KTB U-278



Patrouille du 29 Janvier au 19 Février 1944 : PG 30369, NHB, reel 1096, p. 348
30 Janvier
Heure
Détails
Événements
24h00
Carreau AB 6614
Vent [?] force 1
Mer force 2
Couvert (avec neige)
Visibilité réduite
 
00h16
 
Ombre au cap 230° vrai, probablement un autre U-Boot, qui disparaît ensuite dans la brume.
01h24
Carreau AB 6653
Un U-Boot fait surface à 1 000 mètres, cap 245° vrai. Nous procédons à un échange de signaux d'identité. Je veux m'approcher à portée de voix pour demander des relevés hydrophoniques, mais le bateau s'éloigne à toute vitesse.
La communication en morse est interdite car on pense que l'ennemi est proche.
02h20
 
Fusée éclairante vue au relèvement 330° vrai.
02h44
 
Transmission W/T entrante 0244/743 : Fusée éclairante cap 40° vrai, Carreau [AB] 6555. U636 (1). Si l'on compare cette observation à la mienne, on obtient une combinaison utilisable pour déterminer la position de l'ennemi. Par conséquent :
02h46
 
Transmission W/T sortante 0246/745 : Fusée éclairante cap 330° vrai, Carreau [AB] 6628. U278.
03h44
 
 Ombre à bâbord au relèvement de 325° vrai, portée 2 500 mètres. Postes de combat.
03h47
Bärenenge (2)
Transmission W/T sortante 0347/749 : rapport météo.
L'ombre est ensuite identifiée comme étant un destroyer, deux autres ombres sont alors visibles à l'arrière (3). Le premier destroyer converge vers notre propre route, inclinaison 30°. Je me retourne et lui présente ma poupe. L'inclinaison du destroyer devient plus fine.
03h57
Carreau AB 6398
Les deux moteurs sont arrêtés, torpille tirée du tube V. Une T5, inclinaison 15°, proue gauche, vitesse de l'ennemi 15 nœuds, portée 2500 mètres, profondeur 4 mètres, point de visée poupe. Nous nous retirons pendant 1min à demi-vitesse, puis à vitesse maximale, en tentant de nous éloigner en surface (4).
03h58
 
Après 1min 45sec une détonation lointaine qui n'a aucun effet sur la cible, aucune colonne d'eau qui devrait être évidente en cas de coup. Il s'avérera plus tard, d'après la transmission W/T 1319/786, que cette détonation était très probablement le premier coup porté par Schaar, qui se trouve à proximité (5). Le destroyer attaqué ouvre le feu avec son canon à tir rapide sur sa hanche tribord (je suis maintenant sur son travers bâbord) et commence un balayage avec une lumière rouge de son mât (mécanisme de détection) (6).
04h04
 
Le destroyer est touché sous sa superstructure arrière, des fragments d'épave rougeoyants volent jusqu'à deux fois la hauteur du mât.
A peine une minute plus tard, une autre détonation sur le destroyer, produisant un grand nuage de fumée noire.
Lorsque celui-ci se dissipe, on ne voit plus rien du navire.
04h11
 
Les deux autres destroyers zigzaguent furieusement autour de la zone, larguant des charges de profondeur et cherchant avec leurs feux rouges.
04h22
 
Nous lançons Aphrodite ; les bandes de papier d'aluminium finissent dans l'eau, le ballon ne s'élève pas (7).
Avec les deux diesels à la vitesse de secours et le moteur électrique connecté pour faire bonne mesure, nous nous éloignons des destroyers et disparaissons dans la brume.
04h29
 
Transmission W/T entrante 0405/751 : Deux destroyers coulés Carreau AB 6381. Schaar.
⇒
 
 
09h12
 
Transmission W/T sortante 0830/765 : Trois destroyers Carreau AB 6383. T5 tirée à 03h57, un coup au but à l'arrière après 7min. Le navire a explosé une minute plus tard. Demande le timing relatif de l'attaque de Schaar. Poursuite à l'écoute, dernier W/T 05h30 (8). Franze.


1) Kplt Hans Hildebrandt.
2) Littéralement 'Détroit de l'Ours', il s'agit apparemment de l'étendue d'eau qui sépare le cap Nord et l'île de l'Ours à l'entrée de la mer de Barents. Il ne semble pas y avoir d'équivalent en anglais.
3) Le Hardy, le H.M.S. Venus, le H.M.S. Virago et le K.N.M. Stord.
4) La nature progressive du retrait de Franze était destinée à éviter que l'U-278 ne devienne la cible de sa propre Zaunkönig.
5) Oblt.z.S. Gerd Schaar, commandant de l'U-957. Comme l'indique Franze, cette entrée a été composée à partir d'informations glanées dans un signal transmis ultérieurement par Schaar à 13h19 ce jour-là, qui développait sa transmission de 04h29 (voir ci-dessus). Le message de 13h19 se lit comme suit : 'AB 6381 [a tiré] 1 fois sur deux destroyers, 03h46 T5 touchée après 11 minutes, nuage de fumée, a coulé. 03h54 destroyer avec T5 après 12min, a explosé'. Il s'agit sans doute d'une réponse au signal de Franze de 0912 (voir ci-dessus) annonçant un naufrage à 03h57, preuve de la crainte de chaque partie qu'un précieux fanion ne soit revendiqué par l'autre. En l'occurrence, le F.d.U. Norwegen (Officier commandant des U-Boote, Norvège) attribue le naufrage à Franze.
6) Malgré les soupçons de Franze concernant un dispositif de détection, la lumière rouge n'était probablement rien d'autre que l'écran infrarouge que les Alliés ont commencé à installer devant leurs projecteurs à l'été 1943 pour éviter que le faisceau lui-même ne soit vu.
7) Le système de leurre radar Aphrodite impliquait le lancement d'un ballon rempli d'hydrogène diffusant des bandes de quatre mètres d'aluminium ou d'étain. Il était conçu pour planer au-dessus de l'eau, fixé par une ancre en toile, mais dans ce cas, la portance nécessaire ne semble pas avoir été atteinte. (Voir : Senseurs).
8) Par 'poursuite de l'écoute' (Horchverjolgung dans l'original), Franze fait référence à Asdic.
⇒ Passage du KTB qui n'a aucune incidence sur le récit.

Libre traduction par l'auteur du site des pages 373 et 374 de l'ouvrage "U-Boat Attack Logs" de Daniel Morgan & Bruce Taylor chez Seaforth Publishing.

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