KTB U-652



Patrouille du 12 au 31 Mars 1942 : PG 30682, NHB, reel 1133, pp. 598-9
25 Mars
Heure
Détails
Événements
22h58
 
Plongée pour chercher le contact avec l'hydrophone. Contact obtenu au relèvement 170° vrai, puis un autre à 200°.
Un navire à vapeur à 90 ou 180 tours, avec apparemment une seule escorte (1). D'après la portée et les données de l'hydrophone, nous pensons que l'ennemi suit une trajectoire de 290°, à 10 nœuds (2).
23h30
 
Surface. Nous essayons d'établir un contact visuel.
23h55
 
Une ombre aperçue dans la position prévue. Nous avançons mais sommes constamment contraints de nous retirer par un grand destroyer qui se rapproche de plus en plus sur les segments Nord de son zigzag (3). Nous attendons que la lune se couche (02h00).

Fraatz
26 Mars
00h00
Carreau CO 9262
Vent de Nord-Ouest force 3
Mer force 2-3
Forte houle d'Ouest
Temps clair
Nous ne pouvons pas discerner la formation du convoi à cette distance. Lorsque la lune disparaît enfin (02h00).
Je suis enfin juste devant le convoi, mais je ne peux que maintenant savoir quels types de navires sont en route.
Il semble qu'il y ait trois navires d'escorte en ligne devant le convoi.
Il s'agit du grand destroyer qui fait office de balayeur sur le côté et au Nord, d'un navire d'escorte de classe "V & W" qui couvre le secteur sud et d'une troisième escorte au milieu (4). Cette dernière n'est pas aussi active, mais son comportement après que nous ayons tiré signifie qu'il doit s'agir d'une autre escorte, et non du grand navire marchand que nous torpillerons plus tard, qui doit naviguer un peu en arrière (5). Les navires de l'escorte sont dans un ordre si serré que pénétrer par l'avant me semble une tâche impossible (6). Je décide donc de plonger sous le convoi depuis ma position devant et de faire surface juste derrière lui, d'où je peux attaquer le navire à vapeur le plus en arrière (7). Mais le destroyer de la classe "Jervis" zigzague maintenant vers le Nord, alors je décide de l'attaquer à la place (8).
02h27
Carreau CO 9229
Salve de quatre torpilles tirées sur un destroyer de la classe "Jervis". Coordonnées de tir : profondeur de la torpille 1 mètres, portée 3000 mètres, vitesse de l'ennemi 16 nœuds, inclinaison 90°, angle de tir 341°. La portée a été intentionnellement évaluée en hauteur en vue d'obtenir deux impacts. Au fur et à mesure que la visibilité s'améliore, la grande portée devient apparente (comme le montre le temps de parcours), et il devient également clair qu'il ne s'agissait pas d'un navire d'escorte de classe "Hunt", avec lequel il aurait pu facilement être confondu (9). Ceci est également démontré par la largeur de dispersion de 100 mètres, étant donné que la portée entrée n'était que de 600 mètres sur le côté long (l'angle de dispersion était de 2°).
Deux impacts, l'un sur le gaillard d'avant et l'autre sous le pont du destroyer, après respectivement 145 et 150sec. Temps de parcours (2.250 mètres) (10).
Le destroyer brûle et coule mais des lumières vacillantes restent évidentes pendant un certain temps, soit des épaves en feu ou des feux de détresse clignotants des radeaux et des bateaux de sauvetage.
02h35/02h38
 
Un certain nombre de charges de profondeur sont larguées (11). Nous nous retirons en surface en avant du convoi. Les deux escortes nous suivent pendant un certain temps alors que nous naviguons à grande vitesse, puis elles se mettent en arrière (12). Nous rechargeons les tubes lance-torpilles.
Après le rechargement, nous repartons à la poursuite du convoi à l'estime et rétablissons en effet le contact avec un marchand non accompagné, que nous révisons et confirmons à la fois le cap et la vitesse précédents. Comme aucune escorte ne peut être identifiée, je suppose que l'un est resté sur les lieux du naufrage précédent pour ramasser les survivants et l'autre navire d'escorte observé devait être ce bateau à vapeur qui, en espérant que j'étais encore submergé, avait collé à son ancien cap (13).
04h00
Carreau CO 9216
Vent de Nord-Nord-Ouest force 3
Mer force 2
Houle
Pas trop sombre
Légèrement brumeux
 
04h37
Carreau CO 9214
Marchand en vue (14). Salve de deux torpilles tirée sur un marchand non accompagné, estimé à 5000 GRT, moderne avec une grosse cheminée, cinq écoutilles de chargement, un arrière du croiseur, grand mât très en retrait, espace entre le pont et la cheminée, très grand espace entre la cheminée et le grand mât, étrave droite, pont bas sur toute la longueur (15). Coordonnées de tir : profondeur de la torpille 2 mètres, portée 3000 mètres (de manière à obtenir deux impacts malgré des données de tir précises), vitesse de l'ennemi 10 nœuds, inclinaison 90°, angle de tir 20°. Un coup au but dans la partie avant du navire après 158sec. Temps de parcours équivalent à 2500 mètres, le marchand s'arrête un peu mais reste à flot dans la houle.
04h53
Carreau CO 9214
Coup de grâce du Tube V (G7a), un coup au but au milieu du navire, torpille à 3 mètres de profondeur, le navire est réduit en miettes par un nuage d'explosion très noir et coule. Selon l'avis du II.WO (qui a observé une nappe de pétrole et senti de l'essence), il est possible que le vapeur ait été chargé de carburant, éventuellement dans des fûts (16).
Nous nous retirons vers le Nord ; Reschke a établi un contact avec l'ennemi dans le même carreau (17). Comme je n'ai entendu ou vu qu'un seul marchand, je dois supposer que c'est ce que j'ai fait pour ce convoi. Le pétrolier que Reschke coule plus tard est vraisemblablement celui d'un autre convoi, d'autant plus qu'il signale une route vers l'Est (18). Aucun autre rapport d'autres bateaux n'est venu dire qu'ils me cherchaient. Le voyage de retour a commencé.
07h00
Carreau CO 6844
Plongée d'alerte pour éviter deux avions.
Annexe au journal de guerre de l'U-652 : PG 30682, NHB, reel 1133, p. 605
26 Mars
02h27
 
0227/26/562. Kr Kr. (19) Un marchand a été capté par hydrophone mais n'a pas été retrouvé. Au lieu de cela, trois escortes en ligne se sont affrontées, dont un destroyer a coulé, deux ont été touchés. Forcé de se replier dans le secteur [CO] 9229, pour tenter de rétablir le contact. Fraatz.
04h37
 
0437/26/565. Kr Kr. Je viens de couler un navire à vapeur non accompagné que j'ai croisé, 5 000 GRT (20) de convoi ont disparu. Retour à La Spezia. Encore un Ato (21). Carreau [CO] 9214. Fraatz.


1) Il y avait en fait trois escortes : les H.M.S. "Jaguar" et "Klo", et le HelMS "Vasilissa Olga" (voir note n° 4).
2) Les données de l'hydrophone de Fraatz sont d'une précision impressionnante, c'est exactement la trajectoire et la vitesse enregistrées pour le "Slavol" par le Lt Cole du H.M.S. "Jaguar" à cette époque.
3) Vraisemblablement le H.M.S. "Jaguar".
4) En voyant l'approche de la ligne d'escortes de l'Ouest, l'évaluation de Fraatz de ses dispositions (comme déduit de ses descriptions des navires en question) est en contradiction avec les archives britanniques. Les positions relatives étaient les suivantes: au Nord, à un mille à tribord du "Slavol", le baleinier anti-sous-marin H.M. "Klo" (ce qui équivaudrait à la «troisième escorte au milieu» de Fraatz); au centre le destroyer H.M. "Jaguar" (le «grand destroyer» de Fraatz, plus tard le «destroyer de classe "Jervis"» qu'il place au Nord); et au Sud du destroyer HelMS "Vasilissa Olga" («une escorte de classe« V & W »couvrant le Sud»), les deux derniers à des distances non spécifiées au large de tribord et de l'avant bâbord du "Slavol" respectivement. Cependant, la preuve est que Fraatz a initialement identifié cette ligne comme étant composée de deux escortes et d'un bateau à vapeur, et que cette entrée a bénéficié de sa réévaluation a posteriori d'un bateau à vapeur et de trois escortes, celle du 02h35/02h38 n'a pas été reformulée en conséquence (voir notes n°5 et n°13).
5) Cette phrase implique que Fraatz avait initialement interprété le navire qu'il identifie maintenant comme un destroyer (vraisemblablement le "Vasilissa Olga") comme un navire à vapeur naviguant en compagnie de deux escortes. Cette hypothèse a pu être étayée par son observation ultérieure d'un navire à vapeur (le "Slavol") naviguant sans escorte à 02h35/02h38, il est naturel pour lui de supposer que, ayant disposé d'une des escortes à 02h27, l'autre devrait faire demi-tour pour aider les survivants pendant que le navire à vapeur naviguait seul (voir note n° 13). La description qu'il donne ici d'un "grand marchand" témoigne de sa conviction que le convoi comprenait plus que le seul navire à vapeur entendu sur les hydrophones à 22h58 la veille.
6) Le commentaire de Fraatz sur l'"ordre rapproché" semble ici contredire les positions très dispersées décrites à la note n°4.
7) Le R.F.A. "Slavol", bien que comme l'indique le signal de Fraatz de 02h27 le 26 (voir Annexe au journal de guerre en fin de KTB), il n'avait pas encore eu un coup d'œil sur lui (voir notes n°5 et n°13).
8) Le H.M.S. "Jaguar". Remarquez que Fraatz affine maintenant son identification à un destroyer de classe 'J', sans doute sur la base d'informations ultérieures.
9) Voici un autre exemple de journal de bord de Fraatz montrant des preuves de réévaluation a posteriori, ce qui implique qu'il avait initialement identifié le "Jaguar" comme un destroyer de classe "Hunt".
10) Ajout du manuscrit au crayon.
11) Il n'y a aucune preuve qu'une quelconque charge de profondeur ait été larguée à ce moment. En effet, l'absence de contre-attaque immédiate a été critiquée par l'Admiral Sir Henry Harwood, Commander-in-Chief Mediterranean Fleet. Les bruits entendus par Fraatz étaient plus probablement liés au naufrage du "Jaguar".
12) Cette observation est exacte, le "Vasilissa Olga" et le "Klo" ayant repris la route après le naufrage du "Jaguar" avant de faire demi-tour pour l'assister.
13) Cette phrase reflète l'hypothèse initiale de Fraatz que la force qu'il a attaquée se composait d'un bateau à vapeur et de deux escortes, par la suite modifiée en un bateau à vapeur et trois escortes, mais ici laissée dans sa forme originale. Ses remarques dans cette phrase s'appuient sur son observation au début de cette entrée de deux escortes en poursuite (voir note n°12). Se trouvant par la suite seul avec le marchand (le "Slavol") Fraatz en déduit qu'il avait en fait aperçu ce navire et une escorte qui s'est ensuite retournée pour aider les survivants du destroyer qu'il avait coulé plus tôt. Ce que Fraatz n'a apprécié que plus tard - mais contrairement à son entrée de 00h00 ici n'a pas été modifiée - c'est que le convoi se composait en fait d'un marchand précédé de trois escortes, dont deux ont fait demi-tour pendant que le "Slavol" devait naviguer vers son destin (voir notes n°4 et n°5). Bien que l'évaluation de Fraatz du nombre de navires de guerre qui étaient ensemble soit inexacte, son incrédulité quant au fait qu'un marchand pourrait être abandonné par son escorte face à une attaque d'U-Boot était partagée par beaucoup.
14) Le R.F.A. "Slavol".
15) Le "Slavol" était en fait un 2623 GRT.
16) Il était chargé de mazout.
17) Kptlt Franz-Georg Reschke de l'U-205.
18) Le signal dont Fraatz tire cette information n'a été envoyé par Reschke qu'à 20h00, le soir même, ce qui illustre une fois de plus sa tendance à mélanger l'information a posteriori et l'évaluation 'actuelle'. En conséquence, le naufrage du "Slavol" est souvent attribué à l'U-205, mais en grande partie parce que Fraatz lui-même ne semble pas avoir revendiqué un pétrolier malgré les observations de son propre officier de deuxième quart. Quoi qu'il en soit, les sources alliées indiquent que le "Slavol" a été coulé presque en même temps que la deuxième attaque de l'U-652, à 19h45. Même Reschke, alors dans le même carreau que Fraatz, a vu un pétrolier exploser à un moment non précisé après 04h20. Étant donné les entrées de Fraatz à partir de 02h38 et l'observation par Reschke d'un convoi se dirigeant vers l'Est (le "Slavol" naviguait presque plein Ouest vers Tobrouk), il ne fait aucun doute qu'il s'agissait bien du "Slavol", laissé à son sort dans la confusion entourant le naufrage du "Jaguar".
19) Kr Kr (plus généralement KrKr) était le code de signal standard de la Kriegsmarine pour la "priorité urgente".
20) Le fait que Fraatz n'ait pas associé ce vapeur au convoi est intéressant (voir note n°18). Le "Slavol" était en fait de 2 623 GRT.
21) "Ato" est l'abréviation de Kriegsmarine pour la torpille à air comprimé G7a.

Libre traduction par l'auteur du site des pages 221, 222 et 223 de l'ouvrage "U-Boat Attack Logs" de Daniel Morgan & Bruce Taylor chez Seaforth Publishing.

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