H.M.S. "Martin"


H.M.S. Martin (© IWM)
H.M.S. "Martin" (© IWM)


Type
Destroyer de Classe M
Chantiers de Construction
Vickers-Armstrong, Newcastle upon Tyne (Angleterre)
Mise sur cale
23 Octobre 1939
Lancement
12 Décembre 1940
Mise en service
04 Avril 1942
Caractéristiques techniques
Longueur : 110,41 mètres
Largeur : 11,27 mètres
Tirant d'eau : 3,04 mètres
Déplacement : 1920 tonnes
Déplacement maxi : 2725 tonnes
Propulsion
2 x turbine à réduction par engrenages Parsons
2 x chaudière Admiralty à 3 tambours
2 x hélice
Puissance : 48000 ch
Combustible
567 tonnes
Vitesse maxi
36 nœuds
Autonomie
5500 nautiques à 15 nœuds
Armement
6 × canon QF de 120 mm Mk XI (montures doubles HA/LA Mk.XI)
1 × canon A.A. de 102mm Mk V
4 × canon QF de 40mm Mk.VIII L/39 (monture quadruple Mk.VIII)
2 × canon A.A. simples de 20mm Oerlikon
12 × mitrailleuse Vickers A.A. de 12,7mm (2 × montures quadruples & 2 × montures doubles Mk.III)
4 × tube lance-torpilles de Ø 533mm (monture quadruple Mk.IX)
2 × lanceur
2 × rail pour 42 × charges de profondeur
Détection
Asdic
Radars Type 290 (radar d'alerte aérienne) & Type 285
Équipage
190-226 officiers et matelots
Commandant
Cdr. C. R. P. Thompson DSO RN
Victimes/Survivants
159/63

- Construit au chantier naval de Vickers-Armstrong à Walker-on-Tyne en Octobre 1939, le H.M.S. Martin est lancé en Décembre 1940 mais n'est achevé qu'en Avril 1942. Affecté à la 17th Destroyer Flotilla, Home Fleet, le Martin est immédiatement affecté aux convois russes, rejoignant le PQ 15 qui fait route vers la péninsule de Kola le 26 Avril. Son premier contact avec l'action a lieu à la fin du mois de Mai en tant que membre de l'escorte rapprochée du convoi PQ 16 vers Mourmansk, au cours de laquelle trois U-Boote sont engagés sans succès et des dommages sont causés par des bombes allemandes. À la fin Juin, il rejoint le convoi fatidique PQ 17, l'escortant jusqu'à ce qu'il reçoive l'ordre de se disperser le 04 Juillet, après quoi il est dévasté par des attaques aériennes de la Luftwaffe et des U-Boote. De retour indépendant à Scapa Flow, le Martin appareille pour la péninsule de Kola une fois de plus le 20 Juillet, cette fois avec des fournitures et des munitions pour le convoi de retour, QP 14, qui prend forme à Arkhangelsk. Le 24 Août, le Martin appareille d'Arkhangelsk en compagnie des destroyers H.M. Marne et Onslaught et du croiseur U.S.S. Tuscaloosa pour un balayage le long de la côte Nord de la Norvège. Cette force semble avoir agi sur la base des renseignements d'écoute alliés et rencontre dûment le mineur allemand Ulm au Sud-Est de l'île aux Ours le 25, le coulant et sauvant cinquante-quatre survivants. Retour à Scapa Flow à la fin Août, le 04 Septembre, le Martin appareille pour escorter son quatrième convoi russe en direction de l'Est, le PQ 18. Pour le sort de ce convoi et du QP 14 auquel le Martin se joint par la suite, voir le H.M.S. "Somali". Après avoir été affecté à la 3rd DF Home Fleet et un mois passé à Scapa Flow, il reçoit l'ordre d'appareiller pour les eaux plus douces de la Méditerranée le 30 Octobre, c'est un soulagement pour le Martin mais le changement de climat annonce un terrible revers de fortune. Après avoir fait le plein à Gibraltar le 05 Novembre, le Martin prend sa place dans l'écran du destroyer de la Force H, puis patrouille au large de l'Algérie à l'appui de l'opération Torch.

- Le soir du 05 Novembre 1942, des espions italiens près de Gibraltar observent une armada de plus de quatre-vingt-dix navires passant le détroit dans la Méditerranée, premier indice par l'Axe de l'opération Torch, les débarquements alliés en Algérie et au Maroc qui vont sonner le glas de l'Afrika Korps. Le commandant de la U-Boot-Waffe en Méditerranée, le Konteradmiral Leo Kreisch (F.d.U. Italie), déploie les neuf bateaux dont il dispose immédiatement sur trois lignes au Sud des Baléares en vue d'interdire les débarquements sur la côte algérienne. Ils sont rejoints quelques jours plus tard par l'U-431 (Kptlt Wilhelm Dommes) qui est revenu de patrouille à La Spezia le 05 pour être ravitaillé à la hâte et renvoyé en mer. Les retours contre les convois de Torch sont initialement lamentables avec peu d'observations et aucun succès. Renforcé par des bateaux passant par le détroit de Gibraltar, Kreisch redéploie ses forces dans les groupes "Hai" et "Delphin" au large d'Alger et d'Oran. Même dans ce cas, les Allemands connaissent un succès limité, et bien que l'U-81 et l'U-331 coulent le S.S. Garlinge et le transport de troupes américain Leedstown au large de l'Algérie, les exhortations de Kreisch à engager l'ennemi 'sans considération pour l'équipage ou le bateau' ne réussissent pas à générer le résultats attendus d'une telle concentration dans les eaux très fréquentées. Cependant, la U-Boot-Waffe n'a pas encore tout à fait fini avec Torch. Peu de temps après minuit, le 10, l'U-431 saisit sa première opportunité alors que les veilleurs aperçoivent un groupe de sept croiseurs et destroyers se dirigeant vers l'Ouest. C'est l'écran de la Force H qui naviguait à l'Est d'Alger la veille au soir avant de faire demi-tour vers Bougie à minuit. Incapable d'approcher le groupe en raison de problèmes mécaniques qui limitent sa vitesse à dix nœuds, Dommes est obligé de tirer une gerbe de quatre torpilles à une portée de plus de 3000 mètres. Peu de temps après, le destroyer sans méfiance Martin est détruit par trois torpilles de cette salve. (Attaque du H.M.S. Martin par l'U-431)
- Extrait du KTB de l'U-431.





- Le H.M.S. "Martin" a la malheureuse distinction d'être le seul destroyer allié de la guerre à subir trois impacts de torpilles en une seule attaque, rencontrant en conséquence un sort prévisible. La première torpille frappe à 02h59, heure du navire, derrière la cabine avant, mettant le feu à cet espace et au carré des officiers. La deuxième torpille frappe 'entre les cloisons 20 et 27, faisant sauter la tourelle 'A' et le gaillard d'avant, et provoquant des incendies importants dans les autres ponts du mess' sans doute à cause de la détonation de la soute à munitions avant. On pense que la troisième torpille frappe près de la salle des machines, provoquant l'inondation immédiate de cette zone et la panne de tout éclairage. Moins de deux minutes après la première explosion, le pont est sous l'eau et la partie avant coule. La poupe flotte à un angle d'environ soixante degrés pendant encore une vingtaine de minutes, une charge de profondeur explosant au moment où elle passe sous l'eau, ce qui a été noté par Dommes dans son journal de bord à 04h30.
- Comme le "Martin" ou tout autre navire dans l'écran n'a obtenu ni effet d'hydrophone ni contact Asdic et que rien n'aurait pu être fait pour le sauver de 900 kilogrammes d'explosif, on renonce à une commission d'enquête (Board of Enquiry). Cependant, bien que la cause du naufrage ne soit pas mis en doute, on ne sait pas de quel côté le "Martin" a été frappé. La principale source officielle sur la perte, un bref rapport du survivant le plus gradé, le Lt Charles Kavanagh, rapporte que 'toutes les torpilles semblaient provenir du côté tribord' et que le "Martin" s'est fortement incliné à tribord après la troisième détonation, une vue soutenue par les survivants. Cependant, cela est contredit par les données sur les torpilles de Kptlt Dommes et son croquis de l'épisode qui indiquent que l'attaque a été faite du côté bâbord du "Martin", l'U-431 étant positionné au Sud du groupe alors qu'il naviguait vers l'Ouest. Ceci est corroboré par le Chief Yeoman Harry Plaice qui rappelle (certes plusieurs années plus tard) que le "Martin" s'est incliné à bâbord après le deuxième coup, bien que sa description puisse également être assimilée à l'impact d'un coup sur le côté tribord.
- Malgré ses affirmations, le "Martin" est le seul succès de Dommes au cours de cette action, bien qu'il ait été le premier des deux destroyers coulés par l'U-431 en soixante-douze heures. Néanmoins, ce n'est qu'une maigre consolation pour la F.d.U. Italie, qui a subi la perte écrasante de cinq bateaux Mittelmeer (mer Méditerranée) en autant de jours, en échange de seulement huit coulées de la part des flottes alliées.

- Le H.M.S. Martin est l'un des nombreux navires britanniques perdus ou endommagés au cours de l'opération Torch et des détails sur son naufrage ont été trouvés dans les sources de l'Amirauté. On ne sait pas combien d'hommes ont réussi à s'échapper du navire bien qu'il soit clair que beaucoup ont perdu la vie dans les explosions et les incendies qui l'ont détruit. Le fait que le commandant Thompson ait fait passer les hommes du poste de combat aux postes de défense peu avant l'attaque semble avoir contribué au nombre de victimes, le Lt Kavanagh notant que 'à quelques exceptions près, les seuls survivants sont ceux du quart sur le pont' et les témoignages des survivants attribuent le nombre élevé de morts aux hommes qui étaient descendus après que cet ordre ait été donné. Hormis le rapport de Kavanagh, la seule source écrite à ce jour découverte est celle de Ch.Yeo.Sigs. Harry Plaice qui s'est rappelé s'être frayé un chemin sur le pont détruit pour trouver la silhouette découragée du Cdr Thompson: 'Seul notre capitaine est resté sur sa chaise et je lui ai demandé la permission d'abandonner le navire, mais il ne m'a pas répondu. Je pense qu'il était encore en état de choc, ayant réalisé qu'un grand nombre d'hommes de son équipage étaient déjà perdus'. Les survivants se sont accrochés aux quelques flotteurs qui avaient dérivé loin du Martin alors qu'il coulait, mais il fallut le destroyer H.M. Quentin (lui-même perdu lors d'une une attaque aérienne trois semaines plus tard) pour les retrouver dans l'obscurité. Beaucoup étaient à la fois dans un état avancé d'épuisement et trempés de mazout provenant des soutes fraîchement remplies du Martin. Le dernier homme a été récupéré vers 08h00 heure britannique, un total de soixante-trois survivants sur un équipage de 222 personnes. Ils ont été rapidement ramenés à Gibraltar d'où la plupart ont rejoint la Grande-Bretagne à bord du cuirassé Duke of York.



Libre traduction par l'auteur du site des pages 285, 286 et 287 de l'ouvrage "U-Boat Attack Logs" de Daniel Morgan & Bruce Taylor chez Seaforth Publishing.
Sources : le Net


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