H.M.S. "Jaguar"


H.M.S. Jaguar (© BfZ)
H.M.S. Jaguar (© BfZ)


Type
J-class destroyer
Chantiers de Construction
William Denny and Brothers
Mise sur cale
25 Novembre 1937
Lancement
22 Novembre 1938
Mise en service
12 Septembre 1939
Caractéristiques techniques
Longueur : 108,66 mètres
Largeur : 10,89 mètres
Tirant d'eau : 2,74 mètres
Déplacement : 1690 tonnes
Déplacement maxi : 2370 tonnes
Propulsion
2 × chaudière Admiralty
2 × turbine à vapeur à engrenages
2 x hélice
Puissance : 444000 ch
Vitesse maxi
36 nœuds
Autonomie
5500 nautiques à 15 nœuds
Armement
3 x canon jumelés QF 4,7 pouces (120mm) Mk XII
1 × canon antiaériens quadruple QF 2-pounder (40mm)
2 × mitrailleuse quadruple antiaériennes QF 0,5 pouce (12,7mm) Mk III
2 × tube quintuple lance-torpilles de 21 pouces (533 mm)
1 x rack
2 x lanceur
20 charges de profondeur
Détection
ASDIC
Équipage
183 hommes
Commandant
Lt Cdr. L. R. K. Tyrwhitt DSC RN
Victimes/Survivants
195/53

- Le H.M.S. "Jaguar" est la huitième et dernière unité des destroyers de classe "J", dont la conception représente un retour aux petits navires mieux adaptée au travail en flotte que la classe "Tribal". Le H.M.S. "Jaguar" est mis sur cale au chantier de William Denny à Dumbarton sur la Clyde en Novembre 1937, lancé presque un an jour pour jour plus tard et achevé en Septembre 1939. La classe entre en service à la 7th Destroyer Flotilla, Home Fleet à la veille de la Seconde Guerre Mondiale et passe le premier hiver du conflit à patrouiller sur la côte Est et le détroit de Douvres tout en étant basé à Grimsby. Ce n'est pas le cas du "Jaguar" qui s'échoue dans le Forth peu de temps après sa mise en service, l'obligeant à passer une grande partie d'Octobre 1939 en réparation à Leith, tandis que le printemps 1940 la retrouve à Dundee. Le 20 Mai, il participe à l'opération "QUIXOTE" au cours de laquelle six câbles télégraphiques sous-marins reliant la Grande-Bretagne aux îles allemandes de Borkum et Nordeney sont sectionnés. Quelques jours plus tard, il est impliqué dans l'évacuation des troupes britanniques et alliées de Dunkerque, sauvant 700 soldats avant que les dommages causés par les bombes le 29 ne nécessitent son remorquage jusqu'à Douvres. Après avoir été réparé sur le Humberside, le "Jaguar" rejoint sa flottille en patrouille à Harwich en Juin, et est affecté à la pose de la barrière anti-mines de la côte Est en Juillet et Août. Les 10 et 11 Octobre, il escorte le cuirassé "Revenge" lors du bombardement de Cherbourg, et passe le reste du mois à se remettre en état à Devonport Dockyard avant de transférer à Gibraltar pour servir avec la Force H. À la fin du mois de Novembre, le "Jaguar" rejoint l'opération "COLLAR", la livraison d'un convoi à Malte et des renforts navals pour la Méditerranée orientale qui aboutit à une action non concluante avec la flotte italienne au large du cap Spartivento le 27. Le service d'escorte se poursuit en Décembre avec l'opération "HIDE", le passage du convoi MG 1 de Malte à Gibraltar. En Janvier 1941, il est affecté à l'opération de convoi transméditerranéen nommée "EXCESS" qui atteint Alexandrie très diminuée le 16. Avec ce le "Jaguar" rejoint la Mediterranean Fleet, le début d'une année de service inlassable avec le 14th DF.
- Basé initialement à Suda Bay sur la côte Nord de la Crète, en Février, le "Jaguar" couvre l'échec du raid Commando sur l'île italienne de Castelorizzo dans le Dodécanèse, engageant le destroyer "Francesco Crispi" le 28, et un mois plus tard est présent à la Bataille de Cap Matapan pendant lequel la Mediterranean Fleet coule trois croiseurs lourds italiens. En Avril ont lieu le bombardement de Tripoli puis le naufrage du transport armé italien "Egeo" au large de Lampedusa en compagnie de ses sister-ships "Jervis", "Janus" et "Juno". Le H.M.S. "Jaguar" fait partie des rares navires à sortir indemnes de l'évacuation de la Crète en Mai et est bientôt de nouveau en action, engageant les destroyers français "Valmy" et "Guépard" au large de Sidon le 23 Juin lors des opérations britanniques contre Vichy en Syrie. Basé maintenant à Alexandrie, en juillet, le "Jaguar" commence une routine de bombardements côtiers et de fonctions d'escorte de convoi à Chypre et à Tobrouk, et c'est en opérant au large de la Libye qu'un obus de 4,7 pouces tiré accidentellement du "Jervis" frappe le pont du "Jaguar", tuant son commandant le Cdr J. F. W. Hine et un de ses hommes le 01 Décembre 1941. Une semaine plus tard, le "Jaguar" est à Malte avec un nouveau Commandant et se prépare pour des opérations de surface contre les convois italiens avec la Force K. Bien qui l'inclut le bref engagement connu lors de la première bataille de Sirte le 17, son premier ratissage se solde par un désastre lorsque l'escadre se heurte à un champ de mines italien au large de Tripoli deux jours plus tard. Les croiseurs "Aurora" et "Penelope" sont endommagés tandis qu'un troisième, le "Neptune", coule avec la perte de tous sauf un de ses 767 hommes. Une quatrième victime est le destroyer "Kandahar" qui doit être coulé par le "Jaguar" le jour suivant une fois que l'équipage de son navire a été sauvé. Le "Jaguar" ne tarde pas à suivre. En Janvier 1942, il reprend le service d'escorte de convoi en Méditerranée Orientale qui le réclame lors de son quatrième voyage.

- Mars 1942 est un mois sévère pour la Royal Navy en Méditerranée. Les pertes du "Naiad" et du "Heythrop" les 11 et 20 respectivement sont suivies le 24 par celle du H.M.S. "Southwold", qui heurte une mine aux abords de Malte en escortant le convoi MW 10. Toujours en patrouille au Nord de Sîdi Barrâni, le 26 l'U-652 poursuit son succès contre le H.M.S. "Heythrop" en réclamant un autre 'scalp' sur le 'Spud Run' la route d'approvisionnement dangereuse entre Alexandria et Tobrouk : le H.M.S. "Jaguar", le "Jaguar" est le Senior Officer d'un petit groupe complété par le destroyer britannique "Vasilissa Olga" (appelé "Queen Olga" par les Britanniques) de la Royal Hellenic Navy et le baleinier anti-sous-marin H.M. "Klo". Le 25 Mars, ils quittent Alexandrie à destination de Tobrouk avec le pétrolier RFA Slavol chargé de mazout pour la 5th Destroyer Flotilla. Dans la nuit du 25 au 26, des renseignements sont reçus à Alexandrie signalant la présence d'un U-Boot à proximité du convoi et d'un avertissement signalé aux escortes à 02h52. Cela est cependant arrivé trop tard pour modifier le cours des événements. Seulement vingt-cinq minutes plus tôt, le "Jaguar" a été victime de l'U-652, Oblt.z.S. Georg-Werner Fraatz profite d'un zigzag favorable pour attaquer l'escorte au lieu de plonger sous le convoi pour engager le "Slavol" par l'arrière comme prévu à l'origine. Cependant, les malentendus qui suivent la perte du Senior Officer ont fait en sorte que le "Slavol" et sa précieuse cargaison ne verraient jamais non plus Tobrouk.
- Extrait du KTB de l'U-652.





- Le "Jaguar" vient tout juste de changer de cap sur le segment bâbord de son zigzag lorsque la première torpille de l'U-652 frappe entre la cheminée et le pont du côté tribord, suivie immédiatement d'une autre entre la cheminée et la plate-forme 'pom-pom'. Le survivant des gradés, le First Lieutenant Lt P. D. F. Cole du "Jaguar", dort dans la salle des cartes sous le pont lorsque le navire est frappé, enregistrant plus tard que « Je me suis dirigé vers la porte pour être accueilli par des flammes qui montent de l'échelle à la salle des cartes. Je tourne à gauche et monte l'échelle vers le pont - à ce moment-là, le navire est en mauvaise posture et j'entends le Chief Bosun Mate (boatswain = maître d'équipage) dire assez calmement "Je pense qu'elle s'en va" - puis je me retrouve dans l'eau ». Dans son rapport officiel Lt Cole témoigne d'une gîte immédiate à tribord, à la suite de laquelle le "Jaguar" s'est brisé en deux. La partie avant du navire, y compris les ponts du mess, les passages et la structure du pont, est engloutie dans un énorme incendie avant de couler environ une minute après avoir été touchée. La partie arrière, allant du canon arrière de 4,7 pouces au mât de pavillon, est restée à flot pendant encore trois minutes.
- Les difficultés du Lt Cdr Tyrwhitt sont maintenant aggravées par la confusion entre le "Vasilissa Olga" et le "Klo" quant à savoir qui se tient près du "Jaguar", et par conséquent le détournement des deux navires pour sauver ses survivants. Cela laisse inévitablement le "Slavol" se diriger vers Tobrouk sans escorte, et ce n'est que lorsque le Lt Cole est récupéré par le "Klo" près de deux heures après le naufrage que la terrible situation du "Slavol" est appréhendée et le "Vasilissa Olga" reçoit l'ordre de le rejoindre immédiatement. Au moment où le "Vasilissa Olga" rattrape le "Slavol" à 05h20, il ne lui reste plus que des lumières vacillantes venant d'hommes dans des bateaux de sauvetage, Fraatz l'a coulé une demi-heure plus tôt. Passant en revue l'épisode, l'Admiral Sir Henry Harwood, Commander-in-Chief Mediterranean Fleet, déclare que rien n'aurait pu être fait pour sauver le "Jaguar" une fois qu'il avait été touché, mais que le "Vasilissa Olga" aurait dû ordonner au "Klo" de se tenir aux côtés du "Jaguar" pendant qu'il contre-attaqué pour rejoindre le "Slavol". Cependant, comme Harwood le conclue dans son rapport à l'Amirauté, « Il n'est pas prévu de mener une enquête sur cet épisode lamentable, dont les faits ne sont que trop clairs. Une décision qui devait sans doute davantage à la sensibilité d'un allié pressé qu'à toute considération disciplinaire ».
- Bien que les faits aient pu être clairs pour les autorités britanniques, l'Oblt.z.S. Fraatz les trouva manifestement beaucoup moins, un état de fait bien trop évident d'après le contenu de son journal de guerre. En effet, tenter de deviner la séquence de l'interprétation des événements par Fraatz à partir des informations fournies dans son journal s'est avéré plus difficile. La raison en est que Fraatz a fait un travail très imparfait en superposant son évaluation initiale de l'action avec les données et les déductions obtenues par la suite et auxquelles il est parvenu. Bien que la réévaluation a posteriori soit une caractéristique récurrente du KTB, le compte rendu de cet épisode par Fraatz est inhabituel tant par l'ampleur des révisions que par la manière incomplète dont elles ont été faites. Il en résulte une interprétation changeante des événements qui ne permet ni un compte rendu cohérent de l'action ni une idée claire de l'évolution de la pensée de Fraatz. Il n'est pas étonnant que cette attaque soit parfois attribuée à Reschke de l'U-205, mais ni le journal de Fraatz ni celui de Reschke ne laissent planer le doute sur le fait que l'U-652 a coulé à la fois l'escorte et le marchand.

- Les deux torpilles qui frappent le H.M.S. "Jaguar" font portées un lourd tribut à son équipage et le Lt Cole est l'un des rares hommes à survivre de la partie avant du navire, qui est perdue avec lui pendant qu'il est de repos. Encore moins d'entre eux peuvent avoir survécu des salles des moteurs, tandis que le Lt Cdr Tyrwhitt est présumé avoir tué dans sa cabine par les explosions initiales. Il n'y a aucune possibilité de lancer des bateaux de sauvetage et des radeaux, laissant le sauvetage de ceux qui se sont dégagés de l'épave d'être confiés au "Klo" et au "Vasilissa Olga", qui maintiennent le cap pendant environ une demi-heure avant de se replier pour aider les survivants. Les cinquante-trois survivants du "Jaguar" couverts d'huile sont débarqués par le "Klo" à Mersa Matrûh plus tard dans la journée. Ce n'est pas non plus la fin de leurs ennuis, car le train hôpital dans lequel ils sont envoyés à Alexandrie se trouve être la cible d'une attaque aérienne en cours de route.



Libre traduction par l'auteur du site des pages 220, 221, 223 et 224 de l'ouvrage "U-Boat Attack Logs" de Daniel Morgan & Bruce Taylor chez Seaforth Publishing.
Sources : le Net


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