H.M.C.S. "Charlottetown (i) (K244)


H.M.C.S. Charlottetown (DND/RCN photo #MC-2181)
H.M.C.S. "Charlottetown" (DND/RCN photo #MC-2181)


Type
Chantiers de Construction
Kingston Shipbuilding Ltd., Kingston, Ontario
Mise sur cale
07 Juin 1941
Lancement
10 Septembre 1941
Mise en service
13 Décembre 1941
Caractéristiques techniques
Longueur : 62,56 mètres
Largeur : 10,05 mètres
Tirant d'eau : 3,42 mètres
Déplacement : 940 tonnes
Propulsion
2 × chaudière à tubes d'eau
1 × moteur à vapeur à piston à triple détente à 4 cylindres
1 x hélice
Puissance : 2050 kW
Vitesse maxi
16 nœuds
Autonomie
3500 nautiques à 12 nœuds
Armement
1 x canon BL Mk.IX de 102mm
1 × AA simple "pom-pom" Mk.VIII
1 x Oerlikon simple 2 × 20mm
1 × mortier Hedgehog A/S
4 x lanceur de charges de profondeur Mk.II
2 rail de grenadage avec 70 charges de profondeur
Détection
1 × radar SW2C type 271
1 × sonar de type 144
Équipage
90 hommes
Commandant
Lt Cdr. J. W. Bonner RCNR
Victimes/Survivants
10/environ 54

- La corvette de classe Flower "Charlottetown" est mise sur cale par la Kingston Shipbuilding Co., Ontario, en Juin 1941 lancée en Septembre et mise en service à Québec le 13 Décembre de la même année. Après avoir été mise au point à Halifax, en Nouvelle-Écosse, la "Charlottetown" rejoint la Western Local Escort Force avec laquelle elle reste jusqu'à ce que l'intensification de l'activité des U-Boote dans le Golfe du Saint-Laurent entraîne son transfert à la Gulf Escort Force en 1941. Elle est transférée à la Force d'escorte du Golfe en Juillet 1942. Elle sert le reste de sa brève sa brève carrière à escorter des convois entre Québec et Sydney, l'île du Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse.

- Avec l'apparition d'un nombre croissant de bateaux à long rayon d'action de type IX au cours du printemps et de l'été 1942, la U-Boot-Waffe est en mesure de consacrer davantage de ressources à la recherche de proies dans le Golfe du Saint-Laurent et ses approches, à savoir les détroits de Cabot et de Belle-Isle et le large tronçon du fleuve Saint-Laurent menant à la ville de Québec. Les premiers succès remportés en Mai par l'U-553 (Kptlt Karl Thurmann) et en Juillet par l'U-132 (Kptlt Ernst Vogelsang) sont suivis en Août par l'engagement dans ces eaux des U-165 (Korvkpt. Eberhard Hoffmann), U-513 (Korvkpt. Rolf Rüggeberg) et U-517 (Kptlt Paul Hartwig). Le fait qu'il s'agit de la première patrouille de chaque bateau et de chaque commandant ne s'avère pas désavantageux, les U-165 et U-517 connaissant un succès notable contre les convois entre Québec, Gaspé (Québec) et Sydney en Août et Septembre. Début Septembre, ces deux bateaux coulent quatre bâtiments marchands du convoi QS 33 ainsi que le yacht armé H.M.C. "Raccoon" qui a été torpillé par l'U-165 dans le Golfe du Saint-Laurent le 07 et est perdu corps et biens. Après ces succès, l'U-517 s'engage dans le fleuve Saint-Laurent proprement dit, dont le mélange d'eau douce et d'eau salée rend l'équipement Asdic des Alliés pratiquement inutilisable mais, en revanche, nuit à la manœuvrabilité des U-Boote et complique le processus de plongée. Peu après l'aube du 11 Septembre, Hartwig aperçoit le N.C.S.M. "Charlottetown" qui descend la rivière en compagnie du sloop dragueur de mines "Clayoquot". Ils retournent à Gaspé après avoir escorté le convoi SQ 35 jusqu'au Red Islet (Nouvelle-Écosse) au confluent du Saint-Laurent et du Saguenay, le point au-dessus duquel le Saint-Laurent est considéré comme impénétrable aux sous-marins. Avec le "Clayoquot" à court de carburant après avoir laissé passer l'occasion de faire le plein à Rimouski sur la rive Sud du Saint-Laurent, aucun des deux navires ne zigzague mais navigue en ligne de front à une distance d'un nautique. Malgré le brouillard matinal, l'U-517 peut effectuer une attaque en plongée, frappant le "Charlottetown" avec ses deux torpilles.
- Extrait du KTB de l'U-517.





- La première torpille de l'U-517 frappe la "Charlottetown" sur sa hanche tribord à 11h 03, heure canadienne. Le navire est forcé de tourner de quatre-vingt-dix degrés, une circonstance également notée dans le journal de Hartwig, mais qui est sans doute plus due à la rupture de l'hélice qu'à la détonation elle-même, comme l'affirme un certain nombre de survivants. Quoi qu'il en soit, la "Charlottetown" est déjà en train de couler par la poupe au moment où la deuxième torpille de Hartwig explose quelques secondes plus tard, probablement dans la chaufferie no 2. Aucune tentative n'est ou ne peut être faite pour évaluer les dommages et prendre des contre-mesures, le mouvement vers l'arrière et une forte gîte à tribord, la priorité absolue est d'abandonner rapidement le navire. Le N.C.S.M. "Charlottetown" coule la poupe en premier environ trois minutes après avoir été touché.
- La commission d'enquête (Board of Enquiry) siège le lendemain (12 Septembre) au H.M.C.S. "Fort Ramsay", la base navale de Gaspé. Elle ne formule aucune critique des personnes impliquées, notant l'excellent comportement des officiers et des hommes du "Charlottetown", la probabilité que toutes les charges de profondeur avaient été mises en sécurité, et louant le commandant du "Clayoquot", le Lt H. E. Lade RCNVR pour son habileté, son jugement et son sens marin, ainsi que le comportement des deux équipages des navires. Cependant, des voix critiques s'élèvent par la suite à propos du naufrage. Avec une certaine justification, le Rear-Admiral L. W. Murray de la RCN du Newfoundland Command se demande si les charges de profondeur ont été effectivement été mises en sécurité. De plus, compte tenu du témoignage de Lade devant la Commission et des deux heures que le "Clayoquot" a passé à chasser l'U-517, Murray a conclu que ce navire avait une réserve de carburant suffisante pour permettre aux deux navires de zigzaguer, ou à tout le moins d'aller à plus grande vitesse, au moment où la "Charlottetown" a été touchée.
- Une combinaison de détails minimes dans le communiqué annonçant le naufrage du 18 Septembre (affirmant simplement que la "Charlottetown" a été perdu dans les eaux du Nord où des sous-marins ennemis ont été actifs) et un excès de zèle de la part de certains journaux donnent l'impression qu'elle avait succombé lors d'une héroïque bataille de convois dans l'Atlantique, sa fin liée à la fois à la perte du destroyer "Ottawa" trois jours plus tard et à la destruction par l'"Assiniboine" de l'U-210 le 06 Août. Ce n'est que plus tard qu'il a été révélé qu'elle avait été coulée dans des eaux beaucoup plus proches de chez nous que les autorités n'osaient l'admettre.

- Les pertes du "Charlottetown" sont remarquablement peu nombreuses en raison de son naufrage rapide, peut-être en raison du fait qu'un changement de quart quelques minutes avant qu'il ne soit touché signifie que la majeure partie de l'équipage du bateau est en état de préparation relatif. Même ainsi, les sources diffèrent sur le nombre de personnes tuées et à quel stade elles ont perdu la vie. On sait que seuls deux hommes ont été carrément tués par les détonations, le Chief Engineer CERA David Todd dans sa cabine et AB L. A. Wharton qui a été projeté du pont à la mer. Nul doute que la "Charlottetown" est 'finie', le Lt Cdr Willard Bonner exhorte ses hommes d'abandonner le navire quelques secondes après le premier coup au but et le bateau de sauvetage tribord et un certain nombre de flotteurs Carley sont lancés avec succès. Cependant, les tentatives de largage du bateau de sauvetage bâbord doit être abandonnées en raison de la gîte. Avec presque tous les hommes à bord du navire (Bonner étant le dernier) et la proue du "Charlottetown" se levant avant le dernier plongeon, une charge en profondeur explose suivie une minute ou deux plus tard de quatre ou cinq autres, la plupart notées par Hartwig dans son journal. La première apparemment fait plus de morts que les torpilles de Hartwig (y compris celle de Bonner) et blessé treize autres hommes; Bonner s'accroche au gouvernail pour faire de la place aux vivants avant que son poids ne le détache. Pour tout cela, le moral des survivants semble exceptionnel. Bien que les efforts infructueux du "Clayoquot" pour localiser et couler le sous-marin fautif retardent le travail de sauvetage de plusieurs heures, les hommes du "Charlottetown" l'acclament chaque fois qu'il passe à toute vitesse lors de ses balayages anti-sous-marins. À midi, les survivants sont à bord du "Clayoquot" pour être débarqués à Gaspé à 20h30 ce soir-là. Parmi les personnes reconnues, il y a l'Attendant (Assistant médical) C. Bateman du "Charlottetown" qui reçoit une Mention dans les dépêches pour son travail acharné à soigner les blessés tout au long de la journée malgré ses blessures. Un homme succombe à bord du "Clayoquot" et plusieurs autres meurent à l'hôpital à terre, portant le nombre de morts à dix.
- Le nom de "Charlottetown" est renouvelé sous la forme d'une frégate de classe "River", construite à Lauzon, au Québec, en Janvier 1943 et achevée en Avril 1944, bien que la concession du même numéro de coque - K244 - ait constitué une dérogation à la pratique de la RCN.



Libre traduction par l'auteur du site des pages 265, 266 et 267 de l'ouvrage "U-Boat Attack Logs" de Daniel Morgan & Bruce Taylor chez Seaforth Publishing.
Sources : le Net


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