Roquettes et missiles
- L'idée de lancer des fusées
à partir de U-Boote est née en 1941 d'une
conversation fortuite entre le KorvettenKapitän Fritz Steinhoff, commandant de l'U-511 son frère Doktor Ernst
Steinhoff, un civil employé à
l'établissement de recherche sur les fusées de
Peenemünde. Leur idée conduit à quelques
essais officieux au cours de l'été 1942,
à l'aide d'un cadre en bois (en fait un Schweres
Wurfgerät 41 (lanceur lourd modèle 41) qui
transporte six Wurfköper 42 Spreng (fusées
modèle 42) de 30 cm, un type alors en cours de
développement à Peenemünde. Les lancements
réussissent, tant en surface qu'en plongée à
une profondeur de 12 mètres. Dönitz est au courant de
ces essais et exprime son intérêt pour l'utilisation
de ces roquettes contre les escortes de convois, mais
l'idée est abandonnée.
Lancement de roquette à partir de l'U-511
PROJET URSEL
- Le Projet Ursel, qui peut avoir été un
développement ultérieur des essais décrits
ci-dessus, est un missile destiné à être
lancé d'un U-Boot contre un navire de surface qui le
poursuit. L'élément de détection, le
SP-Anlage, est prêt en premier et démontre sa
capacité à détecter et à localiser le
bruit des hélices avec une grande précision, puis,
en utilisant la profondeur connue de l'U-Boot, à
déterminer la position précise de la cible. Ce
système de détection, capable de fonctionner
à des distances allant jusqu'à cinq fois la
profondeur de l'U-Boot, est installé sur les Type
XXI de production tardive. Les missiles, cependant, sont
encore en cours de développement lorsque la guerre prend
fin.
V-1
- La première des Vergeltungswaffen (armes de
vengeance) du Troisième Reich est la Fieseler V-1
(Fi-103), bombe volante, un avion sans pilote à
aile droite, propulsé par un jet à impulsion, qui
se déplaçait à 580 km/h sur une distance de
238 km. Il est conçu pour être lancé à
partir d'une rampe sur un site terrestre, mais la
possibilité de le lancer à partir de bateaux contre
des cibles éloignées telles que New York est
envisagée en Juillet 1943. Cependant, le V1 est une
arme de la Luftwaffe et la proposition est rejetée
par le Reichsluftministerium (ministère de l'air)
et n'est jamais reprise (1).
V-2
- Un projet totalement différent concerne le missile
balistique V-2 (A-4) et a pour origine la
suggestion d'un directeur civil du Deutsche Arbeitsfront
(Front du travail allemand) qui a assisté à une
démonstration du V-2 à Peenemünde en
1943. Immédiatement après, il propose de placer le
missile dans un conteneur étanche, de le remorquer
à travers l'Atlantique par un U-Boot.
- L'état-major de Peenemünde prend cette proposition
extraordinaire au sérieux, mais ne peut y consacrer de
temps avant la fin de 1944, lorsqu'elle reçoit le nom de
code Prüfstand XII (banc d'essai 12). Les conteneurs
doivent mesurer environ 32 mètres de long, déplacer
500 tonnes et contenir chacun une fusée V-2, ainsi
qu'une salle de contrôle et des réservoirs de
carburant. Il est prévu que trois de ces conteneurs soient
remorqués par un seul U-Boot de type XXI, les
conteneurs étant maintenus immergés par la vitesse
avant de l'U-Boot. Au moins un conteneur de chaque trio
transporte, en plus du missile et de son carburant, une
quantité de carburant diesel pour réapprovisionner
l'U-Boot au cours de son voyage à travers
l'Atlantique.
- En arrivant à la position de lancement, le sous-marin
fait surface et s'arrête, après quoi les conteneurs
flottent automatiquement à la surface. Deux hommes montent
alors à bord de chaque conteneur et ouvrent les valves
pour remplir les réservoirs de ballast, amenant ainsi le
conteneur à la verticale. Après avoir
branché une alimentation électrique depuis
l'U-Boot, les hommes entrent ensuite dans la salle de
contrôle où ils alimentent le missile en carburant,
règlent le système de guidage gyroscopique et
ouvrent les portes à commande électrique. Lorsque
tout est prêt pour le lancement, les deux hommes retournent
au sous-marin, et le lancement doit être
déclenché à partir d'une
télécommande à bord de l'U-Boot, avec des
conduits faisant pivoter l'efflux de la fusée de 180
degrés sur les côtés du conteneur, puis dans
l'atmosphère.
- Plans.
- Les archives allemandes pour la fin de 1944
et le début de 1945 sont inévitablement
incomplètes, mais il semble qu'un contrat pour trois
conteneurs prototypes soit passé avec Vulkanwerft
en Décembre 1944 et qu'au moins un est produit.
Blohm-Voss prévoit également de convertir un
U-Boot, mais aucun essai réel du système n'a
lieu.
- Le système aurait été imprécis,
mais l'effet d'une attaque soudaine par ne serait-ce qu'un ou
deux missiles sur New York aurait été
dévastateur. Les Alliés disposaient
déjà, grâce à Ultra, de renseignements
sur une éventuelle attaque de V-2 sur New York et
avaient préparé un plan d'urgence pour y faire
face. C'est pourquoi, au début de Mars 1945, lorsqu'ils
détectent six sous-marins en groupe, plus au moins quatre
autres naviguant individuellement, se dirigeant vers l'Ouest de
l'Atlantique, ils supposent qu'une attaque est en cours et
lancent l'opération Teardrop pour la contrer. Quatre U-Boote sont
coulés mais les autres passent au travers, bien qu'il
s'avère que ce n'était pas l'attaque de missiles
prévue. Néanmoins, la force de la réponse
américaine indique que la possibilité d'une telle
attaque était prise très au sérieux.
FUSÉES ANTI-AÉRIENNES
- Des expériences sont menées en 1942 avec une
roquette antiaérienne de 8,6 cm, qui déploie une
longueur de câble lorsqu'elle est lancée.
L'idée est qu'un U-Boot lance plusieurs roquettes
lorsqu'il est attaqué et que les câbles s'accrochent
aux ailes et à l'empennage de l'avion, ce qui provoque
l'écrasement de l'avion ou l'abandon de l'attaque.
À tout le moins, le pilote ne peut pas viser. Ce
système est testé à bord de l'U-441, mais est considéré
comme un échec et n'est pas poursuivi. Une autre
proposition consiste à installer des ogives hautement
explosives dans les fusées, qui ont été
dirigées directement vers l'avion attaquant ; mais,
malgré un développement et des essais intensifs
à la fin de 1943, cette proposition est également
abandonnée (2).
1) Après la guerre, la marine américaine combine un
abri de conception japonaise sur le pont arrière
d’un sous-marin avec un missile F-103allemand (connu aux
États-Unis sous le nom de Loon) pour produire un
système entièrement réalisable.
2) La Royal Navy développe deux armes antiaériennes
similaires à peu près à la même
époque : l'une est la FAM (Fast Aerial Mine), l'autre la
fusée PAC (Parachute And Cable). Toutes deux sont
largement déployées en 1943-45, notamment à
bord des péniches de débarquement, mais, pour
autant que l'on sache, elles n'ont remporté aucun
succès.
Glossaire
Source : U-BOATS History, Development and Equipment
1914-1945 de David Miller.