H.M.S. "Hardy"


H.M.S. Hardy (© IWM)
H.M.S. "Hardy" (© IWM)


Type
V-Class Destroyer
Chantiers de Construction
John Brown & Company, Clydebank, Écosse
Mise sur cale
14 Mai 1942
Lancement
18 Mars 1943
Mise en service
14 Août 1943
Caractéristiques techniques
Longueur : 110,56 mètres
Largeur : 10,89 mètres
Tirant d'eau : 3,04 mètres
Déplacement : 1806 tonnes
Propulsion
2 x chaudière Admiralty
2 x ensemble turbo-réducteurs Parsons
2 x hélice
Puissance : 40000 ch
Combustible
588 tonnes de mazout
Vitesse maxi
36 nœuds
Autonomie
4860 nautiques à 20 nœuds
Armement
4 x canon de 120mm
2 x Bofors de 40mm
8 x mitrailleuse de 20mm
2 x 4 tube lance-torpilles de Ø 533mm
2 x grenadeur
4 x mortier avec 70 à 130 charges de profondeur
Détection
Asdic Type 144
Radars de Type 276/291 ou 293 (veille air-surface)
Équipage
180/225 hommes
Commandant
Capt. (D) W. G. A. Robson DSO DSC RNR
Victimes/Survivants
35/214

- Le destroyer leader H.M.S. "Hardy" est construit par John Brown de Clydebank en Mai 1942, lancé en Mars 1943 et achevé en Août de la même année après des retards dans l'installation du nouveau directeur de tir Mk-VI. L'un des destroyers de la classe 'V' du programme de guerre d'urgence, il est nommé d'après le chef de la 2nd Destroyer Flotilla qui a été perdu lors de la première bataille d'Arvik le 10 Avril 1940, une action qui a valu au capitaine (D) Bernard Warburton-Lee une Victoria Cross posthume. La plupart des navires de la classe 'V' (y compris le "Hardy") sont mis en service à l'automne 1943 au sein du 26th DF, Home Fleet, cette unité partageant son temps entre les missions de convoyage dans l'Arctique et l'escorte de raids de porte-avions contre les navires de l'Axe au large de la Norvège. En Octobre, le "Hardy" escorte la garnison de secours au Spitzberg avant d'être affecté avec d'autres éléments du 26e DF à son premier convoi russe en Novembre : JW 54B. Cependant, le "Hardy" est parti depuis longtemps lorsque sa flottille réalise son plus grand exploit, le naufrage du croiseur lourd japonais "Haguro" dans le détroit de Malacca le 16 Mai 1945.

- Alors que l'année 1943 touche à sa fin, la guerre en mer semble avoir basculé en faveur des Alliés sur le théâtre Nord. Bien que la menace de la Luftwaffe et des U-Boote subsiste, les pertes alliées au cours du deuxième semestre de 1943 se comptent sur les doigts d'une main, tandis que les lourds dommages subis par le "Tirpitz" en Septembre et le naufrage du "Scharnhorst" en Décembre ont éliminé les principales menaces de surface pour les convois russes. Toutefois, comme les Britanniques s'en doutent, les convois JW 56A et JW 56B, qui quittent le Loch Ewe à deux semaines d'intervalle en Janvier 1944, risquent d'avoir plus de mal que leurs prédécesseurs immédiats. Sur les ordres directs d'Hitler, Dönitz renforce les forces disponibles pour le Fd.U. Norwegen, tous les nouveaux navires étant équipés de la torpille acoustique T5 et des derniers détecteurs de radar Naxos. Bien que les décryptages d'Enigma permettent à l'Amirauté de rediriger le JW 56A au Nord de la ligne de patrouille prévue, le bateau le plus au Nord du groupe "Isegrim" (un loup dans la mythologie germanique), l'U-956 (Mohs), est suffisamment hors de position pour repérer le convoi à midi le 29 Janvier et faire remonter huit autres bateaux. En dehors des fausses allégations, la nuit du 25 au 26 Janvier apporte les premiers succès allemands contre les convois russes depuis Octobre, avec le naufrage de deux grands navires marchands du JW 56A ainsi que des dommages à un troisième et au destroyer H.M. "Obdurate". Les Alliés sont donc conscients de la menace qui se cache entre le Cap Nord et le Spitzberg et le départ du convoi de retour RA 56A est retardé pour permettre à l'escorte prévue de renforcer le JW 56B à l'approche des lignes de patrouille "Werwolf" et "Wiking". L'escorte combinée, qui compte quinze navires à un moment donné, est commandée par W. G. A. Robson, Captain (D), sur le H.M.S. "Hardy", de la 26th Destroyer Flotilla. Les U-Boote se rapprochent en masse dans la nuit du 29 au 30 Janvier, les U-278 (Franze), U-313 (Schweiger), U-472 (von Forstner), U-601 (Hansen) et U-957 (Schaar) lançant chacun des torpilles Zaunkönig contre l'escorte. De nombreuses attaques sont revendiquées sur la base de données acoustiques trompeuses, mais un seul navire a été touché : Le H.M.S. "Hardy", aux premières heures du 30. L'attaque a lieu alors que le "Hardy", le "Venus", le "Virago" et le destroyer norvégien "Stord" poursuivent un contact HF/DF le long du flanc tribord du convoi. Deux U-Boote sont détectés par le "Virago" à l'avant bâbord du "Hardy", mais le chef de la flottille n'en sut rien jusqu'à ce que sa poupe soit soufflée et que le navire soit incendié.
- Extrait du KTB de l'U-278.




73°37'N 18°56'E selon une autre source


- L'impact sur la poupe du "Hardy" est suivi d'une seconde détonation, que le Captain Robson et l'Amirauté considèrent comme l'explosion du local à munitions arrière. Les comptes-rendus varient quant au moment où cela s'est produit, allant de 'presque immédiatement' dans les souvenirs (de nombreuses années plus tard) du Lt C. J. R. Whittle, en passant par 'à peine une minute plus tard' de Franze (voir l'entrée pour 04h04) jusqu'à 'trois minutes plus tard' de Robson. Ces divergences n'auraient pas d'importance si ce n'est que, comme nous le verrons plus loin, le naufrage du "Hardy" a été revendiqué par pas moins de trois U-Boote. Quoi qu'il en soit, après la première explosion, 'le navire a été secoué violemment à deux reprises, il a été incliné par la poupe et a pris une gîte de 5°-10° à tribord'. Le moteur de bâbord s'est immédiatement arrêté et on a constaté que le moteur de tribord tournait à très grande vitesse, l'arbre s'étant brisé. Après la deuxième explosion, le Chief Engineer, le Cdr. (E) Ernest Mill, évacue la salle des machines et signale au Capt. Robson que le navire est inondé jusqu'à la cloison arrière de la salle des machines et que les deux turbines sont hors service. Conscient que le "Hardy" était condamné, Robson a donné l'ordre d'abandonner le navire, après quoi l'équipage survivant a été transféré sur les H.M.S. "Virago" et "Venus". À bord du H.M.S. "Venus", Robson a convenu avec son sauveteur, le Cdr. J. S. M. Richardson DSO, que le remorquage non seulement laisserait la force d'escorte gravement diminuée, mais mettrait en danger les deux navires impliqués sans gain certain. L'officier torpilleur du "Hardy" a refusé et, à 05h51, c'est à son homologue du "Venus" qu'il a incombé de lancer une torpille de grâce à une distance d'environ un mille. 'Il y a eu le diable d'une explosion entre le mât et la cheminée. Le "Hardy" a explosé de façon spectaculaire et a coulé en deux moitiés à la position approximative de 73°37'Nord, 18°56'Est'. Cet événement, qui fit pleurer Robson dans le carré du "Venus", coïncida avec le tir d'une T5 par l'U-601, l'Oblt.z.S. Otto Hansen affirmant par la suite avoir été touché sur la base de données acoustiques.
-    Le F.d.U. Norwegen avait une tâche difficile à accomplir pour démêler les différents succès revendiqués par les groupes "Werwolf" et "Wiking" à ce moment-là. Outre l'attaque de l'U-278 à 03h57 et celle de l'U-601 deux heures plus tard, le F.d.U. devait également évaluer les revendications de l'U-957 de l'Oblt.z.S. Gerd Schaar (torpilles tirées sur des destroyers à 03h54 et 03h56 avec des durées de 11min 45sec et 12 min) et l'U-472 de l'Oblt.z.S. Wolfgang-Friedrich Freiherr von Forstner (torpilles tirées sur un destroyer à 03h57, durée 2min 30sec). Sur la base d'une comparaison des journaux de guerre, les Allemands attribuèrent le naufrage à Franze, un point de vue confirmé dans l'analyse d'après-guerre par le professeur Jürgen Rohwer et par la British Naval Historical Branch. Rohwer attribue les affirmations de Schaar à des détonations en fin de parcours (onze à douze minutes étant typiques de celles-ci) et celles de von Forstner à une attaque infructueuse sur le "Stord" voisin. Ces évaluations sont incontestables, mais attribuer le naufrage du "Hardy" à l'U-278 ne peut représenter plus qu'une balance de probabilité. Outre le point d'interrogation qui plane sur la seconde détonation du "Hardy", il existe des problèmes irréconciliables en ce qui concerne les positions des différents U-Boote (leurs propres coordonnées les situant à plusieurs kilomètres les uns des autres) et le chronométrage relatif de quatre chronomètres différents (celui du "Hardy" et ceux des trois U-Boote mentionnés ci-dessus). Les Britanniques eux-mêmes ont estimé qu'au moins deux et peut-être jusqu'à quatre U-Boote étaient à portée de main. Il est donc peu probable que le dossier de la perte du H.M.S. "Hardy" soit entièrement clos.

- Ni les comptes-rendus officiels ni les récits personnels découverts par les auteurs ne permettent de savoir combien d'hommes du "Hardy" ont été perdus dans les détonations qui ont détruit sa poupe. Le Capt. Robson a ordonné à tous les hommes de se rendre sur le gaillard d'avant après la deuxième explosion, tandis que le "Virago" recevait le signal du "Venus" de s'approcher du "Hardy" et de récupérer les survivants. Bien que plusieurs d'entre eux aient été récupérés, le "Virago" a endommagé sa proue en s'approchant pour la troisième fois. Robson a alors ordonné au "Venus" de terminer le travail et au "Virago" de rejoindre le "Stord" pour les couvrir. Le Cdr. Richardson du "Venus" a alors amené son navire le long du côté tribord du Hardy dans une scène dont le Lt Whittle se souvient très bien :
   Il s'ensuivit une scène étrange et inoubliable : les deux navires s'accrochaient l'un à l'autre, roulant et grinçant dans la houle arctique, des hommes dans l'eau entre les deux navires, d'autres se baissant sur les lignes d'étrave pour les tirer (ou sur les filets en mouvement et en danger imminent d'être écrasés, toute la scène étant terriblement éclairée par les lumières vacillantes des aurores boréales.
Le Sub-Lt. L. T. Stainer a fait une évasion époustouflante :
   Je me suis dirigé vers le bastingage et je l'ai enjambé, prêt à me laisser tomber sur le pont du V[enus], mais à ce moment-là, le navire a fait une embardée et je me suis accroché au bastingage pour sauver ma vie. Ce bastingage était aussi froid que je l'étais - en fait, je ne suis pas du tout sûr qu'il n'était pas recouvert d'une fine couche de glace comme de nombreuses parties du navire. J'ai pensé que ma peau pourrait geler sur le métal, mais au lieu de cela, ma main a semblé commencer à glisser et c'est avec un certain soulagement que j'ai vu le pont de V[enus] passer sous moi lorsque j'ai lâché prise et que je suis tombé en tas sur le pont.
Ignorant les secours, le Cdr. (E) Ernest Mill, un produit du programme de promotion de la Royal Navy pour les matelots du pont inférieur, libère un flotteur Carley et part récupérer ceux qui sont dans l'eau. Stainer se souvient de son aventure :
   Il a pagayé jusqu'au feu rouge le plus proche et a trouvé un jeune matelot qui appelait à l'aide... Il l'a hissé à bord et est parti vers le prochain feu visible mais les appels à l'aide insistants de celui qui avait déjà été secouru ont sapé sa concentration et il l'a frappé sur la tête avec sa pagaie après que deux ou trois cris pour le faire taire aient échoué. Dans un calme relatif, il a continué à pagayer, mais il s'est rendu compte qu'il courait après des hommes déjà morts. Il a donc fait demi-tour vers les deux navires ["Hardy" et "Virago"] et, alors qu'il s'approchait, son passager s'est approché et a demandé : 'Puis-je crier maintenant, Monsieur ? Au milieu du navire, le [Venus] avait placé un filet de sauvetage au-dessus du navire car un ou deux d'entre eux étaient tombés entre les deux navires et le filet donnait à ceux qui essayaient de les sauver quelque chose à quoi s'accrocher au-dessus de l'eau. Le commandant (E) a passé son bras à travers le filet pour retenir son radeau pendant que des mains enthousiastes hissaient l'homme secouru à bord. Malheureusement, avant qu'il ne puisse suivre, une pale de l'hélice du V[enus] a envoyé une vague qui a renversé le radeau et l'a projeté dans la mer. Deux hommes, accrochés au filet mais eux-mêmes hors de l'eau, ont finalement réussi à l'attraper et à le hisser à bord.
Les survivants ont atteint la Péninsule de Kola le 01 Février sans autre incident.



Libre traduction par l'auteur du site des pages 372, 373,374 et 375 de l'ouvrage "U-Boat Attack Logs" de Daniel Morgan & Bruce Taylor chez Seaforth Publishing.
Sources : le Net
                 Los! HS n°26 pour certaines données techniques


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