H.M.S. Veteran (D72)



H.M.S. Veteran (© IWM)
H.M.S. "Veteran" (© IWM)

Type
Admiralty modified W-class destroyer
Chantiers de construction
John Brown & Company de la Clydebank, West Dunbartonshire (Écosse)
Commandé en Janvier 1918
Mise sur cale le 30 Août 1918
Lancé le 26 Août 1919
Mise en service
13 Novembre 1919
Caractéristiques techniques
Longueur : 95,10 mètres
Largeur : 9,10 mètres
Tirant d'eau : 3,33 mètres
Déplacement : 1550 tonnes en pleine charge
Vitesse maxi
34 nœuds
Propulsion
Chaudières à tubes d'eau Yarrow
Turbines à vapeur Brown-Curtis Puissance installée : 27000 cv
2 hélices
Autonomie
3500 nautiques à 15 nœuds
900 nautiques à 34 nœuds
Gasoil
320-370 tonnes
Équipage
134 hommes
Armement
2 canons navals BL 4,7 pouces/45 calibres
1 canon de 12 livres QF
2 canons de 2 livres QF
3 tubes lance-torpilles de 21 pouces
2 racks de charges de profondeur
2 Hedgehog ATW
Commandant
Lt Cdr T. H. Garwood RN
Victimes/Survivants
160 et 77/aucun
Notes
À partir de 1920 :
Capteurs et systèmes de traitement : Type 271 Target Indication Radar" Type 286P Air Warning Radar
Guerre électronique et leurres : Medium Frequency Direction Finding Outfit FM7 équipé en Février 1941

H.M.S. Veteran (© IWM)
H.M.S. "Veteran" (© IWM)


- Le destroyer H.M.S. "Veteran" est mis sur cale à la John Brown de Clydebank en Août 1918, lancé en Avril 1919 et terminé le 13 Novembre de la même année. Malgré son nom, le H.M.S. "Veteran" appartient au deuxième groupe de destroyers de classe "W" modifiés, dont il est l'une des sept unités terminées. Affecté à la 3rd Destroyer Flotilla, Atlantic Fleet le "Veteran" sert avec cette force dans ses eaux territoriales jusqu'à ce qu'il soit affecté à la Méditerranée pour assurer la police au lendemain de la guerre gréco-turque en Décembre 1922, restant "dans le détroit" jusqu'à ce qu'il reçoive l'ordre de rejoindre la China Station en 1926. À la fin de 1928, il retrouve la Mediterranean Fleet avec laquelle il reste jusqu'à ce qu'elle soit mise en réserve à Chatham en Avril 1930 - temporairement comme il s'avère depuis sa remise en service pour la 8th DF à la China Station en Décembre 1931. Le deuxième séjour du H.M.S. "Veteran" en Orient dure de Février 1932 à Décembre 1934, date à laquelle il rejoint la 1st DF en Méditerranée. Lorsque le "Veteran" rentre finalement en Grande-Bretagne en Juillet 1936, il mouille à Spithead après un bref passage au large de l'Espagne après le début de la guerre civile. Une courte période en tant que navire-école se termine par son désarmement à Chatham, mais en Septembre 1939, le navire est remis en état alors qu'il est affecté à la 16th DF, puis affecté au Western Approaches Command à Plymouth. Refondu et doté d'un équipage composé en grande partie de réservistes, le "Veteran" termine ses essais au large de Portland en Novembre et le mois suivant est affecté à la 18th DF sous le même commandement. Il passe les mois suivants à escorter des convois dans la Manche et les South-Western Approaches, le premier de plus de quatre-vingts convois qu'il escortera pendant sa carrière de guerre. En Avril 1940, le "Veteran" est envoyé d'abord dans la Clyde puis à Scapa Flow d'où il participe à la campagne de Norvège, servant d'escorte, soutenant les opérations à terre et enfin aidant à l'évacuation des troupes alliées à partir de la fin Mai. Après un carénage à Chatham en Juin, le "Veteran" est transféré à Harwich contre la possibilité d'une invasion allemande, le navire patrouillant la côte Est et la Manche et participant avec les destroyers H.M.S. "Malcolm" et "White Swan" à une attaque contre les navires ennemis au large d'Ostende en Septembre. Le 30 Septembre, le "Veteran" est affecté à un convoi avec le 6th Escort Group à Londonderry et se lance immédiatement dans l'action dans l'Atlantique Nord, où il sert jusqu'au mois de Janvier suivant.
- Ainsi s'achève la première moitié de la carrière de guerre du "Veteran", une carrière qui, outre les épisodes décrits ci-dessus, donne lieu à un extraordinaire catalogue d'accidents : le 07 Février 1940, il entre en collision avec le HMS/m H43 (Classe "H") au large de Portland; en Mars, une rencontre similaire avec le pétrolier "Horn Shell" nécessite des réparations à Devonport; le 29 Mai, c'était le tour du caboteur "Ngakoa", les réparations étant cette fois effectuées à Rosyth; puis, le 29 Septembre, le "Veteran" touche une mine près de Barrow Deep Light, en réparation à Barrow-in-Furness. Puis vint une nouvelle collision, cette fois avec son sister-ship "Verity" le 19 Janvier 1941, les dégâts étant réparés lors d'un carénage à Vickers, Barrow. Néanmoins, le destroyer le plus accidenté de la marine revient dans la mêlée en Mars et passe le reste de sa carrière à un service de plus en plus difficile dans l'Atlantique. À l'été 1941, il est brièvement transféré sur la route des convois vers l'Islande, et est réaffecté à la 2nd EG en Août. Il rejoint le "four-piper" H.M.S. "Leamington" pour détruire l'U-207 (O.L. Fritz MEYER) alors qu'il escorte le convoi SC 42 dans le détroit du Danemark. En Décembre, il est désigné pour être converti en escorte de courte portée, l'une des treize "V & W" ainsi sélectionnées, le travail effectuée sur la Tamise pendant l'hiver. Après une période de préparation au H.M.S. "Western Isles", l'établissement d'entraînement anti-sous-marin de Tobermory, le "Veteran" retourne au combat en Mars 1942, et est envoyé à Terre-Neuve pour y escorter des convois au large de la côte est des États-Unis et du Canada. Cette affectation l'amène longuement au convoi RB1 qui part de New York le 21 Septembre.

- Ayant coulé douze navires du convoi ON 127 dont le destroyer N.C.S.M. "Ottawa" le 14 Septembre 1942, le groupe "Vorwärts" se retire pour réformer sa ligne de patrouille dans l'Atlantique central. Le 23 Septembre, l'U-380 (K.L. Josef RÖTHER) signale avoir vu une formation de paquebots en direction de l'Est qui est interprétée comme un convoi de troupes. Un prix si tentant est apporté non seulement les bateaux du groupe "Vorwärts", mais aussi ceux des groupes "Pfeil" et "Blitz" convergeant sur la position probable de ces « transports ». Ce que les Allemands ont effectivement rencontré est le convoi RB 1, un convoi rapide composé de huit petits bateaux fluviaux américains et de vapeurs côtiers transférés de New York à la Grande-Bretagne via Halifax et St John’s pour être utilisés comme navires hôpital et navires d’hébergement. Naviguant avec des équipages réduits et défendu par seulement deux escortes, les destroyers H.M. "Vanoc" (Senior Officer) et le H.M.S. "Veteran", le RB 1 présente aux Allemands une cible attrayante et vulnérable. Au début, cependant, le convoi semble mener une 'vie charmante' (charmed life). Des problèmes de moteur empêchent les U-96 (O.L. Hans Jürgen HELLRIEGEL) et U-380 de prendre des positions de tir, les U-211 (K.K. Karl HAUSE), U-260 (K.L. Herbertus PURKHOLD) et U-607 (K.L. Ernst MENGERSEN) ne réussissent pas à mener à bien leurs attaques, et les U-91 (K.L. Heinz WALKERLING ), U-410 (O.L. Horst-Arno FENSKI) et U-584 (K.L. Joachim DEECKE) sont repoussés par les deux destroyers. Mais cela ne peut pas durer et l'après-midi du 25, les effusions de sang commencent. Le S.S. "Boston" est coulé par deux torpilles de l'U-216 (K.L. Karl-Otto SCHULTZ) et le S.S. "New York" envoyé par le fond par l'U-96 ce soir-là, le "Veteran" étant détaché pour sauver les survivants tandis que le reste du convoi reçoit l'ordre de se disperser et de se reformer à l'aube. Un échange de signaux avec le "Vanoc" de part et d'autre à minuit le 25, au cours duquel le "Veteran" déclare avoir sauvé des survivants du "New York" (en plus de ceux récupérés plus tôt du "Boston") et rejoindre le convoi à seize nœuds, est le dernier que l'Amirauté ait connu avant la capture du journal de guerre du U-404 au matin du 26.
- Extrait du KTB de l'U-404.






- Bien que le K.L. von Bülow n'a pas pu identifier sa victime avec certitude, l'examen de son journal de bord après la guerre a laissé à l'Amirauté peu de doutes sur le fait que son attaque à 07h36, heure du convoi, avait permis de retrouver le H.M.S. "Veteran". Les détonations entendues neuf minutes plus tard par l'U-404, maintenant en plongée, sont compatibles avec des explosions de chaudières ou de munitions, ou peut-être des grenades sous-marines qui n'avaient pas été mises à l'abri. Néanmoins, bien que l'auteur ait été identifié, le journal de bord de l'U-404 laisse des questions importantes quant aux circonstances du naufrage du "Veteran" et au sort de son équipage.
- Les observations plausibles de Von Bulow sur le fait que le H.M.S. "Vanoc" ait attaqué douze minutes avant son attaque indiquent que le "Veteran" était sur le point de rejoindre le convoi RB 1 lorsqu'il est touché, bien que rien n'est signalé par les Britanniques à ce moment-là. En effet, on n'a plus entendu parler du "Veteran" après son échange de signaux avec le "Vanoc" à 00h38, sept heures avant l'attaque qui l'a détruit. L'affirmation de Lawton selon laquelle une fin abrupte de cette transmission a incité le "Vanoc" à revenir sur sa trajectoire et à entamer une recherche du "Veteran" n'est étayée ni par des sources officielles ni par une comparaison chronologique avec le journal de bord de von Bülow. La meilleure hypothèse est que le "Veteran" a été détruit par la détonation des deux torpilles de von Bulow et a coulé avant qu'un signal de détresse n'ait pu être transmis, ses quelques survivants jetés à la dérive sur l'Atlantique tandis que leurs compagnons du RB 1 naviguaient en ignorant tout ça.
- L’exultation à B.d.U. - et par la suite diffusée à la radio allemande - après les attaques combinées sur le RB 1 était due aux bateaux qui ont tous surestimé le tonnage de leurs victimes. Les trois bateaux à vapeur ont été revendiqués pour représenter un total combiné de 48000 GRT, mais la réalité était que le "Boston", le "New York" (tous les deux de 4989 GRT) et le "Yorktown" (1547 GRT, coulé plus tard le 26 par l'U-619) ensemble déplacent moins d’un quart de ce chiffre. Von Bülow atteint St-Nazaire pour réclamer une Croix de Chevalier pour son tonnage bien que malgré ses revendications avait coulé seulement le H.M.S. "Veteran" pendant cette patrouille.

- On ne sait pas très bien à quel stade le H.M.S. "Veteran" a été manqué pour la première fois, mais au moins au début, l'Amirauté n'avait ni les ressources ni l'envie de lancer une recherche sur un destroyer qui ne pouvait pas être repéré par radio. Aucune corroboration officielle n'a été trouvée pour l'affirmation de Reed selon laquelle un avion du Coastal Command de la R.A.F. a été prévu pour rechercher le "Veteran" vers midi le 26. Plus tard dans la journée, le "Veteran" a reçu le signal de rompre le silence radio et de signaler sa position. Cependant, lorsque deux jours se sont écoulés sans nouvelles de lui, il est devenu évident que ce n'était pas un accident ordinaire. Peu avant minuit le 28, le Commander-in-Chief, l'Amiral Sir Percy Noble, a détourné la frégate "Exe" de sa route pour rejoindre la position du convoi 0N 132 et lui a ordonné de se positionner à 54°34'N 24°44'O, en supposant que le "Veteran" avait été attaqué peu de temps avant le 26 (ce qui correspond à son dernier signal signalé). Rejoint par la corvette "Gentian", le H.M.S. "Exe" a atteint cette position à 10h00 le 29 et a commencé une recherche progressive vers l'Est le long de la route suivie par le convoi RB 1. Une position à peu près à la longitude à laquelle le "Veteran" a été coulé n'a pas été atteinte avant le 29 en début de soirée, plus de quatre-vingts heures après l'attaque de l'U-404. On n'a rien vu. Les deux bâtiments ont continué leur chasse, balayant vers l'Est puis vers le Sud jusqu'à ce que les recherches soient finalement abandonnées dans la soirée du 03 Octobre.
- Aucune trace du "Veteran" n'a jamais été retrouvée et on ne sait rien de ce qui est arrivé à ses hommes après qu'il ait été touché. Parmi les 160 membres d'équipage classés comme portés disparus, présumés tués, se trouvaient le chirurgien Lt Francis M. Hayes et le sous-lieutenant Michael J. Carter, deux des vingt-trois citoyens américains qui ont perdu la vie dans la Royal Navy après avoir rejoint la RNVR avant l'entrée en guerre de l'Amérique. Ont également perdu la vie quarante-huit survivants du S.S. "Boston", l'officier en chef du "New Bedford" (qui, pour des raisons inconnues, a été transféré avec les survivants du "Boston") et vingt-huit du S.S. "New York".
- Sans surprise, les circonstances dans lesquelles la défense de ce convoi avait été laissée à deux escortes seulement ont été évoquées dans les médias américains à la fin de la guerre. On a prétendu que le convoi RB 1 était en fait un leurre pour un convoi beaucoup plus précieux, bien qu'aucune preuve documentaire n'ait jamais été apportée à l'appui de cette affirmation. Les preuves circonstancielles reposent sur les récompenses et décorations accordées aux capitaines et aux chefs mécaniciens de pratiquement tous les marchands du convoi (y compris à titre posthume), et sur des indemnités de 10 et 20 livres sterling respectivement pour les marins et les officiers qui ont effectué le voyage. Il est plus probable que la diminution de l'escorte reflète à la fois la pénurie désespérée de ces navires à ce stade de la bataille de l'Atlantique et la faible valeur du convoi, une compensation étant offerte pour l'assemblage hétéroclite des navires impliqués. Quoi qu'il en soit, le sort précis de ceux qui naviguent sur le H.M.S. "Veteran" semble devoir rester un mystère.



Libre traduction par l'auteur du site des pages 280, 281, 282 et 283 de l'ouvrage "U-Boat Attack Logs" de Daniel Morgan & Bruce Taylor chez Seaforth Publishing.



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