Base Sous-Marine de LA PALLICE



Destroyer Z23 (© BfZ)
Destroyer Z23 devant l'U-Bunker de La Pallice à l'été 1944(© BfZ")




- À partir de Septembre 1940, La Pallice est la base alternative des sous-marins italiens de l'Atlantique. Ce n'est qu'en Mars 1941 qu'un chantier naval allemand est créé. Après l'achèvement de l'U-Bunker, il doit être en mesure de réviser dix sous-marins simultanément. Le 27 Octobre 1941, la 3.U-Flottille du KKpt Herbert Schultze prend La Pallice comme base. La Pallice est la quatrième base sous-marine allemande sur l'Atlantique après Brest, Saint-Nazaire et Lorient.
- La première équipe de réparation du K.M.W. de Wilhelmshaven d'environ 50 personnes arrive à La Pallice début Novembre 1941. Le 19 Novembre 1941, le premier sous-marin allemand (l'U-82) entre dans le port. Il est suivi par l'U-332 le 16 Décembre et l'U-432 le 24 Décembre. À la mi-Décembre 1941, du personnel de Bremer Werft AG Weser arrive à La Pallice, tandis que les chefs de département et les contremaîtres sont employés par le K.M.W. de Wilhelmshaven.
- La construction du chantier naval pour l'U-Bunker dure jusqu'au printemps de 1942. La capacité de réparation complète de dix sous-marins est atteinte en Avril 1942.
- Au début, il y a encore beaucoup d'arrangements provisoires dans le chantier naval. De nombreuses machines-outils comme des aléseuses, des fraiseuses et des tours sont récupérées d'un cargo échoué sur l'île de Ré. Jusqu'à l'achèvement de la station de compresseurs d'air, les besoins en air comprimé doivent être couverts par des compresseurs mobiles qui bloquent les voies de transport déjà étroites dans l'U-Bunker et - en plus d'un nuage bleu de gaz d'échappement - cela cause un bruit énorme. L'U-332 est le premier sous-marin à s'amarrer dans l'alvéole 7 du 28 Décembre 1941 au 15 Janvier 1942.
- Les ouvriers du chantier vivent à 30 km au Sud de La Pallice à Chatelaillon dans un camp de baraquements plutôt confortable. Le transport jusqu'au bunker s'effectue en bus, puis en train.
- Avec le pic du nombre de U-Boote dans la région de l'Atlantique. Le printemps/été 1943 l'U-Bunker de La Pallice est souvent occupé jusqu'à la dernière place. Le 31 Mai 1943, La Pallice est totalement surpeuplée avec 18 bateaux. Même si un troisième bateau est placé dans chaque bassins à flot de l'U-Bunker, l'U-Bunker ne peut contenir que 16 bateaux. L'époque où la place dans le bunker n'est pas suffisante, est cependant bientôt révolue. Deux mois plus tard, il ne reste plus que trois bateaux dans l'U-Bunker. En période de « sous-emploi », la direction du chantier naval essaye d'utiliser ses travailleurs ailleurs. Martin Seibel, 19 ans en 1943, travailleur des chantiers navals à La Pallice, se souvient: « Dans cette accalmie, nous étions occupés avec toutes sortes de choses. Ainsi, dans une zone de château isolée, nous avons reçu un entraînement au combat rapproché de deux semaines par des sous-officiers expérimentés de l'armée. Par la suite, je suis allé à Rochefort avec un petit groupe pendant environ trois semaines avec l'aménagement de l'installation de machines sur une barge à moitié coulée. Je pense toujours aujourd'hui que c'était de la «thérapie occupationnelle ».
- L'U-263 est gravement endommagé à l'automne 1942 par une grenade sous-marine dans le détroit de Gibraltar et par des raids aériens dans le Golfe de Gascogne. Le bateau est remorqué jusqu'à La Pallice, où le chantier naval a besoin de plus d'un an pour le remettre à l'eau (du 29 Novembre 1942 au 18 Janvier 1944). En Janvier, Mars et Avril 1944, des sous-marins de la 12.U-Flottille (Bordeaux) entrent à La Pallice. Ils effectuent leurs tests de plongée en profondeur avant de partir pour la patrouille contre l'ennemi sur la ligne des 200 mètres. Il s'agit des bateaux de Type IX-D2 l'U-177, l'U-181, l'U-l96 et l'U-198.
- À la fin d'avril, le sous-marin mouilleur de mines U-219 (Type X B) arrive à La Pallice. Il est censé apporter des médicaments, des appareils optiques, etc. au Japon. La cargaison est suspendue dans des tubes d'acier résistant à la pression dans les puits de la mine. Le bateau ne pouvant pas être amarré dans le petit bassin du port devant l'U-Bunker de Bordeaux, une tentative de plongée profonde sur la ligne des 200 mètres est effectuée avant le départ sous la direction de l'ingénieur de flottille Kptlt (Ing) Brinker. Personne ne savait comment le bateau chargé se comporterait lors de la plongée. Le bateau a coulé comme une pierre lors de la première tentative de plongée. L'ingénieur de la flottille réussit avec peine cinq heures après à tenir le bateau sur une bulle d'air d'une cellule de plongée. À La Pallice, tout ce qui n'est pas nécessaire, comme l'ancre, le canon de 10,5 cm, etc. est démonté pour donner plus de flottabilité au bateau. Le 1er Mai 1944, le bateau retourne à Bordeaux pour mise en place d'un 'Schnorchel'.
- La plupart des sous-marins italiens qui viennent à La Pallice sont seulement équipés et non réparés ; ils ne sont pas autorisés à entrer dans l'U-Bunker.
- L'écluse bétonnée est rarement utilisée car l'écluse ouverte reste intacte jusqu'en Août 1944. En Août 1944 l'écluse bétonnée est endommagée lors d'un bombardement. L'U-963 est entré pour la première fois dans l'écluse normale le 21 Août, mais après son arrivée, il est informé que l'écluse n'est pas claire à cause des bombardements. En sortant, le bateau s'échoue, endommageant le puits tribord. Le bateau est ensuite entré dans l'écluse bétonnée. Les autres utilisations suivantes sont vérifiables : l'U-650 pour la prise en charge des munitions (77t) pour Lorient et départ le 12 Août 1944, l'U-763 le 22/23 Août 1944 (départ après remplacement de la pompe à huile sous pression) et l'U-281 le 04 Septembre 1944.
- En Août 1944, cinq bateaux de Brest encerclé (l'U-309, l'U-763, l'U-766, l'U-953 et l'U-963) arrivent à La Pallice. Ils amènent avec eux environ 100 ouvriers des chantiers navals des sous-marins et du matériel de valeur pour La Pallice. La masse de ces personnes peuvent atteindre l'Allemagne par voie terrestre.
- Peu de temps après, La Pallice est encerclé. Le dernier bateau (l'U-382) quitte le port le 10 Septembre. L'U-766 désarmé n'est plus apte à naviguer (il n'est, entre autres, que partiellement submersible jusqu'à 80 mètres). Ses diesels servent à l'alimentation électrique de l'U-Bunker. Le bateau est capturé par les Français en Mai 1945 et armé de 1947 à 1953, sous le nom de "Laubie".
- Après le départ des derniers bateaux opérationnels de La Pallice, la 3.U-Flottille est dissoute et le reste du personnel sous-marin sous le commandement du chef de la flottille, le Fregattenkapitän Richard Zapp, est placé sous le commandement de la forteresse. L'U-Bunker est également utilisé par les navires de surface. Certains dragueurs de mines de la 42.MS-Flottille se mettent à l'abri dans l'U-Bunker. Ils sont principalement là pendant les raids aériens. Mais aussi des utilisations à des fins de réparation (comme les canons antiaériens) ont lieu.
- Du 16 Janvier à la fin Mai 1944, le destroyer Z 24 est dans l'alvéole 1 pour une révision complète. Les trois tourelles de 15 cm de l'arrière, la cheminée arrière et le mât arrière sont retirés du destroyer. Cela lui permet de pouvoir entrer les superstructures avant (environ 75 mètres) dans l'U-Bunker. Le Z 23 est dans l'alvéole 1 du 01 Juin au 16 Août 1944, tout comme le Z 24. Après 10 mois de fonctionnement, les machines auxiliaires et surtout les conduites d'eau de mer ont grand besoin d'être révisées. Le temps d'arrêt au chantier naval doit être terminé le 15 Septembre 1944. Le 01 Juin, le K.M.W. de La Pallice « se met au travail activement ». Fin Juin, la cheminée avant du "Zerstörer" est également enlevée, de sorte qu'il peut entrer quelques mètres plus loin dans l'U-Bunker. Les travaux du chantier naval sont retardés par de fréquentes pannes de courant, qui peuvent toutefois être partiellement absorbées par l'utilisation de la centrale électrique du destroyer. Les raccords haute pression sont réparés chez "Blohm & Voss" à Bordeaux. Le 25 Juillet 1944, la centrale électrique dans le bunker tombe en panne, et jusqu'au 07 Août, le destroyer fournit quotidiennement de l'électricité de 8h00 à 18h00 pour éclairer l'U-Bunker.
- En raison des raids aériens violents du début d'Août 1944, du départ des ouvriers des chantiers navals et de l'attente futile du retour des installations remises à neuf en Allemagne et à Bordeaux, les réparations continuent à être retardées; il n'y a aucune chance de remettre le destroyer en état. Après le raid aérien du 10 Août 1944, l'approvisionnement en air comprimé et en eau sont également fermés. Deux jours plus tard, le destroyer est touché par une bombe. Compte tenu de la situation militaire, les dommages causés ne peuvent être réparés. Le 16 Août, le Z 23 est déplacé dans le bassin du port afin de ne pas couler dans l'U-Bunker lors d'autres bombardements. Le 21 Août 1944, le destroyer est mis hors service.
- Peu avant la reddition, deux sous-marins font escale à La Pallice. Du 22 au 27 Avril 1945, l'U-485 est ravitaillé en gas-oil, provisions et autres. Le bateau recouvert du système "Alberich" doit entrer par le détroit de Gibraltar en mer Méditerranée. Mais on n'en est plus là. Le 11 Mai, le bateau capitule dans la zone maritime au large de Gibraltar. À La Pallice, contrairement à Lorient et Saint-Nazaire, il y a encore suffisamment de consommables pour les sous-marins disponibles. Le 03 Mai 1945, l'U-255 de Saint-Nazaire entre dans l'U-Bunker. Il transporte du mazout et 30 tonnes de provisions à Saint-Nazaire. Le 05 Mai, le bateau repart.
- La 'Festung' de La Pallice n'est attaquée qu'à la fin de la guerre. L'U-Bunker n'est pas détruit. Le 18 Décembre 1944, le commandant de la forteresse, du port, des combats et du chantier naval remarque : « La question de la démolition ou de la destruction totale de l'u-Bunker s'oppose à l'aspect suivant en cas de combat ou de combat final :
         1) On suppose que l'U-Bunker restera occupé jusqu'à la fin comme bunker de combat et de commandement.
         2) Il sert également de bunker sanitaire.
         3) Il abrite le centre de restauration et la boulangerie de la forteresse.
         4) Enfin, les installations techniques doivent être conservées jusqu'à la fin en tant que centre de réparation d'armes. La destruction de ces installations est assurée par un dynamitage individuel et par mise à feu, de sorte que la réutilisation opérationnelle sera impossible. Tous les véhicules se trouvant dans les alvéoles sont coulés. Après une évaluation détaillée des circonstances à prévoir pour la bataille finale, l'U-Bunker, qui doit être rendu inutilisable à l'intérieur, ne sera pas détruit en raison de la destruction totale prévue de l'ensemble des installations portuaires ».
- Les 120 têtes de torpilles tenues prêtes pour faire sauter l'U-Bunker devaient être utilisées à la fin de 1944 pour faire sauter la station maritime du Verdon.




Traduit librement de l'ouvrage "Die deutschen Ubootbunker und Bunkerwerften" de Sönke Neitzel chez Bernard & Graefe Verlag


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