H.M.C.S. "Valleyfield"


H.M.C.S. Valleyfield (© BfZ)
H.M.C.S. "Valleyfield" (© BfZ)


Type
Chantiers de Construction
Morton Engineering and Dry Dock Co., Quebec City
Mise sur cale
30 Novembre 1942
Lancement
17 Juillet 1943
Mise en service
07 Décembre 1943
Caractéristiques techniques
Longueur : 86,26 mètres - 91,82 mètres longueur hors-tout
Largeur : 11,13 mètres
Tirant d'eau : 2,74 mètres - 3,96 mètres en pleine charge
Déplacement : 1390 tonnes
Déplacement maxi : 1860 tonnes
Propulsion
2 × chaudières à 3 tambours Admiralty
2 hélices
Triple expansion verticale alternative, 5500ch (4100kW)
Vitesse maxi
20 nœuds
Autonomie
7200 nautiques à 12 nœuds avec 450 tonnes de gasoil
Armement
2 × canons QF 4 pouces (102 mm) Mk.XIX, supports simples CP Mk.XXIII
Jusqu'à 10 × QF 20 mm Canons Oerlikon AA sur supports doubles Mk.V et supports simples Mk.III
1 × Hedgehog 24 spigot A/S avec jusqu'à 150 charges de profondeur
Équipage
107 hommes
Commandant
Lt Cdr. D. T. English RCNR
Victimes/Survivants
123 et 2/38

- Le H.M.C.S. "Valleyfield" est mis sur cale à Morton (Québec) le 30 Novembre 1942, lancé le 17 Juillet 1943 et mis en service le 07 Décembre de la même année. Après avoir fait ses essais à Halifax et aux Bermudes, le "Valleyfield" est affecté au Canadian 1st Escort Group (EG-C1) avec lequel il a rejoint son premier convoi, le SC 154, en route vers la Grande-Bretagne à la fin de Février 1944. Détourné vers Horta aux Açores, le "Valleyfield" atteint finalement la Clyde avec le convoi SL 151 en provenance de Sierra Leone vers la fin Mars. Deux autres convois l'amènent à Londonderry, d'où il s'embarque avec l'ONM 234 à destination de l'Amérique du Nord le 27 Avril.

- Le 23 Mars 1944, l'U-548 (Oblt.z.S. Eberhard Zimmermann) quitte Narvik pour sa première patrouille opérationnelle, chargé d'abord de tâches météorologiques au sud de l'Islande, puis d'opérations offensives sur les bancs de Terre-Neuve. Si, auparavant, les rapports météorologiques étaient considérés comme une tâche tout à fait fastidieuse, au printemps 1944, ils comportent la quasi-certitude que les appareils goniométriques alliés allaient non seulement localiser le bateau en question, mais aussi envoyer un avion pour réduire ses transmissions au silence une fois pour toutes. C'est ce qui se produisit dans ce cas, bien que ce soit l'U-342 (Oblt.z.S. Albert Hossenfelder) et non l'U-548 qui en subit les conséquences. Le 16 Avril, l'U-548 est relevé par l'U-342, qui est perdu avec tous ses hommes peu après avoir transmis son premier rapport météorologique le 17. Pendant ce temps, l'U-548 se dirige vers l'Ouest, mais la côte Est de l'Amérique est maintenant une proposition très différente de celle dont Zimmermann a profité en tant que second officier de quart de l'U-130 deux ans auparavant. Sans cesse poursuivi par des avions et des groupes de chasse, l'U-548 est contraint de passer une grande partie de son temps en plongée. Une attaque infructueuse contre le S.S. "Baltrover" endommagé au large de Broyle le 03 Mai 1944 attire l'attention de la frégate H.M. "Hargood" et d'un "Liberator" de la RCAF, avec lesquels il échange des tirs de mitrailleuses.
- Mais la chance de l'U-548 est sur le point de changer. Se dirigeant vers les eaux au Sud du Cap Race afin d'obtenir de meilleures données de navigation à l'estime, Zimmermann passe trois jours avec à peine un navire enregistré avant que l'ennui ne soit levé d'abord par un message du B.d.U. le félicitant pour la naissance d'une fille et ensuite par la vue d'un navire de guerre ennemi se rapprochant involontairement de la position de l'U-548. Il s'agit de la frégate H.M.C. "Valleyfield "(Lt Cdr D. T. English RCNR) qui navigue avec le Canadian 1st Escort Group (EG-C1) composé des corvettes "Edmundston", "Frontenac", "Giffard" et "Halifax". La force, commandée par le Cdr. John Byron RNR à bord du "Valleyfield", retourne à St John's après avoir remis le convoi ONM 234 à la Western Local Escort Force. Épuisés par dix jours de service de convoi et, plus tard, par une vigilance constante à l'égard des petits icebergs et des 'growlers' de glace submergée, le Lt Cdr. English et le Cdr. Byron dorment profondément alors que la brève carrière du "Valleyfield" tire à sa fin. Comme on ne soupçonne pas la présence de U-Boote dans les environs et que l'on sait que les performances de l'Asdic sont affectées par le dispositif antiacoustique CAT, aucune escorte n'utilise son équipement bruyant pour détourner les torpilles à tête chercheuse. Cette erreur va s'avérer coûteuse. Invisible et non détecté par les radars défectueux du "Valleyfield" et du "Frontenac", l'U-548 est sur le point d'utiliser une torpille acoustique à tête chercheuse "Zaunkönig" pour remporter le seul succès d'une patrouille de trois mois. Pour Zimmermann, c'est le couronnement d'un jour faste.
- Extrait du KTB de l'U-548.





- Peu après 23h35 (heure du navire) le 06 Mai, l'officier de quart du "Valleyfield", le Lt C. I. P. Tate RCNVR, a appris que l'opérateur de l'hydrophone avait obtenu un contact à l'avant bâbord. En orientant l'oscillateur dans la direction du son et en le faisant jouer dans le haut-parleur, il a obtenu un 'tic-tac'. Il s'agit vraisemblablement du moteur électrique de la torpille "Zaunkönig" de l'U-548, qui a touché le "Valleyfield" au milieu du navire deux secondes seulement après que Tate eut ordonné à l'opérateur de poursuivre ses recherches. Tate se risqua à dire à la commission d'enquête (Board of Enquiry) que la torpille avait touchée le côté bâbord, 'un peu en dessous de la ligne de flottaison', mais d'autres survivants contestèrent le côté et le point de détonation. Bien que le journal de bord de Zimmerman ne laisse aucun doute sur le fait qu'il a attaqué le "Valleyfield" depuis son côté bâbord, la détonation d'un détonateur magnétique sous la quille semble être le scénario le plus probable, en particulier au vu des commentaires du Lt J. H. Warren RCNVR qui a témoigné que 'j'ai été projeté à environ un pied du pont en hauteur'. L'arrière du "Valleyfield" a été immédiatement brisé, les deux moitiés chutant dans des directions opposées dans un chaos de métal déchiré, de vapeur qui s'échappe et de superstructure qui s'effondre. La partie avant s'est cabrée et a coulé en quatre-vingt-dix secondes, tandis que la partie arrière a coulé à peine cinq minutes plus tard. Moins de sept minutes après l'explosion, le H.M.C.S. "Valleyfield" avait disparu, ne laissant qu'un maigre reste d'épaves, de pétrole et d'hommes.
- Aucun des navires les plus proches du "Valleyfield" - "Frontenac" et "Giffard", chacun à environ 2 ½ nautiques - n'avait compris ce qui lui était arrivé. Le "Frontenac" a attribué le bruit sourd entendu depuis la position du "Valleyfield" et la fumée visible à cet endroit à la détonation d'une charge de profondeur, tandis que même la colonne d'explosion qui s'élevait à deux fois la hauteur du pont du "Valleyfield" n'a pas réussi à éveiller les soupçons du "Giffard". Le Lt Cdr C. Peterson, commandant du "Giffard", a tenté à plusieurs reprises de joindre par radio vocale l'officier supérieur, le Cdr Byron, lui-même à bord du "Valleyfield", mais n'a reçu aucune réponse. Ce n'est que lorsque le H.M.C.S. "Edmundston" (qui était maintenant devenu sans le vouloir l'officier supérieur du groupe) a confirmé qu'il avait perdu le contact radar avec le "Valleyfield" que le "Giffard" a rapproché sa dernière position connue, tombant finalement sur des preuves du naufrage.
- La Commission d'enquête (Board of Enquiry), un rapport basé sur ses conclusions par J. C. Rowland RCN (Captain (D) Terre-Neuve) et le débat subséquent dans les hautes sphères de la Marine royale canadienne ont produit un certain nombre de critiques et d'observations concernant la perte du "Valleyfield". Il s'agissait notamment du manque de vigilance du groupe et de l'insinuation que trop de navires avaient déjà accosté mentalement à St John's ; de l'omission de reprendre le zigzag après que le pire de la glace était censé être passé (l'ordre du Cdr. Byron pour que tout le groupe cesse de zigzaguer a été donné trois heures avant le naufrage, et peu de temps avant qu'il ne se retire dans sa cabine) ; de la quantité de bavardage radio entre les membres du groupe ; le fait regrettable que le "Valleyfield" et le "Frontenac" étaient à toutes fins utiles dépourvus de radar efficace ; et le retard du "Giffard" à lancer l'opération "Observant", la pratique consistant à décrire un carré autour d'un navire en détresse et de son sauveteur tout en larguant une charge de profondeur occasionnelle pour faire bonne mesure, avec tout ce que cela a pu impliquer pour le groupe de survivants du "Valleyfield" qui s'amenuisait. Seule la question du radar n'est pas contestée, bien que le journal de guerre de Zimmermann indique clairement qu'il a immédiatement amené l'U-548 à l'immersion périscopique après avoir lancé sa torpille, réduisant ainsi la probabilité d'obtenir un repère. Zimmermann aurait été amusé par la conclusion de la Commission selon laquelle l'attaque et l'évasion qui s'ensuivit étaient l'œuvre d'un 'commandant très expérimenté (qui) a profité de la situation offerte par la présence de nombreux bergs, growlers et morceaux de glace'. En fait, un commandant novice sans fanion à son nom avait simplement tiré une torpille à tête chercheuse sur un navire qui avait involontairement atteint sa position sans le bénéfice du radar, ceci avant de se poser sur le fond de la mer jusqu'à ce qu'une poursuite inefficace se soit calmée.
- Bien que la commission d'enquête qui a rédigé ses conclusions le 12 Mai ait loué 'l'action rapide et le mépris total de leur propre sécurité dont ont fait preuve le commandant et l'équipage du H.M.C.S. "Giffard"', l'officier général de Terre-Neuve, le Commodore C. R. H. Taylor RCN, a adopté un point de vue assez différent le 31 :
   Le commandant, le H.M.C.S. "Giffard", aurait dû se rendre compte que les navires du groupe étaient bien placés pour ordonner 'Terminez et effectuez une observation dans le sens inverse des aiguilles d'une montre autour du "Valleyfield" (ou de ma propre position)' dès qu'il a su que quelque chose était arrivé au H.M.C.S. "Valleyfield". On considère que de cette façon, il y avait de très bonnes chances que l'U-Boot ait été détecté par le H.M.C.S. "Halifax". Il est difficile de comprendre pourquoi, après avoir compris que quelque chose s'était produit à 23h43, comme en témoigne son changement de cap vers le "Valleyfield" à ce moment-là, le commandant du H.M.C.S. "Giffard" n'a rien fait pour lancer une recherche de l'ennemi avant 00h01, soit dix-huit minutes plus tard.

- Mais avec le recul, comme on dit, c'est 20/20.

- Bien que le Lt Cdr English soit parvenu à temps sur la passerelle pour donner l'ordre d'abandonner le navire, l'instruction est restée largement ignorée par l'équipage du "Valleyfield", dont les hommes restants se sont retrouvés dans des eaux réchauffées uniquement par le mazout s'échappant de ses soutes. Ceux de la section arrière ont eu un peu plus de temps avant d'être plongés dans l'Atlantique, mais il n'y a eu qu'un seul survivant de cette partie du navire. Parmi les victimes figurent le Leading Seaman D. H. Brown et les Ordinary Seamen D. E. Brown et M. H. Woods (tous de la RCNVR), que l'on a vus se précipiter sur le pont arrière pour mettre toutes les charges de profondeur en sécurité. Les deux premiers ont reçu des mentions posthumes dans les dépêches, bien qu'il ait été souligné plus tard que le nouveau type de détonateur dont les charges avaient été équipées n'aurait pas explosé étant donné la faible profondeur de l'eau. Ensuite, il y a eu le Telegraphist Harry Norman RN, qui s'est avancé pour libérer l'opérateur HF/DF piégé, 'au risque de sa propre vie'.
- Entassés dans et autour de trois flotteurs Carley et d'un floatanet (flotteurs attachée ensemble), les survivants devaient maintenant lutter contre l'hypothermie dans des eaux enregistrées au point de congélation. Attirée par les lumières rouges de leurs gilets de sauvetage, le "Giffard" est arrivée sur les lieux du naufrage quelques minutes après l'attaque, mais son arrivée n'a pas permis de sauver les survivants. Cherchant les hommes à l'eau, le Lt Cdr Peterson leur a demandé s'ils avaient été torpillés et, après une réponse affirmative très indignée, a entrepris de rechercher le sous-marin en cause. Bien que la procédure soit correcte dans les circonstances, c'est un coup dur pour ceux qui sont dans l'eau, dont plusieurs sont in extremis. Peterson a ensuite attendu près de vingt minutes avant de faire signe au reste du groupe de se joindre à lui pour prendre des mesures anti-sous-marines et de sauvetage. Les secours, lorsqu'ils arrivent au cours de l'heure suivante, arrivent trop tard pour beaucoup. Bien que le "Giffard" se soit arrêté pour permettre aux hommes de s'agripper aux cordes et aux échelles descendues sur le côté, la majorité d'entre eux avaient désormais trop froid pour s'aider. Le problème familier d'avoir une prise ferme sur des hommes imbibés d'huile a condamné beaucoup d'entre eux malgré les efforts héroïques du Chief Engine Room Artificer, N. Fraser, qui a plongé dans l'eau pour fixer des cordes autour des survivants gelés. Au total, 125 hommes ont péri, y compris le Cdr. Byron (qu'on n'a pas vu sortir de sous le pont), le Lt Cdr. English (qui a expiré alors que les filets de sauvetage du "Giffard" étaient abaissés), cinq matelots de la Royal Navy, le Surgeon (médecin) de Halifax, le Lt C. E. Irvine RCNVR (qui avait été transféré sur le "Valleyfield" quelques heures plus tôt pour soigner un cas d'appendicite présumée) et le Lt (E) J. Storey RCNVR qui revenait au Canada après avoir suivi un cours d'ingénierie en Grande-Bretagne. Les survivants souffraient tous d'hypothermie extrême et presque tous étaient sur une civière, beaucoup étant inconscients ou gravement blessés. Trois d'entre eux ont été retrouvés morts et deux autres ont succombé au froid dans les deux heures qui ont suivi. Les funérailles de ces cinq personnes ont eu lieu à St John's le 10 Mai.



Libre traduction par l'auteur du site des pages 398, 399, 400 et 401 de l'ouvrage "U-Boat Attack Logs" de Daniel Morgan & Bruce Taylor chez Seaforth Publishing.
Sources : le Net


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