Sub-Lt (E) Harold Holland RNVR et le Fireman Henry McCaffrey MN dans le compartiment évaporateur de la cale n°4, tandis qu'un troisième homme, le Leading Seaman J. L. Penton RNR, est plus tard présumé avoir été emporté par-dessus bord par la colonne d'eau projetée par le souffle initial. Il est remarquable de constater l'ampleur des pertes du "Salopian". La majeure partie de l'équipage est transférée sur des bateaux de sauvetage dès le début et le reste quitte le bord entre le quatrième et le cinquième coup au but, de manière exemplaire, voire sans trop se presser. Le Sub-Lt (E) Bert Poolman RNR trouve le temps de sauver quelques objets de valeur et de revêtir son meilleur uniforme avant d'abandonner le navire. Cependant, leur survie doit beaucoup à la fois à la douceur des conditions en mer et au fait que tous ont échappé au naufrage en s'embarquant sur les bateaux de sauvetage. Le sauvetage est retardé à la fois par la dérive et par des considérations de sécurité. Les antennes du navire étant hors service, l'équipage doit se fier à un vieux poste radio installé dans le bateau à moteur du "Salopian" pour transmettre son signal de détresse. Celui-ci est reçu par un seul navire, l'"Empire Confidence", qui, pour imposer le silence radio, est obligé d'attendre vingt-quatre heures avant de le relayer à l'Amirauté. Après une nuit passée en haute mer, le matin du 15, le Capt. Alleyne envoie le bateau à moteur vers le Sud pour intercepter un convoi parti d'Halifax qui doit se trouver dans la région. Il est immédiatement repéré par le destroyer "Icarus", l'un des nombreux navires à la recherche des survivants. Avec son sister-ship l'"Impulsive", l'"Icarus" commence le travail de sauvetage avant de se diriger vers Reykjavik. Alors qu’ils partent en congé à la fin du mois, les hommes du "Salopian" ont l’occasion de comparer le nombre de leurs morts avec ceux secourus du cuirassé "Hood" coulé onze jours après leur propre navire : trois dans chaque cas. Ils a en effet eu de la chance. Aucune commission d'enquête (Board of Enquiry) n'est tenue pour le H.M.S. "Salopian", une entrée laconique dans le journal de guerre de l'Amirauté du 15 Mai, qui dit qu'il ne servirait à rien "dans les circonstances actuelles", une décision qui doit manifestement beaucoup à l'énorme pression exercée sur l'Amirauté par des événements tant en Méditerranée qu'en Atlantique. Un résumé des conclusions est soumis par un tribunal de l'Amirauté le 21 Mai sur la base des rapports reçus, mais il n'y a aucune raison de blâmer un individu pour la perte du "Salopian", en observant que "le commandant a pris toutes les mesures possibles pour la sécurité du navire et par la suite de son équipage, et dans cette action il a été bien soutenu par les officiers et l'équipage du navire, dont la conduite était conforme aux meilleures traditions du Service".



Libre traduction par l'auteur du site des pages 96, 97 et 100 de l'ouvrage "U-Boat Attack Logs" de Daniel Morgan & Bruce Taylor chez Seaforth Publishing.
Sources : le Net


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