Croiseurs marchands armés



- La guerre étant imminente, l'Amirauté réquisitionne en Août 1939 le premier des cinquante-sept cargos et paquebots qui vont servir de croiseurs marchands armés. Comme en 1914, le déclenchement des hostilités entraîne une grave pénurie de croiseurs pour la Royal Navy afin de répondre à ses engagements mondiaux en matière de défense commerciale, et comme à l'époque la solution insatisfaisante est le réaménagement et la mise en service de la marine marchande sous le pavillon blanc.
- Les navires sélectionnés sont tous d'environ 8000 à 22000 GRT, ont une autonomie d'au moins 4500 nautiques, une vitesse maximale de quinze nœuds ou plus et offrent des positions appropriées pour le montage d'au moins six canons de 6 pouces, dont certains datent de 1895. Beaucoup d'entre eux sont affectés au service de guerre bien avant le déclenchement des hostilités et renforcés pour l'installation de canons aux frais du gouvernement. Les premiers mois de la guerre, les AMC, composés en grande partie de réservistes, rendent de précieux services en faisant respecter le blocus de l'Allemagne et en capturant les navires ennemis en haute mer, mais les limites de ce type d'armes contre la nouvelle race de raiders de surface allemands se manifestent lors de la destruction, d'abord du H.M.S. "Rawalpindi" par les croiseurs de bataille "Scharnhorst" et "Gneisenau" en Novembre 1939, puis du "Jervis Bay" par le Panzerschiff "Admiral Scheer" un an plus tard, les deux navires ayant coulé avec de lourdes pertes humaines. Mais le pire pour les AMC est le U-Boot, qui en réclame dix dans l'année séparant le naufrage du "Carinthia en Juin 1940 et la destruction du "Salopian" en Mai 1941.
- En cela, la Kriegsmarine est d'abord assistée par le déchiffrage de plusieurs codes administratifs et opérationnels de l'Amirauté par B-Dienst, son service de surveillance radio et de renseignement, qui fournir au B.d.U. de nombreuses données exploitables jusqu'en Août 1940. Dès l'été de cette année-là, les demandes croissantes adressées aux AMC et l'attrition constante dont ils souffrent entraînent l'introduction de navires d'arraisonnement en mer (voir H.M.S. "Crispin") qui commencent à décharger les AMC de la patrouille occidentale de leurs tâches d'arraisonnement et d'interception à la fin de 1940. Le double naufrage des H.M.S. "Laurentic" et "Patroclus" en Novembre entraîne le retrait des AMC de la patrouille du Nord et leur réaffectation à la patrouille de l'Ouest et à la force d'escorte de Halifax, chargée de couvrir le détroit du Danemark. Lorsque le H.M.S. "Forfar" est perdu un mois plus tard, l'amiral Sir Charles Forbes, Commander-in-Chief de la Home Fleet, demande le retrait total des navires restants de ce type jusqu'à ce qu'ils puissent être dotés d'une escorte anti-sous-marine adéquate. L'Amirauté invoque le manque de ressources pour écarter ces deux mesures mais des mesures sont prises pour affecter les AMC à des tâches plus à l'Ouest.
- Néanmoins, cette évolution, ainsi que la disparition de la plupart des navires marchands allemands et beaucoup plus neutres de la haute mer à la suite de l'occupation allemande de l'Europe de l'Ouest, montrent que les AMC se repositionnent progressivement par rapport au rôle qui leur a été assigné. À partir de 1941, un grand nombre d'entre eux sont convertis pour le transport de troupes et d'autres fins et, en Janvier 1943, seuls dix-huit d'entre eux sont encore en service à ce titre. Ce nombre tombe à huit au début de l'année suivante, alors que la Royal Navy s'empresse de mettre en service les porte-avions d'escorte en construction aux États-Unis. La dernière unité active - le H.M.S. "Canton" - est retirée en Avril 1944. Bien que les grandes coques des AMC aient rendu de précieux et vaillants services en matière de blocus, d'escorte et d'embarquement dans les mers énormes pendant l'hiver 1939-40, elles sont inefficaces dans le rôle qu'elles sont censées jouer et constituent un luxe que les Britanniques ne peuvent pas se permettre, car les déprédations de la U-Boote-Waffe mettent le tonnage marchand à rude épreuve.

Glossaire


Libre traduction par l'auteur du site de la page 31 de l'ouvrage "U-Boat Attack Logs" de Daniel Morgan & Bruce Taylor chez Seaforth Publishing.


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