H.M.S. Forfar (ex S.S. Montrose)


S.S. Montrose © Bruce Taylor collection
Le S.S. "Montrose" sous pavillon de la Canadian Pacific Line avant la guerre (© Bruce Taylor collection)


Type
Paquebot de croisière
Sister-ships : "MontClare" et "Montcalm"
Chantiers de construction
Fairfield Shipbuilding & Eng. Co. Ltd. Glasgow (Écosse)
Mise sur cale en 1919
Lancement le 14 Décembre 1920
Terminé en Mars 1922
Voyage inaugural le 05 Mai 1922 de Liverpool à Québec et Montréal
Propriétaire
Canadian Pacific SS Co
Ligne
En 1928 : Anvers - Southampton - Québec - Montréal
En 1929 : Hambourg - Southampton - Cherbourg - Québec - Montréal
Par la suite diverses croisières
Caractéristiques techniques
Longueur : 167,20 mètres
Largeur : 21,40 mètres
Tirant d'eau : 8,5 mètres
Déplacement : 16402 BRT
Propulsion
2 turbines à vapeur, double arbre, 1 chaudière
En 1931 : Équipé de turbines à réduction simple par Harland & Wolff, Belfast
2 hélices
Vitesse maxi
16 nœuds
Armement
8 x canon de 6"
2 x canon de 3" A.A.
Équipage
H.M.S. "Forfar" : 193 hommes
Commandant
Capt N. A. C. Hardy RN
Victimes/Survivants
176/159
Notes
542 passagers en "Classe cabine"
1268 passagers en "3ème classe"

- Le S.S. "Montrose", l'un des trois paquebots de ligne construits pour la Canadian Pacific Line, est construit à l'origine sous le nom de "Montmorency". Il est mis sur cale à Fairfield, Govan en 1919, lancé sous le nom de "Montrose" en Décembre 1920 et achevé en Mars 1922. Destiné à la course Liverpool-Montréal-Québec, il entreprend son voyage inaugural le 05 Mai de la même année. Par la suite, il est transféré au service Anvers-Montréal, puis au service Hambourg-Montréal à la suite de réparations aux dommages subis lors d'une collision avec un iceberg en 1928. En 1931, le "Montrose" est équipé de turbines à engrenages chez Harland & Wolff de Belfast, revenant à la course transatlantique et effectuant la première de quarante-six croisières de plaisance l'année suivante. En Mai 1937, la Royal Empire Society l'affrète pour assister à la Coronation Review (la revue du couronnement) dans le Spithead. Le 06 Septembre 1939, le "Montrose" est réquisitionné par l'Amirauté avec son sister-ship le "Montcalm" (H.M.S. "Wolfe") pour servir comme croiseur marchand armé. Rebaptisé H.M.S. "Forfar" pour éviter toute confusion avec le vieux destroyer de classe écossaise H.M.S. "Montrose", il est converti chez Fairfield et affecté à la Northern Patrol à la fin de Novembre 1939. Mis à part l'installation d'un ballast sur la Clyde de fin Mars et la réparation de ses hélices à Liverpool à la fin Mai, le "Forfar" passe le reste de sa carrière dans cette affectation, accompagnée d'un bref passage à la Western Patrol en Novembre.
- Le 30 Novembre 1940 à midi, le H.M.S. "Forfar" quitte le Clyde pour le centre de l'Atlantique, escorté d'abord par le destroyer N.C.S.M. "St Laurent", avec l'ordre de rejoindre le convoi SC 14 et de le ramener à Liverpool. Cette affectation est due à une pénurie de cuirassés de classe "Revenge", à qui la tâche d'un soutien lourd est généralement confiée contre l'éventualité d'une attaque de surface par des raiders allemands. À 23h00 le 01 Décembre, on donne l'ordre au N.C.S.M. "St Laurent de rentrer au port, mais lorsque les rapports commence à parvenir au Western Approaches Command le soir même, on lui ordonne de renforcer l'escorte de ce convoi en faisant état d'une concentration de U-Boote autour du convoi HX 90 qui se dirige vers Liverpool. Une heure plus tard, le "Forfar" reçoit l'ordre de se diriger au Sud vers la position 54°23'N 20°11'O où un sous-marin a apparemment été aperçu. À 02h20 le 2ème officier de quart, le lieutenant Robert Antrobus RNR, appelle le capitaine Hardy à la passerelle après avoir aperçu un "objet suspect, peut-être un sous-marin". Aucune mesure n'est prise, car ni Hardy ni les autres officiers présents ne peuvent voir quoi que ce soit et puisque, comme l'a dit le Cdr. R. G. Arnot, RN (retraité), "le lieutenant Antrobus est d'une nature imaginative et plutôt susceptible de s'emballer. A des occasion précédentes quand il a fait des rapports, ceux-ci se sont révélés par la suite injustifiés". À cette occasion, cependant, le cri du loup est sûrement authentique, car l'un des loups les plus célèbres de l'époque a aperçu le "Forfar" quelques minutes plus tôt et s'apprête maintenant à attaquer. À cinq jours de Lorient, Kptlt Otto Kretschmer est sur le point d'enregistrer sa première victime depuis qu'il a tiré dix torpilles sur les croiseurs marchands armés "Laurentic" et "Patroclus" trois semaines auparavant.
- Extrait du KTB de l'U-99.



Position du naufrage du H.M.S. Forfar


- La première torpille de l'U-99 (tirée par le Oblt.z.S. Klaus Bargsten) frappe sur le côté tribord de la salle des machines à 02h50, heure du navire, faisant tomber l'antenne principale et laissant le "Forfar" incapable de produire de la vapeur. Le chef mécanicien signale que tous les moteurs sont hors service et qu'il y a de l'eau dans la salle des machines, dans les tunnels des arbres d'hélices et dans la salle des moteurs diesel. Alors qu'un signal de détresse est envoyé avec le générateur de secours, le Capt. Hardy et le Cdr Arnot s'entretiennent sur le pont, ce dernier étant toujours optimiste quant aux chances du "Forfar". Des quantités de fusées éclairantes sont tirées pour tenter de chasser le sous-marin de la scène du naufrage tandis que des bateaux de sauvetage avec de couvertures, du whisky et des cigarettes sont abaissés par mesure de précaution.
- Bien que l'apparition du H.M.S. "Viscount" force l'U-99 à plonger, son départ laisse le "Forfar" à la merci de Kretschmer. Les deuxième et troisième torpilles de Bargsten frappent le "Forfar" rapidement l'une après l'autre, et le Capt. Hardy donne bientôt l'ordre d'abandonner le navire, bien que les choses soient maintenant hors de son contrôle. Le Cdr. Arnot s'apprête à quitter la passerelle pour superviser l'ordre d'abandonner le navire lorsque la troisième torpille frappe : Je longeais alors le pont des embarcations lorsqu'une troisième torpille a de nouveau frappé le navire à bâbord, et autant que je puis voir à peu près au même endroit. Après cela, il y avait des signes inquiétants de bris de métal, de broyage, etc. et je suis moi-même tombé du pont des bateaux à travers une cavité et je suis arrivé sur le pont promenade. Je venais de me relever et de me rendre à l'endroit où se trouvaient les cutters lorsqu'il y a eu une quatrième explosion, et cela m'a semblé tout simplement ébranler le navire. Il se trouvait de nouveau du côté bâbord et à peu près dans les mêmes environs. Il m'est alors apparu que l'arrière du navire était brisé...
- Conscient des six torpilles que le "Patroclus" a prises avant de couler (son commentaire frustré "aucun effet particulier" étant répété après plusieurs coups sur le "Forfar"), Kretschmer a déjà ordonné à Bargsten de lancer la cinquième torpille de l'U-99, la dernière qu'il a chargée. Même si elle a peut-être fait exploser la soute à munition, ce coup au but n'a guère d'effets. Les deux parties coulent peu après le coup au but de la cinquième torpille, l'arrière restant à flot quelques secondes de plus que l'avant. Le Capt. Hardy reste sur sa passerelle et coule avec le navire.
- La commission d'enquête a examiné un grand nombre de témoignages de survivants et a conclu "qu'aucune négligence n'est imputable à qui que ce soit en ce qui concerne les incidents sur lesquels nous avons pu enquêter". Le fait que le "Forfar", naviguant seul, ait été condamné à une mort lente par la première torpille de Kretschmer, était tout aussi évident, son naufrage étant donné qu'il n'y avait "aucun doute que l'impact de pas moins de cinq torpilles dans la salle des machines a absolument détruit cette partie du navire". Mais en plus de faire des suggestions concernant l'équipement de sauvetage et de saluer le comportement de l'équipage de son navire, le Bureau a réservé son dernier paragraphe à l'alarme lancée par le Lt Antrobus, qui n'a pas survécu au naufrage : " Nous sommes toutefois d'avis que, à moins d'avoir les raisons les plus précises de ne pas tenir compte du rapport du Lieutenant Antrobus, le capitaine aurait dû donner l'ordre de s'éloigner à une vitesse maximale, immédiatement après avoir fait le rapport : Une justification posthume pour Antrobus, mais la question de savoir si le "Forfar" aurait pu échapper à l'U-99 pendant longtemps est une autre affaire.
- Étant donné que le "Forfar" est le cinquième navire marchand armé de la Northern Patrol et de la Western Patrol perdu à cause des sous-marins allemands depuis le début du mois d'Août, l'amiral Sir Charles Forbes, commandant en chef de la Home Fleet, propose que les autres navires de ce type soient retirés jusqu'à ce qu'une escorte anti sous-marine appropriée puisse leur être fournie.

- Peu d'hommes sont tués ou blessés par la première torpille. Toutefois, la deuxième et la troisième, qui frappent à peu près au même endroit, à quelques minutes d'intervalle, inflige d'immenses dégâts et pertes. Une partie du pont des embarcations s'effondre sur le pont promenade, tuant bon nombre de ceux qui se trouvent à leurs postes d'abandon du navire et détruisant les bateaux de sauvetage qui s'y trouvent. La quatrième torpille de Kretschmer brise l'arrière du navire, rendant impossible un abandon ordonné. Maintenant, tous les bateaux de sauvetage du navire à bâbord, sauf un, sont soit écrasés, soit inaptes à la navigation en raison des éclats causés par les détonations, la quatrième torpille explose près du cotre restant, le détruisant en morceaux et en jetant à la mer une vingtaine de ses occupants. Beaucoup n'ont pas d'autre choix que de sauter par-dessus bord et de s'efforcer de sortir de l'épave au moment où l'avant et l'arrière commencent à couler, bien qu'avec de grandes quantités d'épaves dangereuses, cela se révèle une entreprise dangereuse. Pour la majorité des membres de l'équipage du navire qui ont quitté le bord dans huit radeaux Carley (amarrés ensemble par la suite) et des deux canots de sauvetage récupérables, l'épreuve est loin d'être terminée, seuls les occupants des canots de sauvetage ayant le luxe d'avoir accès à la nourriture, aux couvertures, au whisky et aux cigarettes. Cependant, les survivants ont de la chance, car la nuit est relativement douce pour la période de l'année. Le cargo "Dunsley" arrive à l'aube après avoir combattu l'U-47 (K.K. Günther PRIEN) à quelques kilomètres de là et s'arrête pour recueillir quatre-vingt-sept survivants en violation flagrante du Defence of Merchant Shipping Regulations (Règlement sur la défense de la marine marchande). Soucieux de la sécurité de son navire, le capitaine du "Dunsley" procède ensuite à un départ précipité pendant que les survivants restants regardent avec consternation, mais il a pris soin de signaler leur position aux destroyers qui escortent le convoi HX 90. Ce n'est qu'à partir de 14h00 que l'escorte d'origine du "Forfar", le "St Laurent" et le "Viscount" arrivent sur les lieux et recueillent les 72 hommes restants. Les blessures, l'exposition et en particulier l'ingestion de mazout sont nombreuses pendant la période passée dans l'eau. Les survivants, au nombre de 159 hommes, sont débarqués à Oban (Dunsley, le 05), Liverpool ("Viscount", également le 05) et Gourock (St Laurent, le 07).



Libre traduction par l'auteur du site des pages 74, 75, 76 et 77 de l'ouvrage "U-Boat Attack Logs" de Daniel Morgan & Bruce Taylor chez Seaforth Publishing.
Source : le Net.



gauche milieu

Homepage