H.M.S. (ex M.S.) "Willamette Valley" (R.F.A. "Edgehill")



H.M.S. Willamette Valley (© BfZ<)
H.M.S. "Willamette Valley" (© BfZ)

Type
Cargo
Chantiers de construction
Napier & Miller Ltd, Old Kilpatrick, Glasgow
Lancé le 14 Août 1928
Mise en service dans la Royal Navy
17 Septembre 1939
Caractéristiques techniques
Longueur : 122,20 mètres
Largeur : 16,50 mètres
Tirant d'eau : 7,60 mètres
Déplacement : 4724 tonnes
Vitesse maxi
12 nœuds
Propulsion
1 moteur Diesel
Armement
9 x canon de 4"
1 x mitrailleuse de 3" A.A.
4 x mitrailleuse .303" A.A.
4 x tube lance-torpilles de 21"
Commandant
Cdr R. E.D. Ryder RN
Victimes/Survivants
68/25


- Achevé pour la Reardon Smith Line chez Napier & Miller Ltd d'Old Kilpatrick sur la Clyde en 1928, le navire "West Lynn" est transféré à une filiale de Reardon Smith, la Oakwin Steamship Co. sous le nom de "Willamette Valley" en 1931, puis réenregistré à Reardon Smith en 1937. Réquisitionné pour être converti en navire leurre le 17 Septembre 1939, le "Willamette Valley" est aménagé à Chatham et mis en service sous le nom de R.F.A. "Edgehill". Le 25 Février 1940, il quitte Sheerness pour naviguer sur le Solent avant de faire sa première sortie au large des Bermudes, du Brésil et de la Sierra Leone. Suite à des rapports faisant état de la présence de sous-marins au large des côtes françaises, le "Willamette Valley" reçoit l'ordre de rejoindre les routes commerciales entre Gibraltar et la Manche au printemps 1940. Il y passe quelques semaines sans incident, variant sa nationalité du néerlandais au grec, s'abstenant de zigzaguer et communiquant sa position par radio en langage clair chaque fois qu'un navire en détresse envoyait un signal de détresse. Ces tactiques cependant ne réussissent pas à attirer l'attention de l'ennemi, et la première observation enregistrée d'un U-Boot le 28 Juin n'est qu'une pure coïncidence.

- Le 06 Juin, l'U-51 (K.L. Dietrich KNORR) quitte Kiel pour faire partie d'une meute de six loups au Nord-Ouest du Cap Finisterre, sous la direction du K.L. Günther Prien, qui commande l'U-47. Son objectif est d'intercepter le convoi HX48 qui navigue en direction de l'Est, mais un détournement du convoi rend cela impossible et la meute est dissoute après dix jours en mer, le K.L. Dietrich Knorr se dirigeant vers une zone opérationnelle au Sud-Ouest de l'Irlande. Il y mène une série d'attaques contre la marine marchande, coulant le 25 le cargo S.S. "Windsorwood" et le pétrolier britannique S.S. "Saranac". En se dirigeant vers le Sud, l'U-51 connaît quelques jours sans incident avant d'apercevoir, le soir du 28, un navire que Knorr estime à "environ 10000 tonnes". L'U-51 croise en fait le navire-leurre H.M.S. "Willamette Valley" (sous les ordres de Cdr E.D. Ryder), patrouillant les Western Approaches dans l'espoir d'attirer précisément ce genre d'attention ennemie. Il est possible que Knorr a la chance supplémentaire de le faire à une heure presque précise de la journée où les équipes de tir du "Willamette Valley" ont l'habitude de quitter le poste de combat, de baisser les volets et de dissimuler son armement. Cependant, comme le K.L. Günter Kuhnke de l'U-28 avec le H.M.S. "Cape Howe" (R.F.A. "Prunella") une semaine plus tôt, le journal de bord de Knorr ne précise pas exactement ce qu'il a vu, ni quand.
- Extrait du KTB de l'U-51.



- La première torpille de l'U-51 frappe le "Willamette Valley" au niveau de la cale n°2 peu après 21h00, heure du navire, le 28, mais malgré le fait que Knorr pense qu'elle a touché la salle des machines, mais ne pense pas que le navire soit très endommagé. Toutefois, sa capacité à rechercher son agresseur et à manœuvrer en conséquence est fatalement réduite, la détonation ayant mis l'équipement Asdic hors service. Espérant que le sous-marin se révèle, le Capt Ryder a recourt au stratagème consistant à organiser une 'panic party' dans deux bateaux de sauvetage alors qu'il s'arrête pour donner l'impression d'une victime malheureuse, les artilleurs du "Willamette Valley" se tenant prêt à ouvrir le feu pour une attaque en surface. Le K.L. Knorr a manifestement d'autres idées. Comme le montre le journal de bord, l'U-51 fait effectivement surface après la première attaque, mais Knorr manifestement comprend que sa cible est armée et le rapport de torpilles montre qu'il se retire à une distance de 900 mètres avant de lancer sa prochaine attaque. Quelque temps après le premier coup (vingt à trente minutes selon des sources britanniques mais cinquante minutes dans le journal de bord de Knorr), le "Willamette" Valley reçoit un coup mortel lorsque la deuxième torpille de l'U-51 frappe à côté de la salle des machines et déclenche un incendie incontrôlable. Bien que cela n'ait pas fait exploser la soute à munitions du "Willamette Valley" comme le suggère Knorr, le feu qui s'ensuit nécessite tous les bras disponibles pour éteindre l'incendie ou déplacer les munitions hors de portée et laisse chaque arme servie par un seul homme si l'attaquant se révèle. En l'occurrence, l'U-51 ne trahit sa position qu'avec sa troisième torpille, tirée à 01h26 le 29, heure allemande (02h26 le 28, heure britannique), d'une portée d'environ 1000 mètres (l095 yards). Cette torpille touche le "Willamette Valley" qui immédiatement chavire sur bâbord et commence à s'enfoncer par l'arrière. Les archives britanniques indiquent que le "Willamette Valley" a coulé rapidement. Knorr, bien placé pour juger et n'ayant rien à gagner à revendiquer un lent naufrage, témoigne du contraire.
- Comme pour le "Cape Howe" une semaine plus tôt, la question sans réponse dans le naufrage du "Willamette Valley" est de savoir à quel stade le K.L. Knorr établit que sa victime est armée et - malgré ses références à un croiseur auxiliaire - quel type de navire il considère précisément avant de lancer sa première torpille. En effet, comme le conclut Ryder dans son rapport :
- Le point particulièrement intéressant qui m'est venu à l'esprit lorsque j'ai écrit ceci est la question de savoir si l'ennemi soupçonnait ou non notre identité. Je pense qu'il n'y a pas de preuve définitive pour conclure que nous avons été suspectés, bien que trois torpilles soient plus que ce qui est habituellement dépensé sur un navire marchand ... J'estime que si l'ennemi avait de bonnes preuves qu'il a coulé un navire de notre classe, il en ferait la publicité pour justifier ses coulées sans restriction.
- Le dernier point de Ryder semble incontestable, mais la perte de deux navires de services spéciaux en sept jours n'en a pas moins été une source de grave préoccupation pour l'Amirauté. Le 11 Juillet, l'officier commandant les opérations des services spéciaux, le Rear-Admiral G. W. Taylor, écrit pour informer les commandants de ses navires leurres restants d'un certain nombre de cas "qui peuvent ou non avoir donné aux commandants de sous-marins que les navires sont différents de ce qu'ils semblent être". Parmi ceux-ci, il y a eu des efforts pour couler un navire à vapeur abandonné ("Cape Howe") et des hommes se rendant aux postes de combat avec des volets de canon fermés avant que l'obscurité ne s'installe ("Willamette Valley"). Sa lettre se termine par cette exhortation :
Je ne peux qu'insister sur la nécessité pour le navire, les officiers et l'équipage, d'agir à tout moment comme un navire de la marine marchande est susceptible de le faire : de se rappeler que, à moins qu'il n'y ait de très bonnes raisons de penser autrement, il est possible que vous soyez surveillé par un sous-marin. S'abstenir de pratiquer le tir à la cible, à moins d'être convaincu que vous êtes à des kilomètres des positions où l'on sait que les sous-marins naviguent. Vous pouvez bien dire "Comment pouvons-nous former nos équipages", mais ils peuvent certainement être partiellement formés au canon D[efensively] E[quipped] M[erchant ] S[hip], ce qui devrait suffire pour ce qui risque d'être un échange de tirs à bout portant. Je suis tout à fait conscient que la patience pour ce 'Job' est nécessaire et je vous souhaite bonne chance.
- Malheureusement pour le contre-amiral Taylor et le Spécial Service Squadron, même la patience pour ce 'Job' ne leur permettrait pas de attendre un U-Boot obligeant, et l'expérience du Q-ship fut sagement abandonnée en Mars 1941.

- Une inspection effectuée par le First Lieutenant (Lt E. F. M. Seymour RN) après le premier coup de feu révèle qu'un seul membre de l'équipe est manquant. Les pertes causées par la deuxième torpille ne sont pas enregistrées mais la majorité de l'équipage du navire est à bord lorsque la troisième frappe, beaucoup d'entre eux luttant encore pour maîtriser les incendies. On ne sait pas combien s'échappent de l'épave, mais seulement onze des personnes encore à bord survivent pour être secourues après le chavirement du "Willamette Valley". Neuf d'entre eux - un sub-lieutenant et huit matelots - sont recueillis d'un radeau par l'un des canots de sauvetage de l'équipe de sauvetage le lendemain matin. Le 04 Juillet, le chalutier français "Donibone" vient chercher ses vingt-trois hommes, qui ont ramé et navigué pendant une bonne partie de la semaine en direction de Penzance (Angleterre), où ils sont débarqués le lendemain. Cependant, les deux autres survivants, le Cdr Ryder et le Matelot de 2ème classe Roberts, vivent une période plus solitaire. Chacun se retrouve seul sur un morceau d'épave, mais alors que Ryder est secouru par un navire d'un convoi le 02 Juillet et finalement débarque à Plymouth, ce n'est que le 06 que le Matelot Roberts est sauvé, il a survécu soutenu par une pleine ration d'eau. Le reste de l'équipage du navire n'a jamais été revu ni entendu.
- Un certain nombre d'hommes sont recommandés pour la Mention in Despatches (Citation militaire) par le Cdr Ryder. Parmi ceux qui sont de nature posthume, on peut citer le Lt Seymour, qui a perdu la vie après avoir tenté à plusieurs reprises de sauver des hommes de l'enfer qui faisait rage autour de la plate-forme de contrôle de la salle des machines du navire; le Surgeon-Lt Hamish Wallace, RNVR, et W. A. Keyse, assistant médical, RNASBR (Royal Naval Auxiliary Sick Berth Reserve), qui ont refusé d'abandonner leurs charges à l'infirmerie; et le 2nd Radio Officer P. R. Starkey, MN, qui se trouvait dans le local radio en dessous de la cale n°1 et qui a renoncé à ses chances de survie en restant à son poste. Ryder lui-même a obtenu la Victoria Cross alors qu'il commandait les forces navales lors du raid sur St-Nazaire en Mars 1942. Il est décédé en 1986.



Libre traduction par l'auteur du site des pages 43, 44 et 45 de l'ouvrage "U-Boat Attack Logs" de Daniel Morgan & Bruce Taylor chez Seaforth Publishing.
Sources : le Net



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