D'autres notes sur le naufrage de l'U-860
- Le 11 Avril 1944, l'U-860 appareille de
Kiel, il est commandé par le Fregattenkapitän Paul
Büchel, qui a commencé la guerre en tant que
commandant d'un Type VII-A l'U-32 avant
d’être muté à terre. Remis au rang de
combattant par son affectation à bord de l'U-860,
Büchel navigue vers Penang avec une cargaison comprenant
104,4 tonnes de barres de plomb, deux canons "Flak 38" et des
munitions, des instruments de navigation, des ensembles FuMB et
des pièces de rechange, du matériel de
communication ainsi que des pièces de rechange et des
outils pour la base des U-Boote. Le bateau ne transporte que son
chargement d’armes offensives intérieures, les
conteneurs extérieurs de stockage destinés aux
torpilles de rechange reçoivent des quantités de
pièces de rechange diverses demandées en
Extrême-Orient.
- Büchel suit les instructions opérationnelles et
traverse l'Atlantique Nord et Sud, en plongée le jour et
en surface la nuit pour recharger les batteries (l'U-860 ne
possède pas de "Schnorchel"). Au début de Juin, il
considère que les régions les plus dangereuses ont
été traversées et permet au bateau de
naviguer à une vitesse de croisière
économique en surface de jour comme de nuit. Des avions
ont déjà fait des victimes le 21 Avril près
de l'Islande lorsque l'U-860 a été contraint de
faire une plongée d'urgence face à l'arrivée
d'un avion, laissant le Matrosengefreiter Alfons Robalewsky et le
Bootsmaat Rudolf Versic dans la baignoire. Après avoir
refait surface, Büchel parcourt la mer
déchaînée avant de transmettre les nouvelles
de la perte au B.d.U. - un message radio qui, une fois de plus,
est déchiffré par les cryptologistes alliés
et qui conduit à l'envoi d'un groupe 'hunter-killer
basé autour du porte-avions U.S.S. "Solomons".
- Le 15 Juin, un "Avenger" du VC-9 de l'U.S.S. "Solomons"
découvre le bateau en surface. L’appareil est
détecté par l'antenne 'Fliege' du 'NAXOS' de
l'U-860 quelques instants avant son apparition de
l’œil nu. L’enseigne G. E. Edwards lance
immédiatement la première de quatre attaques, qui
toutes manquent la cible jusqu’à ce que, lors de la
dernière tentative, son avion est touché dans la
soute à bombes par le canon 'Flak' de 20mm. L'"Avenger"
est submergé par les flammes et plonge dans la mer
à une centaine de mètres seulement. Büchel
cherche en vain des survivants, mais l'avion entier a rapidement
sombré, laissant peu de traces à la surface de
l'océan. Edwards n'a pas réussi à
communiquer son observation de l'U-860 à l'U.S.S.
"Solomons".
- Plongeant et quittant les lieux, Büchel attend peu de
temps avant le coucher du soleil avant de commander de refaire
surface. Apparemment, il est mécontent des performances de
ses canonniers lors de la bataille avec Edwards et est
déterminé à pratiquer davantage le tir au
canon antiaérien. La relève de quart à la
passerelle vient d’arriver dans la baignoire lorsqu'un
avion est aperçu à l’avant du tribord.
Presque simultanément, le 'Fliege' déclenche sa
propre alarme et tous les canons sont armés et
préparés pour l'action. Le Lt-Cdr H. M. Avery,
commandant du VC-9, a trouvé sa cible et demande par radio
qu'il lui faut de l'aide alors qu'il commence à contourner
la coque grise. Il a répondu au rapport d’Edwards en
effectuant un jeu de recherche carré normal sur le contact
signalé pour rechercher à la fois son
collègue et le sous-marin.
- Pendant près de vingt minutes, l'U-860 également
décrit des cercles, gardant l'avion ennemi sur son
étrave là où la 'Flak' est la plus efficace
et tirant avec ses canons de 3,7 cm chaque fois que l'agresseur
s'approche. Cependant, sa tactique ne peut pas durer
éternellement et peu de temps après, quatre avions,
deux "Wildcats" et un deuxième "Avenger", sont sur les
lieux et l'U-860 est incapable de plonger à cause des
précieuses secondes pendant lesquelles le bateau reste
sans défense après que les équipes de la
'Flak' aient réussi à descendre. Büchel n'a
pas d'autre choix que de se battre.
- Les quatre avions lancent la première attaque ensemble,
les "Wildcat" mitraillent le bateau, tandis que les "Avenger"
larguent des charges de profondeur légèrement
à l’écart de la cible et tirent des roquettes
face à une 'Flak' dévastatrice. Les quatre avions
passent au-dessus du sous-marin en moins de dix secondes. Les
explosions des charges de profondeur et de douze roquettes
détruisent les connexions téléphoniques
entre le poste torpilles avant du l'U-860 et de la passerelle. Le
bateau prend une importante gite à tribord avec une
inondation modérée à l'intérieur.
L'un des "Avenger" est sérieusement endommagé au
niveau d'un réservoir d'aile et est contraint de
s'éloigner et de rejoindre son porte-avions.
- Une seconde attaque de l'avion frappe près du poste des
maitres de l'U-860 et endommage également les fonds de
cale situés sous le central (Zentrale) lorsqu'une roquette
traverse le compartiment, permettant à l'eau de
s'écouler rapidement. Lorsque des éléments
de batterie se rompent dans la cale, le gaz chlorhydrique
s'infiltre de manière nocive dans l'intérieur du
sous-marin, mettant beaucoup d'hommes à genoux et pouvant
en tuer plusieurs. Le bateau traîne un épais sillage
d'hydrocarbures et ralentit à une vitesse de 3 nœuds
lorsque la troisième attaque du côté tribord,
par deux avions, met fin au supplice de Büchel. Avery passe
au ras de l'U-Boot, pulvérisant le bateau, tandis que le
second "Avenger", piloté par le Lt Chamberlain, lance deux
charges de profondeur sur la cible, qui tombent
immédiatement devant le massif et explosent probablement
au contact. L’onde de choc qui en résulte
étourdi tout le monde à bord de l'U-860, beaucoup
ne recouvrant que leur sens lorsque le sous-marin coule sous eux
et qu’ils se retrouvent dans l’eau. Cependant,
l'attaque est trop précise pour Chamberlain
également. Au fur et à mesure que les charges
explosent, des flammes engloutissent son avion (qui se trouve
à seulement 50 pieds d'altitude), provoquant un incendie
dans la soute à bombes et le poste de pilotage.
Chamberlain garde le contrôle de son "Avenger" assez
longtemps pour effectuer un virage à un 180° avant de
tomber à l'eau à 500 mètres en avant du
sous-marin, mais les trois membres d'équipage coulent avec
leur avion.
- L'U-860 est mortellement blessé. La majorité de
son équipage est coincé à l'intérieur
par le déluge d'eau traversant les trous faits par les
obus et autres roquettes et par les panneaux du kiosque. Vingt
survivants, dont Büchel et son I.WO, sont
récupérés six heures plus tard par les
destroyers d'escorte de l'U.S.S. "Solomons" et sont
transférés peu après sur le porte-avions
lui-même. Un des Allemands récupéré en
mer est mort après avoir été recueilli et
ensuite est inhumé en mer. Il est intéressant de
noter que les renseignements de la marine américaine ont
noté l’effet de l’augmentation du blindage
pour la protection des équipes de 'Flak' allemandes sur la
plateforme accolée sur l'arrière massif dans son
compte-rendu après action :
Les artilleurs à bord du sous-marin
sont bien protégés par les blindages car,
malgré des tirs concentrés, ils ont continué
à tirer jusqu'à ce que le sous-marin coule.
(Note : Ce fait est confirmé par la condition physique des
survivants. Un seul survivant a été
grièvement blessé par les attaques de mitraillage.
Tous les autres survivants ont des blessures superficielles par
fragmentation causées par l'explosion des grenades
sous-marines. Les prisonniers ont déclaré qu'un
seul homme a été tué directement par le
mitraillage).
- Quelques jours plus tard, le 01 Août, le B.d.U.
enregistre la disparition probable de l'U-860 :
Le dernier message a été
capté à 10 Juin du FU 42. Bref message de l'U-860
relayé par l'U-198 (O.L. Burkhard HEUSINGER von WALDEGG) le
04 Juillet, avec heure d'arrivée 19h25, rapport sur
l'attaque aérienne. Aucune position donnée. Selon
toute vraisemblance, le bateau se trouve dans la région du
Cap. Le bateau a probablement été perdu dans cette
action.
Selon l’émetteur de propagande
[britannique] «Calais», le commandant et dix-neuf
hommes auraient été faits prisonniers; 42 hommes
ont été tués.
Source : "HITLER'S GREY WOLVES - U-Boats in the Indian Ocean"
de Lawrence Paterson chez Greenhill Books.