H.M.C.S. "Alberni"


© Canadian Navy Heritage website. Image Negative Number O-6140
Le H.M.C.S. "Alberni" à Halifax en Mai 1941 (© Canadian Navy Heritage website)


Type
Commandé
14 Février 1940
Chantiers de Construction
Yarrows Ltd., Esquimalt (Canada)
Mise sur cale
29 Avril 1940
Lancement
22 Août 1940
Mise en service
04 Février 1941
Caractéristiques techniques
Longueur : 62,48 mètres
Largeur : 10,06 mètres
Tirant d'eau : 3,51 mètres
Déplacement : 925 à 1170 tonnes
Déplacement maxi : 1200 à 1380 tonnes
Propulsion
Machine à vapeur alternative 4 cylindres
2 x chaudière Scotch de 2750 cv
1 x hélice
Vitesse maxi
16 nœuds
Autonomie
3500 nautiques à 12 nœuds
Armement
1 canon de 120mm
1 canon quadruple de 40mm A.A.
2 canons de 20mm A.A.
2 mitrailleuses
2 grenadeurs (60 grenades)
4 mortiers
1 Hedgehog (à partir de 1942)
Détection
1 × SW1C ou 1 radar 2C
1 × Type 123A ou 1 sonar de Type 127DV
Équipage
85 hommes
Commandant
Lt Cdr I. H. Bell RCNVR
Victimes/Survivants
59/31

- Le H.M.C.S. "Alberni" est construit au chantier naval de Yarrow à Esquimalt, en Colombie-Britannique, en Avril 1940, puis lancé en Août et mis en service le 04 Février 1941. Après avoir traversé le canal de Panama avec son sister-ship "Agassiz", l'"Alberni" atteint Halifax, en Nouvelle-Écosse, le 13 Avril, où il reste jusqu'à ce qu'il soit affecté à la Newfoundland Escort Force, à St John's, vers la fin Mai. L'"Alberni" sert sur le trajet Terre-Neuve-Islande comme escorte en pleine mer jusqu'à ce qu'il soit retiré pour des réparations de chaudières en Mai 1942. En Octobre de la même année, il traverse l'Atlantique avec le HX 212 et, à partir de ce moment et jusqu'en Février 1943, il escorte des convois entre la Grande-Bretagne et la Méditerranée pour soutenir l'invasion alliée de l'Afrique du Nord. En Mars, l'"Alberni" est de retour à Halifax avec la Western Local Escort Force, d'où il est affecté à la Quebec Force en Mai, passant les cinq mois suivants à escorter des convois entre Québec et le Labrador. Les réparations à Liverpool, en Nouvelle-Écosse, durent de Novembre 1943 à Février 1944, après quoi il se rend aux Bermudes pour se remettre en état. Après un bref passage dans le 4th Escort Group de la Western Escort Force (EG W-4) à Halifax, l'"Alberni" appareille pour la Grande-Bretagne afin de participer à l'invasion prévue de la France. Ayant participé à l'opération "Neptune", il passe une brève période à quai à Southampton avant de sortir pour son dernier tour de service.
Au-delà de ses loyaux services dans la bataille de l'Atlantique, le H.M.C.S. "Alberni" reste dans les mémoires comme le navire qui, en Octobre 1942, a reçu le plus jeune commandant de la Marine royale canadienne, le Lt Cdr intérimaire I. H. Bell RCNVR, qui a pris ses fonctions à l'âge de vingt-quatre ans.

- Le 21 Août, le H.M.C.S. "Alberni" quitte Spithead pour relever son sister-ship, le H.M.C.S. "Drumheller", de sa mission de patrouille anti-sous-marine, son poste étant situé à l'Est de l'un des chenaux balayés menant de l'île de Wight aux plages de Normandie. En compagnie d'une troisième corvette, le H.M.S. "Pennyworl", l'"Alberni" s'arrête à une bouée dans le chenal où il croise un petit patrouilleur, le PBR 175. Comme les survivants de l'"Alberni" s'en souviennent, le PBR 175 était 'en difficultés à cause du gros temps et voulait que nous le prenions en remorque'. Après un bref délai au cours duquel l'équipage du PBR 175 est informé qu'il sera pris en charge par le "Drumheller" sur le chemin du retour au port, l'"Alberni" continue à descendre le chenal de façon indépendante. À 11h40, on estime que la prochaine bouée (n° E2) se trouve à 2 000 yards (≈ 1828 mètres) et que le "Pennywort" 'peut être aperçu à l'horizon'. Les deux navires sont alors repérés par l'U-480 (Oblt.z.S. Hans-Joachim Förster), en plongée pour une telle cible. Le "Pennywort" passe en vitesse sans que Förster puisse se mettre en position de tir, mais vingt minutes plus tard, le H.M.C.S. "Alberni" lui donne une deuxième chance. Vers 11h40, un léger changement de cap de l'"Alberni" l'amène à croiser la route de l'U-480.
- Extrait du KTB de l'U-480.





- L'effet de la torpille "Zaunkönig" de Förster, qui a explosé à des moments différents (11h41, 11h43 et 11h46), est tel qu'aucune preuve concluante n'a pu être trouvée quant à la cause ou au lieu de la détonation. Cependant, une torpille de U-Boot était fortement suspectée, l'officier de navigation de l'"Alberni", le Lt H. W. Akhurst RCNVR, notant que 'nous avions apparemment été touchés entre le milieu du navire et la poupe du côté bâbord', tandis que son commandant, le Lt Cdr I. H. Bell, rapportait que 'le fait que le navire ait coulé si rapidement indique que l'explosion a eu lieu dans la partie arrière de la salle des machines, effondrant toutes les cloisons de la salle des machines vers l'arrière'. L"'Alberni" a été submergé de la cheminée vers l'arrière en quelques secondes, coulant par la poupe tout en prenant une gîte sur bâbord. Les survivants ont été unanimes pour dire qu'il a disparu dans les trente secondes suivant la détonation. Comme on ne pouvait raisonnablement pas s'attendre à en savoir plus, l'Admiral Sir Charles Little, Commander-in-Chief de Portsmouth, a écrit à l'Amirauté et à la Canadian Naval Mission pour leur faire part de son opinion, à savoir que 'l'on ne considère pas qu'une commission d'enquête (Board of Enquiry) puisse fournir de plus amples informations sur la perte de ce navire'.
- Bien que l'on ait cru que l'"Alberni" avait été victime d'une torpille, cela n'a pas pu être vérifié immédiatement, d'autant plus que l'U-480 n'a pas osé faire surface assez longtemps pour transmettre un rapport de naufrage dans des eaux aussi périlleuses. Sa présence n'étant toujours pas confirmée, l'U-480 retourna sur les lieux de son succès le lendemain et y prit un autre 'scalp' sous la forme du sloop dragueur de mines H.M.S. "Loyalty".

- Comme l'a souligné le Lt Cdr Bell, le nombre élevé de victimes de l'"Alberni" - cinquante-neuf sur un équipage de quatre-vingt-dix hommes - n'est pas surprenant dans les circonstances 'Le pourcentage élevé de décès est sans doute dû au fait que les hommes avaient été invités à dîner et qu'à part le personnel de quart, ils se trouvaient tous sur le pont du mess et ont été surpris par la soudaine arrivée d'eau due à la vitesse exceptionnelle à laquelle le navire a coulé'. Ceux qui se trouvaient juste à l'arrière, y compris les officiers et les stewards du carré des officiers, n'avaient aucune chance. Quelques survivants du pont du mess et un seul soutier émergeant de la salle des machines ont dressé un tableau sinistre de l'eau qui se précipitait et du piège qui a coûté la vie à la plupart de leurs compagnons sous les ponts. Ceux qui ont eu la chance d'échapper à l'épave n'avaient rien de plus qu'un flotteur Carley pour les maintenir hors de l'eau dans une houle de force 5-6. S'il y a eu des survivants, c'est en grande partie parce que les M.T.B. 469 et 470 ont remarqué la détonation à l'horizon alors qu'ils revenaient d'une mission de nuit au large de la Normandie et ont changé de cap pour aller voir. Trente et un survivants ont été recueillis dans l'heure qui a suivi le naufrage et emmenés à Portsmouth. Avant qu'une semaine ne se soit écoulée, les survivants ont envoyé un télégramme au Captain of Coastal Force de Portsmouth, exprimant leur gratitude 'aux officiers et aux équipages des MTB 469 et 470 pour leur splendide sens marin et leur travail de sauvetage lors de la récente perte du H.M.C.S. "Alberni"'. Tous les rapports mentionnent le Lt F. R. Williams RCNVR qui a gardé le moral dans l'eau et sauvé la vie de trois hommes, dont celle de son commandant. Ses efforts ont été récompensés par une médaille de bronze de la Royal Humane Society. Au milieu du massacre pitoyable et du gaspillage de vies, le rapport officiel contient un récit humoristique de la survie d'un matelot anonyme qui a été entraîné par la structure du pont :
    Alors qu'il était encore sous la surface, son gilet de sauvetage, ses bottes en caoutchouc et son pantalon ont été emportés par les chaudières qui ont explosé. En fait, son pantalon était autour de ses chevilles et il essayait de l'enlever lorsqu'il s'est souvenu que ses fausses dents étaient dans sa poche. Il a alors resserré sa prise sur son pantalon et s'est débattu à la surface. Il avait un ensemble complet de prothèses dentaires lorsqu'il a été interrogé.
Et ainsi la guerre a continué.



Libre traduction par l'auteur du site des pages 410, 411 et 412 de l'ouvrage "U-Boat Attack Logs" de Daniel Morgan & Bruce Taylor chez Seaforth Publishing.
Sources : le Net


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